La pauvreté extrême est la « pauvreté qui tue », en privant les populations des produits de première nécessité: une alimentation suffisante et adaptée, de l’eau potable, un système de santé publique et un environnement vivable. Près d’un milliard de personnes vivent aujourd’hui en situation d’extrême pauvreté, à une époque où le reste du monde répond très largement à ses besoins de base et où certaines régions du globe, comme l’Europe, les États-Unis et une partie de l’Asie, ont atteint un niveau de bien-être matériel que la génération précédente n’osait imaginer.
Le message au cœur de ce livre est que des approches scientifiques fortes peuvent mettre un terme à la pauvreté extrême sur Terre. Les bénéfices des technologies et des connaissances modernes dont profitent aujourd’hui la Bulgarie et une grande partie de la planète, peuvent également profiter aux plus pauvres. Pour chaque défi, qu’il concerne la majorité de l’Afrique, une partie de l’Amérique Latine ou les dernières régions asiatiques où sévit encore la pauvreté extrême, nous devons établir un diagnostic précis fondé sur des principes généraux comme sur les spécificités locales, ainsi qu’une action qui corresponde au diagnostic. Le recul de la pauvreté doit être démythifié et retirée des luttes peu édifiantes des grandes idéologies. On ne vaincra la malaria qu’avec des médicaments, pas avec de grands discours politiques sur la mondialisation.
Mais il est plus important encore d’aider les plus démunis à lutter contre les maladies, le faible rendement de leurs cultures, les risques naturels et l’isolement économique qui les maintiennent dans le piège de la pauvreté extrême. Les pauvres n’ont pas les outils de base nécessaires pour produire des quantités suffisantes de nourriture, combattre les pandémies et vendre des produits sur les marchés mondiaux. De ce fait même, ils n’ont pas les moyens financiers de se procurer ces outils. Ils sont prisonniers du piège de la faible productivité, du dénuement extrême et d’une épargne quasi inexistante. Seule une action coordonnée internationale est capable de briser ce cercle vicieux.
Les Objectifs du développement pour le millénaire devant être atteint en 2015, nous risquons de manquer de temps pour tenir les plus audacieux et les plus grands engagements contre la pauvreté. En fait, atteindre ces objectifs en 2015 peut et doit être une étape vers le plus grand défi de notre époque : éradiquer la pauvreté extrême sur notre planète d’ici 2025. Aujourd’hui, tous ceux qui voient les choses en face sont conscients que faute d’accomplir un développement pacifique, la paix mondiale risque elle aussi d’être mise en péril. […]
The end of poverty
Jeffrey David SACHS
Préface de l’édition bulgare du livre « La fin de la pauvreté » (The End of Poverty), PNUE.
Novembre 2006
Ecrire un commentaire