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29 ans après Tchernobyl, Youri Bandajevski alerte la seconde génération

Pripiat, ville abandonnée près de la centrale nucléaire de Tchernobyl,

Pripiat, ville abandonnée près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, Vingt neuf ans après l’explosion de Tchernobyl, les radiations touchent encore 6 à 7 millions de personnes dans les territoires contaminés, selon le médecin Youri Bandajevski. Emprisonné dans son pays d’origine, la Biélorussie, pour avoir mis en évidence les risques sanitaires de la radioactivité, en particulier pour les enfants, puis libéré après une campagne d’Amnesty international et de la CriiRad, il sonne l’alarme encore une fois sur les dangers des radiations.

D’emblée, il annonce la couleur. «Là où vivent encore les victimes, personne ne voudra entendre parler de mes dernières études. »

Alors qu’il était le plus jeune professeur de médecine de l’ancienne URSS et qu’il était promis à un brillant avenir, Youri Bandajevski s’installe à Gomel, à 130 kilomètres de Tchernobyl. C’est alors que survient la catastrophe. Il décide d’étudier les conséquence de la radiation sur la santé humaine et publie plusieurs études qui feront référence, mais qui irritent le pouvoir biélorusse. Il est arrêté et condamné à 8 ans de prison dans un procès truqué. Ce n’est qu’avec le soutien d’Amnesty International, de l’Union européenne et, en France du comité de soutien créé par le Criirad qui sera finalement libéré, après 6 ans de détention.

Réfugié en France dont il a acquis la nationalité, Youri Bandajevski n’a pas dit son dernier mot. Ses travaux continuent de déranger, dans les pays directement concernés par la catastrophe comme pour de nombreux collègues scientifiques. Adulé par certains, complotiste pour d’autres, les polémiques que suscitent ses positions tranchées ont au moins l’intérêt de montrer que le bilan de Tchernobyl est encore loin d’être fait. En particulier pour la «deuxième génération», née après la catastrophe mais exposée aux éléments radioactifs renfermés dans les sols et la nourriture des zones contaminées.

En 2013, une analyse a ainsi montré que les champignons sauvages pouvaient contenir jusqu’à 4700 bq/kg alors que le seuil autorisé est fixé à 500. Si un simple échantillon ne peut pas à lui seul refléter tous les facteurs de la contamination, ces résultats étaient inquiétants.

D’autant plus que l’inoffensivité des « faibles doses », Youri Bandajevski n’y croit pas. Surtout lorsqu’elles agissent en permanence sur un enfant : la période de croissance présentant à l’en croire « un terreau fertile au développement de pathologies plus graves par la suite. » Le médecin est catégorique : « il faut bien se rendre compte de l’importance et du danger que représente la radioactivité en elle-même. Pour moi, la seule norme possible, c’est le degré 0. »

Ses dernières recherches, réalisées entre 2014 et 2015, tentent justement de démontrer le rapport entre l’exposition au césium 137 et au strontium et les dysfonctionnements cardio-vasculaires chez les jeunes de 3 à 17 ans (donc, nés après la catastrophe).

Bandajevski explique : « sur les 3088 enfants que nous avons examinés, 81,9 % présentaient des troubles cardiovasculaires, parmi lesquels 5,6 % étaient même atteints du cancer de la thyroïde ». Hypertension, hypotension, arythmie, tachycardie, bradycardie et syndrome métabolique sont autant de pathologies qui ont été recensées, en particulier chez les garçons qui se montrent apparemment plus fragiles face à la radiation que les filles.

« Le taux de césium de ces enfants rentrait dans le cadre des normes de santé, dans 90,6 % des cas. » Le verdict de Bandajevski : « Les doses les plus infimes peuvent s’avèrer agressives pour le corps humain. La situation est même pire en Biélorussie et à Minsk, où j’ai pu étudier 500 cas de troubles cardiaques avec des résultats plus graves encore. En l’absence de contrôle du taux de radionucléides contenus dans les produits, la contamination est continue. »

Si les résultats de ses recherches ne font pour lui aucun doute, ils peinent pourtant encore à convaincre la communauté scientifique: non seulement par leur caractère controversé, mais aussi parce qu’ils ne correspondent pas aux standards des études scientifiques.

Qu’on le croie ou non, il n’en reste pas moins déterminé à poursuivre son combat pour Tchernobyl. Dernièrement, il a même réussi à obtenir des financements grâce à l’aide de Michèle Rivasi, députée européenne EELV et fondatrice de la CRIIRAD, pour continuer ses recherches sur les anomalies génétiques et le système endocrinien.

« Nous savons désormais qu’il existe un lien évident entre les troubles cardiaques et les pathologies endocriniennes, mais sa nature précise nous échappe encore », explique le scientifique. À ce jour, 200 enfants ont pu être étudiés : « C’est peu, concède-t-il, mais c’est un début. Il nous faut plus de personnes pour établir des résultats plus probants. »

S’il met tant d’énergie à vouloir prouver le bien-fondé de ses recherches, c’est pour que pour l’ensemble des personnes vivant sur les zones contaminées obtiennent le statu de « victimes ». À ce jour, la deuxième génération n’est toujours pas reconnue comme telle, alors qu’elle a reçu Tchernobyl en héritage.

