Guerre et paix… et écologie

Plus de 10% des émissions annuelles de carbone à l’échelle globale proviennent des activités militaires rappelle Ben Cramer, journaliste spécialiste de géopolitique et d’environnement, dans son dernier ouvrage « Guerre et paix… et écologie ». Il met en lumière l’impact des acticvités militaires pour la planète. 

A l’heure de l’anthropocène, quelle est l’institution qui nous a placés, nous humains, sur le chemin de l’abime climatique ? A l’horizon de COP 21, prévu à Paris dans 12 mois, alors que tant d’experts voudraient faire croire que c’est une affaire d’écologie et non pas de diplomatie environnementale ou de rapports de forces géopolitiques, il faut rappeler que :

a) 10% des émissions annuelles de carbone à l’échelle globale (au moins) proviennent uniquement des activités militaires ;

b) Plus de 1% de la surface terrestre (soit davantage que la superficie de la France) est squattée (« condamnée ») par les camps d’entraînement militaire et ces km2 sont réservés exclusivement au maniement des armes, y compris en temps de paix

Parvenir à faire suffoquer la planète avec ces 2 chiffres mérite qu’on s’y arrête un peu.

c) S’il y a encore une opposition à taxer le carburant pour les avions/aéronefs, ceci renvoie aux décisions prises par la Convention de Chicago (OACI) qui a été codifiée en 1944 pour développer ce moyen de transport civil dès la sortie de la Deuxième Guerre mondiale.

d) Si les Etats riches portent une responsabilité certaine dans le chaos climatique, les plus militaristes, ceux qui s’accaparent le plus de ‘théâtres d’opérations’ sur la planète méritent une mention spéciale : après tout, le 1/3 des pays les « plus riches » est responsable de la moitié des guerres au 20ème siècle. Américains et Britanniques le savent bien. Evitons donc de mettre tous les artisans de la destruction dans le même panier. Ceux qui manient la guérilla aux 4 coins du monde ne disposent pas de chars qui consument 400 litres aux 100 !

Tandis que la vague verte est sur tous les fronts, l’arbre climatique cache la forêt des conflits armés !

http://www.athena21.org/securite-ecologique

De nouvelles ‘guerres sales’ vont animer nos écrans, agiter, perturber et pourrir la planète, alimenter le marché de la peur. Quant à la guerre propre, elle ne s’éloigne pas : elle n’a jamais existé. On ne peut pas militariser proprement la planète. Ce n’est pas une affaire d’éco-gestes. Après Hiroshima, la formule à retenir n’est pas « détruire, disent-ils », mais plutôt « détruire durablement, disent-ils »

Dommage que le thème « Guerres, paix & écologie » soit si peu exploré.

Curieusement, le politiquement correct consiste à dissocier deux phénomènes : la dégradation environnementale et la militarisation du monde. Et pourtant ? Pourquoi traverser tant de zones de turbulences amnésiques ?

La militarisation, ennemi public numéro 1 de la démocratie, est aussi l’ennemi de la sauvegarde de la qualité de la vie et — venons-en à l’essentiel ! — de la vie tout court. Tant que les neuf puissances dotées d’armes nucléaires sont capables de débloquer en 24 heures, juste pour maintenir en état et moderniser leurs arsenaux, l’équivalent de ce que le Programme des Nations Unies pour l’Environnement dépense en un an, les financements pour éviter la fonte des banquises seront toujours difficiles à trouver.

Tâchons donc de ne pas oublier que :

  • La dimension militaire est exclue du Protocole de Kyoto

  • La France n’a pas signé encore moins ratifié la Convention ENMOD

  • Un Etat qui vit au dessus de ses moyens’ vit aussi et surtout au-dessus de ses moyens militaires.

  • La paix est l’angle mort des du pacte mondial, tout comme des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

 

Ben Cramer a co-animé en 2008 le premier débat au Parlement européen sur le thème de « Sécurité Collective et Environnement ». Journaliste, chargé de recherches au CIRPES et au GRIP à Bruxelles, co-fondateur de Nautilus 21, théoricien de la stratégie navale des Pays-Bas, enseigne la géopolitique du développement durable à la Faculté des Sciences Sociales et Economiques de l’ICP à Paris.

GUERRE ET PAIX… ET ÉCOLOGIE : Les risques de militarisation durable, par Ben Cramer. Editions Yves Michel

Un commentaire

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    • SALI maria grazia

    JE PARTAGE….QUE FAIRE ?