Investir dans la santé de l’écosystème pourrait porter ses fruits dans la guerre contre les maladies infectieuses.
Nairobi, 11 avril 2006 – D’après un nouveau rapport publié aujourd’hui, le fait de restaurer des dizaines de milliers de zones humides disparues ou dégradées pourrait contribuer à réduire la menace d’une pandémie de grippe aviaire.
La perte de zones humides dans le monde entier contraint de nombreux oiseaux sauvages à trouver d’autres sites, comme les petits étangs fermiers ou les rizières, ce qui les amène à être en contact direct avec des poulets, des canards, des oies et d’autres espèces de volaille domestique.
Un contact rapproché entre des oiseaux sauvages et des espèces de volaille serait l’un des principaux facteurs responsables de la propagation de la grippe aviaire. Il serait donc prudent de déplacer les unités d’élevage intensif de volailles se trouvant sur le passage des oiseaux migrateurs. Selon l’étude, « un élevage intensif de volailles sur la trajectoire des oiseaux migrateurs est incompatible avec la sauvegarde de la santé des écosystèmes dont les oiseaux dépendent. Il augmente en outre le risque de transmission d’agents pathogènes entre les oiseaux migrateurs et la volaille domestique« .
Le rapport a été demandé par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à une équipe menée par le Docteur David Rapport, universitaire canadien de premier plan. Il se concentre sur des facteurs environnementaux qui expliquent la réapparition d’anciennes maladies et qui sont susceptibles de provoquer le développement de nouvelles maladies telles que la très virulente grippe aviaire ou H5N1.
D’après les conclusions préliminaires du rapport, exposées lors d’un séminaire scientifique sur la grippe aviaire organisé au siège du PNUE à Nairobi, les « efforts héroïques » actuels portant sur l’isolement, la mise en quarantaine, les abattages et l’administration de médicaments pourraient bien n’être que des remèdes éphémères offrant des avantages limités à court terme. Il recommande aux gouvernements, aux Nations unies et aux experts en santé publique d’appuyer des mesures environnementales afin de faire obstacle à la propagation de maladies telles que le H5N1 sur le moyen et le long terme. Parmi les autres suggestions, peut-être plus controversées, visant à réduire les contacts entre les oiseaux sauvages et la volaille, il propose d’éloigner la production d’animaux d’élevage des humains et d’autres mammifères tels que les cochons. […]
Selon Shafqat Kakakhel, directeur exécutif adjoint en charge du PNUE, « ces conclusions donnent à réfléchir et doivent être soigneusement examinées par tous ceux impliqués dans la lutte contre les menaces de pandémies actuelles et futures. Ces recherches démontrent néanmoins que le lien entre un environnement sain et la prévention des maladies n’est pas négligeable; il doit au contraire être une composante essentielle des politiques de santé publique, en particulier dans un monde globalisé ». Il a ajouté: « Il existe de nombreuses raisons pressantes de conserver et de restaurer les écosystèmes dégradés comme les zones humides« .
Les services qu’elles fournissent à l’humanité sont vitaux et extrêmement importants sur le plan économique. Les zones humides sont des réserves naturelles d’eau, elles filtrent la pollution, elles contribuent à absorber l’eau en cas d’inondations et elles abritent de nombreuses espèces, dont des poissons. « Leur capacité à disperser et à garder les oiseaux sauvages éloignés des oiseaux d’élevage constitue désormais un nouvel argument de poids pour les conserver et les réhabiliter« , a ajouté Monsieur Kakakhel. […]
Le rapport est publié dans la foulée d’un atelier d’experts tenu à Curitiba, au Brésil, et organisé par la Convention sur la diversité biologique (CBD) du PNUE. […] L’atelier de la CBD a également conclu que plus de 80% des espèces aviaires connues, y compris les oiseaux migrateurs et non migrateurs, couraient un risque, la famille des corbeaux et les vautours étant la principale source d’inquiétude. Les experts sont également préoccupés par le fait que ce virus très virulent pourrait avoir un impact bien au-delà de la contamination directe des espèces, y compris sur les sources de revenus et le commerce, au moment où les pays prennent des mesures pour lutter contre le problème.
L’abattage de la volaille, en particulier dans les pays en développement, où le poulet est une source essentielle de protéines, pourrait bien amener les populations à recourir à la « viande de brousse ». Ce changement pourrait exercer une pression nouvelle et insoutenable sur un vaste ensemble d’espèces sauvages, des cochons sauvages aux espèces menacées comme les chimpanzés, les gorilles et d’autres grands singes. Les experts de la CBD ont également exprimé leurs inquiétudes en ce qui concerne le développement d’une monoculture génétique de la volaille domestique, affirmant qu’elle affecte la résistance aux maladies de nombreuses espèces.
Fin 2005, plus de 120 gouvernements ont adopté des résolutions lors de la réunion de trois traités clés sur la faune et la flore – AEWA, CMS et Ramsar, traité relatif aux zones humides – recommandant de renforcer la biosécurité dans les pratiques agricoles, la surveillance à l’échelle mondiale et la recherche sur la grippe aviaire, de développer des systèmes d’alerte rapide et d’éviter les remèdes éphémères inefficaces ou contre-productifs, tels que l’abattage des oiseaux migrateurs ou la destruction de leurs habitats en zones humides.
Restoration of Wetlands Key to Reducing Future Threats of Avian Flu
Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP)
Communiqué de presse n°24 – 2006
traduction goodplanet.Info
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