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Les décharges en Afrique : une menace pour les enfants et l’environnement

Une nouvelle étude démontre que l’une des plus grandes décharges d’Afrique, celle de la municipalité de Dandora à Nairobi, représente une menace sérieuse pour les enfants vivant dans les environs et pour l’environnement de la ville, de façon générale.

L’étude, faite par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a examiné 328 jeunes âgés de 2 à 18 ans, et vivant aux alentours de la décharge de Dandora et ses implications sur la santé. L’étude a aussi comparé des échantillons de sol du dépotoir à ceux d’une autre localité située en dehors de Nairobi. […]

Achim Steiner, Sous-secrétaire général de l’ONU et directeur exécutif du PNUE, a dit: « Nous nous attendions à des résultats inquiétants, mais en réalité ils sont encore plus choquants que nous ne l’avions imaginé (…) La décharge de Dandora représente bien des défis précis pour la ville de Nairobi et pour le Kenya en général. Mais elle est également un exemple de décharges de déchets à travers de nombreuses régions de l’Afrique et d’autres centres urbains du monde des pays en voie de développement, »

M. Steiner a dit que le PNUE était prêt à aider les autorités locales et nationales à améliorer la gestion des systèmes de voirie et des dépotoirs, notamment par une politique qui puisse générer des emplois durables et sains dans le secteur de la gestion des décharges et du recyclage. […]

Une décharge présentant tous types de déchets exploités par des enfants

La décharge de Dandora, qui s’étend sur 30 hectares reçoit 2.000 tonnes de déchets chaque jour, y compris les plastiques, les caoutchoucs, le bois traité, produit par environ 4,5 millions de personnes vivant dans la capitale Kenyane. L’étude a également montré la présence de produits toxiques, tels les produits chimiques et les déchets des hôpitaux, dans la décharge.

Chaque jour, des centaines de personnes, y compris des enfants des bidonvilles voisins et des quartiers résidentiels pauvres, utilisent la décharge pour trouver de la nourriture, des produits recyclables et d’autres objets qu’ils peuvent vendre. En ce faisant, ils respirent les fumées toxiques des déchets brûlés et du méthane. Les déchets finissent souvent aussi dans la rivière de Nairobi qui coule à quelques mètres de la décharge, polluant l’eau utilisée par les résidents et les agriculteurs en aval.

« Nous avons remarqué une situation alarmante concernant la santé des enfants de Dandora : l’asthme, l’anémie et les infections de la peau sont endémiques. Ces anomalies sont liées à l’environnement autour de la décharge et sont aggravées par la pauvreté, l’analphabétisme et la malnutrition. Puisque la décharge n’a pas de limites ni de gestion, les gens risquent également de contracter des maladies véhiculées par le sang telles que l’hépatite et le SIDA,  » a dit Njoroge Kimani, enquêteur principal et auteur du rapport.

Une pollution en métaux lourds dramatique

Des échantillons de sol et d’eau ont été analysés pour les métaux lourds, tels que le plomb, le mercure, le cadmium et le chrome, et les polluants organiques, y compris les diphényles polychlorés (PCB) et les pesticides. Le sang et les échantillons d’urine ont été analysés pour les mêmes polluants et des signes des maladies liées aux polluants.

Les résultats montrent des niveaux de métaux lourds dangereusement élevés, particulièrement plomb, mercure et cadmium, sur le site de la décharge, aux alentours de celle-ci et dans les résidences environnantes. Les niveaux de plomb et de cadmium trouvés sur la décharge sont de 13.500 ppm et de 1.058 ppm respectivement, contre 150 ppm et 5 ppm aux Pays-Bas pour ces mêmes métaux lourds.

Un échantillon de sol provenant des bords du fleuve de Nairobi indique des niveaux élevés du mercure (plus de 18 ppm contre 2 ppm jugé acceptable). Sur les échantillons de surface du sol, la concentration en cadmium est 50 fois plus importante que dans un sol non pollué (53 ppm comparés à 1 ppm.)

Au point de vue de la santé, 50% ont des niveaux de plomb dans le sang égaux ou au-dessus des niveaux internationalement acceptés de 10 microgrammes par décilitre de sang, y compris deux enfants avec des concentrations de plus de 29 et 32 microgrammes.

Les niveaux bas d’hémoglobine et l’insuffisance de fer, certains des symptômes connus de l’empoisonnement au plomb, ont été détectés pour 50 et 30% des enfants, respectivement. L’exposition à des niveaux élevés de plomb est également liée à une variété d’autres effets dommageables aux systèmes nerveux et au cerveau, tandis que l’empoisonnement au cadmium endommage les organes internes, particulièrement les reins, et favorise l’apparition de cancers.

Un quart des maladies dans le monde sont liées aux risques environnementaux

Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), un quart de toutes les maladies affectant l’humanité est attribuable aux risques environnementaux, notamment chez les enfants, plus vulnérables que des adultes. Parmi les enfants âgés moins de cinq ans, les maladies liées aux facteurs environnementaux sont responsables de plus de 4,7 millions de décès annuellement. 25% des décès dans les pays en voie de développement sont liés aux facteurs environnementaux, comparés à 17% des décès dans le monde développé. […]

L’étude recommande la gestion de la décharge d’une façon économique, sociale et environnementale durable.

Frère Danièle Moschetti, un prêtre missionnaire de Comboni travaillant avec la communauté locale dans les bidonvilles autour de la décharge, a dit: « Les pauvres sont les meilleurs recycleurs au monde; rien n’est gaspillé. Mais cela ne devrait pas mettre leurs vies et celles de leurs familles en danger. La communauté locale demande la fermeture et le déménagement de la décharge, à un endroit beaucoup plus adéquat et contrôlé. Cela réduira non seulement les impacts sur la santé et l’environnement, mais produira également du travail et du revenu à la communauté locale. »

« Les vies de beaucoup de résidents locaux dépendent de la décharge de Dandora. Dans un premier temps, le défi est de réduire au minimum et enfin de stopper l’apport en matériaux dangereux, puis d’assurer un meilleur traitement des déchets toxiques et médicaux avant qu’ils n’y arrivent. Nous devons également fournir de meilleures et durables conditions de vies aux personnes travaillant dans la décharge et vivant dans ces alentours. Dans l’avenir, les quantités croissantes de déchets peuvent être inévitables, mais nous devrions apprendre comment améliorer la vie des pauvres qui en dépendent et favoriser la réutilisation des ordures pour une opportunité économique plus saine. » a dit M. Steiner.

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Christophe MAGDELAINE

08 octobre 2007 – notre-planete.info

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