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Brûlons le pétrole et plantons des arbres à la place

Cela paraît contre nature, mais brûler du pétrole et planter des arbres en compensation est meilleur pour l’environnement que de brûler des biocarburants. Telle est le constat des scientifiques qui ont calculé la différence d’émissions nettes lors de l’alternative : on exploite le sol pour produire des biocarburants ou l’on utilise de l’essence pour les voitures et l’on replante des arbres à la place.

Ils préconisent que les gouvernements se détournent des biocarburants et se focalisent, à la place, sur la reforestation et la maximisation de l’efficacité des carburants fossiles, car produire des biocarburants n’est pas un processus écologique. Cela nécessite des tracteurs, des engrais et des terres, tout cela implique de brûler plus de pétrole pour produire du carburant « écologique ». Pour l’éthanol produit à partir de maïs, une alternative au pétrole, « c’est principalement une opération zéro avantage », explique Ghislaine Kieffer, directrice de programmation pour l’Amérique latine à l’Agence internationale de l’énergie de Paris (cf. Compenser l’empreinte carbonique du biocarburant – ou pas ?).

De plus, les écologistes s’inquiètent du soutien politique grandissant aux biocarburants qui impliquera que des forêts soient abattues pour faire place aux cultures de biocarburants comme le maïs ou la canne à sucre. « En faisant cela, on rejette immédiatement entre 100 et 200 tonnes de carbone (par hectare) », explique Renton Righelato de World Land Trust, agence de conservation des forêts humides au Royaume-Uni.

Une attente d’un siècle

Righelato et Dominick Spracklen, de l’Université de Leeds au Royaume-Uni, ont calculé la durée nécessaire pour compenser ces émissions initiales, si l’on utilise du biocarburant à la place de l’essence. La réponse est de 50 à 100 ans. « Nous ne pouvons pas nous le permettre, en terme de changement climatique », annonce Righelato.

Les chercheurs ont aussi comparé la quantité de carbone qui serait stockée en replantant des forêts avec la quantité économisée en utilisant des biocarburants produits en culture au lieu de l’essence.

Ils ont constaté que la reforestation absorberait entre deux et neuf fois plus de carbone en trente ans que l’utilisation de biocarburants à la place de l’essence. « On absorbe beaucoup plus de carbone en plantant des arbres qu’en produisant des biocarburants sur le même sol », explique Righelato.

Ce dernier et Spracklen concluent que si le but des politiques liées aux biocarburants est de limiter le réchauffement climatique, « les décideurs politiques devraient être mieux conseillés à court terme pour se concentrer sur l’augmentation de l’efficacité de l’utilisation des énergies fossiles, afin de préserver les forêts et les savanes existantes et de rétablir les forêts naturelles et les habitats de prairie à la place des cultures qui ne sont pas nécessaires pour l’alimentation ».

Cependant, ils admettent que les biocarburants produits à partir de matériaux issus du bois comme l’herbe des prairies peuvent avoir un avantage sur la reforestation, bien qu’il soit difficile de dire maintenant si ce type de carburants est toujours à l’étude (cf. l’herbe peut être la meilleure ressource pour le biocarburant).

Il est estimé que les forêts situées à de hautes latitudes réchauffent le climat (cf. Certaines forêts amplifient le réchauffement climatique). Cependant, Righelato déclare que cela n’affecte pas ses calculs dans la mesure où les cultures de biocarburants ne s’effectuent, de toute façon, pas dans ces zones.

New Scientist, numéro 2600, 21 avril 2007

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