Les Nations Unies envisagent l’avenir avec l’agriculture biologique : enfin!
Agriculture biologique et sécurité alimentaire, le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO), présenté en mai au siège de cette instance internationale, contient une véritable révolution agriculturelle: enfin la bio y est présentée comme performante pour faire face au défi de la sécurité alimentaire mondiale; enfin les Etats sont appelés à l’intégrer dans leurs priorités nationales… Par ces temps d’inquiétude généralisée sur le réchauffement climatique, un rapport institutionnel signalant que « La principale caractéristique de l’agriculture biologique est qu’elle s’appuie sur des biens de production disponibles sur place et n’utilise pas de carburants fossiles » ou que « le recours à des procédés naturels améliore aussi bien le rapport efficience / coût que la résilience des écosystèmes agricoles au stress climatique« , n’est décidément pas anodin. (1)
Dans ce rapport présenté début mai à Rome à l’occasion de la Conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire (2), la FAO identifie les points forts et les faiblesses de l’agriculture biologique dans sa contribution à la sécurité alimentaire: c’est un pas considérable qui est fait ici à la faveur de l’écologie globale, un pas de géant derrière lequel il est permis d’entrevoir la patte du Worldwatch Institute à qui l’on doit l’une des premières méta-analyses permettant d’évaluer, à l’échelle du globe, l’aptitude de la bio à nourrir le monde (3).
L’autre bonne nouvelle, c’est que l’experte de la FAO, Nadia Scialabba, fait le lien entre écologie et social, présentant enfin ces deux revers d’une même médaille dans une intimité que jusqu’ici seuls les pionniers de la bio parvenaient à formuler: « […] l’agriculture biologique rompt le cercle vicieux de l’endettement pour l’achat d’intrants agricoles, endettement qui entraîne un taux alarmant de suicides dans le monde rural. » Selon elle, « l’exigence d’une main d’œuvre en nombre suffisant et les gains qui en découlent offrent, là où cette ressource est la plus abondante, des opportunités d’emplois tout en sauvegardant les moyens d’existence des ruraux« .
Le rapport cite des modèles récents montrant que l’agriculture biologique peut produire assez par tête d’habitant pour nourrir la population actuelle de la planète. « Ces modèles suggèrent que l’agriculture biologique a le potentiel de satisfaire la demande alimentaire mondiale, tout comme l’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui, mais avec un impact mineur sur l’environnement« . Autrement dit: obtenez le même résultat sans faire de dégâts! Avec cette seule petite phrase, la FAO fusille le modèle productiviste. La messe est dite.
Ainsi, les gouvernements sont invités à « allouer des ressources à l’agriculture biologique et à intégrer ses objectifs et ses actions dans leurs stratégies nationales de développement agricole et de réduction de la pauvreté, en mettant l’accent sur les besoins des groupes vulnérables« . Le rapport insiste aussi sur l’investissement pour le développement des ressources humaines et la formation en agriculture biologique dans le cadre des stratégies de développement durable, parce que « l’agriculture biologique est un système de gestion globale de la production qui exclut l’utilisation d’engrais et de pesticides de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés, réduit au maximum la pollution de l’air, du sol et de l’eau, et optimise la santé et la productivité de communautés interdépendantes de végétaux, d’animaux et d’êtres humains« . Décidément, les bio n’auraient pas dit mieux. Cette fois, et même si l’on connaît l’aptitude des firmes agroindustrielles à organiser la désinformation et manœuvrer l’exécutif (4), les feux contre l’agriculture conventionnelle paraissent de plus en plus nourris. Il en restera bien quelque chose!
Notes:
1 – FAO (Food and agriculture Organization of the United Nations):
2 – Cette Conférence internationale a été organisée par la FAO en association avec l’Associazione Italiana per l’Agricoltura Biologica, le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes, la FNAB, la Fondation internationale pour l’avancement rural, le WWF, le Réseau Tiers monde, l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique et l’Institut mondial de surveillance.
3 – Le magazine L’état de la planète ; le dossier « Alimentation / santé«
4 – Campagnes de diffamation, manœuvres budgétaires et toute-puissance de l’exécutif de James Hansen (traduit de World Watch)
Nelly Pégeault
Nature et Progrès, Revue n° 63, Juillet / Août 2007
3 commentaires
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fabien hermoso (fabien.hermoso@orange.fr)
pommes bio
bonjour
J’aimerai en savoir plus sur les effets néfaste des pommes bio. Soit disant que non traitée la pomme produit une substance plus nocive que les pesticides.
Olivier Milhomme GoodPlanet
Les mycotoxines
Vous faîtes allusion aux mycotoxines dont la présence est liée à celle de champignons microscopiques (des moisissures) à la surface des fruits, des légumes, des céréales et des denrées alimentaires en général. S’il y a des mycotoxines sur les pommes bio, il y en aussi sur les pommes non bio, et leur degré de toxicité est très variable. Aucun agriculteur conventionnel ne vous garantira leur absence et l’industrie agro-alimentaire se garde bien de réclamer des normes ou des réglementation sur les mycotoxines. D’ailleurs si certaines moisissures (et les mycotoxines qu’elles sont susceptibles de produire) se développe dans les champs, beaucoup se développe après récolte, pendant la phase d’élaboration et de conservation des denrées alimentaires.
Il arrive dans certains cas que la faible température et l’humidité d’un frigo favorise l’accumulation de mycotoxines! L’espèce humaine consomme des mycotoxines depuis longtemps et nous nous sommes en quelque sorte adaptés à leur présence dans notre alimentation et notre environnement. Présentes partout, les moisissures sont même parfois recherchées dans le vin (Sauternes), les fromages (roquefort) ou pour leurs propriétés antibiotiques (pénicilline).
Vincent Poizat
Les cantines scolaires pour développer l’agriculture biologique
Bonjour,
Nous sommes convaincus que l’agriculture biologique est l’avenir de l’humanité et pas seulement dans les pays émergents où elle représente de fait la seule solution pour nourrir durablement la population. Elle doit être aussi la solution dans des pays comme la France où l’agro-industrie est toute puissante. Nous pouvons montrer l’exemple et remplacer notre agro-industrie par l’agriculture biologique. Pour cela nous disposons d’un formidable effet de levier grâce aux cantines scolaires. Nous reprenons la proposition de la Fondation Nicolas Hulot qui préconise de verser les subventions de l’UE aux collectivités locales afn qu’elles puissent acheter des produits bios pour les cantines scolaires.
Elles deront d’une pierre deux coups: améliorer l’environnement sanitaire des enfants et permettre l’émergence d’une agriculture biologique.
Pour en savoir plus: http://macantinebio.wordpress.com/