Se faire un look équitable ou pourquoi il faut s’inquiéter de où et comment nos vêtements sont fabriqués

Ce que nous choisissons de porter à chaque saison dépend plus souvent de la mode que de l’éthique. Pourtant, si l’on veut avoir un impact positif sur le monde, il faut commencer à prendre d’autres choses en compte que notre silhouette ou la mode et se poser un certain nombre de questions. Où le produit a-t-il été fabriqué ? Dans quelles conditions travaillent ceux qui le fabriquent ? Sont-ils assez ? Quel impact sur l’environnement a le mode de production ?

Ce que nous choisissons de porter à chaque saison dépend plus souvent de la mode que de l’éthique. Pourtant, si l’on veut avoir un impact positif sur le monde, il faut commencer à prendre d’autres choses en compte que notre silhouette ou la mode et se poser un certain nombre de questions. Où le produit a-t-il été fabriqué ? Dans quelles conditions travaillent ceux qui le fabriquent ? Sont-ils assez ? Quel impact sur l’environnement a le mode de production ?

Droits des travailleurs

Au Royaume-Uni, la grande majorité des vêtements en vente est fabriquée ailleurs. Les entreprises préfèrent importer depuis des pays où la main-d’œuvre coûte moins cher et a moins de droits. En 2004, les importations vestimentaires de l’Union européenne ont atteint une valeur de 71 milliards d’euros. Plus de 50 % de ces importations venaient de 5 pays : la Chine, la Turquie, la Roumanie, le Bangladesh et la Tunisie. Il est de notoriété publique que l’industrie textile traite mal ses employés. De nombreuses campagnes de grande envergure ont tenté de convaincre les entreprises de prendre leurs responsabilités face à leurs employés à l’étranger. Oxfam déplorait l’année dernière les conditions de travail dans une usine thaïlandaise qui fournit quelques grandes marques. Ils y ont constaté que 4 travailleurs sur 5 sont des immigrés birmans, la plupart clandestins, qui ne touchent que 30 % du salaire minimal en travaillant 12 heures par jour. Il semblerait également qu’être enceinte signifie perdre sa place. Ce genre d’histoires est courant dans un grand nombre de pays où sont fabriqués nos vêtements, de la Chine en Asie au Mexique en Amérique centrale.

Un code de conduite est un ensemble de règles que l’entreprise s’engage à respecter et qu’elle demande à ses fournisseurs d’embrasser. Il est censé stipuler un certain nombre de normes et de droits fondamentaux comme le nombre maximal d’heures de travail, le salaire minimal, le droit de se syndiquer, pour ne citer que ceux-là. Certes, de plus en plus d’entreprises adoptent ce type de code, mais encore faut-il qu’ils soient mis en pratique. Malheureusement, les recherches menées par Oxfam indiquent que malgré ces codes, peu de choses ont changé pour les travailleurs. Souvent cela est dû pour une grande part aux pratiques commerciales des entreprises. Par exemple, des délais de livraison courts réduisent les temps de production, imposant aux employés d’innombrables heures supplémentaires qui ne sont pas rémunérées. