Remise en question des résultats concernant les composants essentiels du chlorure
Alors que le protocole de Montréal régissant la protection de la couche d’ozone fête ses 20 ans, notre revue a recueilli des données expérimentales qui pourraient bien faire voler en éclats les théories reconnues sur la chimie de l’ozone. Si ces données s’avèrent exactes, les scientifiques devront à nouveau se pencher sur la question de la formation des trous dans la couche d’ozone et leurs liens avec le changement climatique […].
Markus Rex, spécialiste de l’atmosphère à l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine à Potsdam (Allemagne) a ainsi fait toute une découverte en analysant de nouvelles données sur le rythme de décomposition d’une molécule essentielle, le peroxyde de chlore (Cl2O2). Les chimistes du JPL (Jet Propulsion Laboratory) à Pasadena, en Californie, ont découvert que la vitesse de photolyse (décomposition sous l’action de la lumière) de cette molécule était extrêmement faible pour les longueurs d’onde disponibles dans la stratosphère — presque inférieure aux vitesses habituellement reconnues. « Cette découvert aura des répercussions considérables, a déclaré M. Rex. Si ces mesures sont correctes, nous devrons avouer notre ignorance au sujet de la formation des trous dans la couche d’ozone. » […]
La photolyse rapide du Cl2O2 est une réaction clé du modèle chimique de la destruction de l’ozone établi il y a 20 ans. Selon Markus Rex, s’il s’avère que cette réaction se déroule bien moins rapidement qu’on ne le pensait, cela signifiera qu’elle ne peut produire suffisamment de radicaux de chlore agressifs pour expliquer la diminution d’ozone à haute altitude. M. Rex a véritablement mesuré l’ampleur de cet écart lorsqu’il a utilisé la nouvelle vitesse de photolyse dans le modèle chimique de l’appauvrissement de l’ozone. Le résultat a créé la surprise: 60% au moins de la destruction de l’ozone aux pôles serait due à un phénomène inconnu, a déclaré Markus Rex lors d’une rencontre réunissant des spécialistes de la stratosphère à Brême (Allemagne) la semaine dernière. [Cet article a été publié le 27 septembre 2007]
« Nos théories sur la chimie du Cl2O2 ont véritablement volé en éclats« , a déclaré John Crowley, spécialiste de l’ozone à l’Institut de chimie Max-Planck à Mainz, en Allemagne.[…]
« Les résultats obtenus dans des cuves expérimentales sont une chose, l’atmosphère en est une autre« , a ajouté Joe Farman, l’un des premiers scientifiques à avoir mesuré le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique. « Que nous comprenions totalement le phénomène ou non, il est évident que le niveau d’ozone enregistre une baisse allant jusqu’à 3% par jour« . Il ajoute cependant que la maîtrise insuffisante de substances tel que le halon 1301, utilisé comme extincteur, ou le fluide frigorigène HCFC22, représente une menace plus importante pour le protocole de Montréal que des modèles qui ne correspondent pas aux pertes observées.
Chemists poke holes in ozone theory
Quirin SCHIERMEIER
Nature n° 449, pp. 382-383, copyright 2007
Reproduit avec l’accord de Macmillan Publishers Ltd: Nature 449, 382-383, copyright 2007
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