Le régime actuellement appliqué aux réfugiés repose sur la convention de Genève de 1951 conçue en Europe à la suite de la Seconde guerre mondiale, avec pour objectif la réglementation des questions liées à la guerre, aux idéologies et aux religions. Cette convention mérite une révision urgente afin de faire face aux nouveaux problèmes de réfugiés engendrés par les crises d’ordre environnemental.
La question de l’octroi du statut de réfugié aux populations fuyant la destruction de leur environnement est tout aussi morale que politique. En effet, les pays riches qui en sont responsables devraient assumer le coût de la pollution qu’ils engendrent et ne pas escompter des pays et populations pauvres qu’ils fassent les frais du mode de vie d’autrui. Contraindre les pays riches à assumer leurs responsabilités, s’agissant des éco-réfugiés, pourrait également favoriser la volonté politique de mener une action internationale quant à l’environnement, en ce qui concerne notamment les changements climatiques. D’importants problèmes économiques et de sécurité se posent cependant. En effet, si des nations entières devenaient inhabitables et leurs populations condamnées au déplacement, les politiques actuelles d’immigration n’y résisteraient pas. À l’instar d’Israël et de la Palestine, des populations déplacées et frustrées pourraient alimenter le terrorisme.
Il convient de qualifier de persécution environnementale toute politique nuisible aux populations menée en parfaite connaissance de ses conséquences dévastatrices. À titre d’illustration, les États-Unis se proposent actuellement d’accroître leurs émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 25 % d’ici à 2010, alors que ce gaz est responsable du réchauffement planétaire et des changements climatiques, d’où des millions d’éco-réfugiés supplémentaires. La convention de Genève qualifie de réfugiée toute personne contrainte à la fuite en raison de la crainte justifiée de persécutions d’ordre religieux, politique ou autre. Sachant que la crainte justifiée de famine ou de noyade constitue un motif incontestable de fuite, la convention de Genève mériterait d’être élargie à une nouvelle catégorie dite de « persécution environnementale ».
À titre de première étape en vue de réaliser semblable objectif, il conviendrait de mettre en place une commission internationale, sous l’égide de l’ONU, chargée de rendre compte au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU quant aux incidences du nombre croissant d’éco-réfugiés. Cette commission devra également examiner les menaces que font peser les problèmes environnementaux, le réchauffement planétaire par exemple, sur les états en tant que tels. Au nombre des autres modifications proposées figurent :
• La mise à jour de la convention de Genève. Octroyer aux éco-réfugiés un statut véritable dans le cadre de la convention leur assurera une protection internationale, indépendante et distincte des mesures gouvernementales nationales. Les gouvernements nationaux ne disposent souvent ni des ressources ni de la volonté de venir en aide, alors qu’ils sont parfois directement responsables.
• La rédaction d’une convention nouvelle. Une convention nouvelle portant spécifiquement sur les populations dont le mode de vie est réduit à néant par un environnement anéanti, laminé ou dégradé, offre une solution de rechange à la révision de la convention de Genève.
• La compensation des dettes écologiques. Le monde se doit de définir un mode de calcul, agréé à l’échelle internationale, des dettes écologiques, portant essentiellement sur le problème majeur que représentent les changements climatiques et le recours aux combustibles fossiles. Voilà qui clarifierait les obligations financières et environnementales des pays largement pollueurs, notamment la contribution qu’ils devraient apporter face aux problèmes liés au climat, tels que la multiplication du nombre d’éco-réfugiés.
Andrew Simms and Molly Conisbee – Environmental Refugees, The Case for Recognition. Chapter 6. A new status for environmental refugees. P.36
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