Pauline Pouzankov

7 commentaires

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    • CHAMBELLAND

    L homme va à sa propre destruction c est évident et le dénominateur commun à tous ces dangers ( passé , présent et surtout futur c est le Fric ) . Pourtant il existe d autres moyens qui dépendent des politiques et surtout du bon sens de chacun d entre nous.Je suis très inquièt pour les générations futurs ( débats sur toutes ses formes ) PIERRE

    • Oskar Lafontaine

    Le bilan sanitaire et macabre de Tchernobyl a dépassé le million de morts depuis plus de deux ans maintenant. J’ai personnellement eu connaissance du cas d’une jeune ukrainienne ayant épousé un français et morte il y a cinq ans dans un hôpital de Montpellier d’un cancer de l’estomac, induit par les radioéléments émis par les végétaux qu’elle avait consommés étant jeune enfant. Elle laisse un mari éploré et une petite fille.
    Que penser des « autorités » biélorusses qui ont envoyé six ans en prison ce médecin uniquement , parce qu’il disait la vérité. Qu’elles sont ignobles tout simplement. Et les « autorités » françaises, à genoux devant le lobby des nucléocrateux ne valent pas plus cher.

      • mathelin

      Tout a fait d’ accord sur le fond et la forme de ton post ; je voudrais simplement rajouter que les autorités françaises ne sont pas « à genoux devant le lobby nucléaire » , mais elles SONT le lobby nucléaire, et envoient des gens comme Jacques Lochard au Japon pour organiser un contre feux médiatique au sujet des dégats de Fukushima ;
      dans le cadre de l’ accord scélérat de « CORE » , ce personnage falot , mais tres efficace avec credits illimités a déjà sévit à Tchernobyl ;

      Les « X-Mines » sont les tristes personnages auteurs de la débâcle du nucléaire(voir AREVA et son déficit de 5 Milliards… ou l ‘EPR et ses inénarables déboires de cuve…)Mais ces X-mines se sont volatilisés…. on ne les voit plus dans les médias…Allez les Mines , un peu de courage…. c’ est pas vous qui allez payer , c’ est nous … Alors expliquez nous !!!

  • […] Vingt neuf ans après l’explosion de Tchernobyl, les radiations touchent encore 6 à 7 millions de personnes dans les territoires contaminés, selon le médecin Youri Bandajevski. Emprisonné dans son pays d’origine, la Biélorussie, pour avoir mis en évidence les risques sanitaires de la radioactivité, en particulier pour les enfants, puis libéré après une campagne d’Amnesty international et de la CriiRad, il sonne l’alarme encore une fois sur les dangers des radiations. Mon article pour le magazine Goodplanet. […]

    • Bee

    Ce cas est scandaleux… Emprisonné injustement car sa vérité est dangeureuse. Merci pour cet article!

    • Visiteuse

    Bien sûr, bien sûr, vous avez dû rater sans doute le reportage passé il y a 2 ou 3 ans sur ARTE où l’on découvrait le site de Tchernobyl et de ses environs où la vie foisonnante a repris tous ses droits sans plantes et animaux mutants. Des espèces de chevaux sauvages s’ébattaient dans la nature en compagnie de moutons…. Enfin cette réalité déplait fortement bien sûr aux virulents pseudo écologistes obscurantistes qui y voient là un outrage à leurs croyances, c’est pour cela qu’ils crient au mensonge, à la manipulation, à la conspiration et blabla, blabla bla…
    Cela me fait penser au livre de Alan WEISMAN « Homo Disparitus » qui théorise sur le temps nécessaire qu’il faudrait à la nature pour investir toutes les constructions humaines et les engloutir.
    D’ailleurs, il a bien raison l’auteur d’enquêter, de spéculer sur ce que deviendrait ou deviendra la terre sans les hommes. Le faire avant, lui procure quand même l’avantage d’avoir des lecteurs et de recevoir également ses royalties de droits d’auteurs.

      • HANNE

      Bonjour Madame. Le film dont vous parlez n’a rien de scientifique: où sont les comptages d’animaux, les analyses génétiques, de la fécondité ?
      Les chevaux ont été INTRODUITS dans la zone, ne sont pas surveillés ni étudiés. Il n’y a plus ni habitants ni chasseurs dans la zone. Malgré cela la faune se porte mal et de nombreux articles scientifiques le mettent en évidence. Je vous en citerai quelques uns, mais il y en a beaucoup d’autres.. D’abord la réponse à ce film d’un professeur de médecine Suisse:. »Vers l’extinction des espèces animales à Tchernobyl »
      http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php?id=base_documentaire:articles-2011:etb-024&s%5B%5D=extinction&s%5B%5D=esp%C3%A8ces&s%5B%5D=fernex
      ensuite un article de journal: « Tchernobyl n’est pas un havre pour la faune »
      http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/6946210.stm
      dont est tiré ceci: « L’étude, qui a enregistré 1.570 oiseaux de 57 espèces, a constaté que le nombre d’oiseaux dans les zones les plus contaminées a diminué de 66% par rapport à des sites qui avaient des niveaux normaux de rayonnement de fond. »
      enfin un livre synthèse de nombreuses recherches scientifiques sur les effets de Tchernobyl: « Tchernobyl : Conséquences de la catastrophe sur la population et l’environnement »
      http://independentwho.org/media/Documents_Autres/Tchernobyl_Consequences_de_la_catastrophe_sur_la_population_et_l_environnement_V01PDF.pdf
      pour la faune voir le chap. 10 page 267
      Il existe de très nombreuses autres études sur Tchernobyl et aussi maintenant sur Fukushima, montrant les dommages à toute la vie: plantes, animaux, insectes, micro-organismes. Ce film est menteur comme toute la propagande issue des milieux « officiels » vendus au lobby nucléaire. Meilleures salutations Marie.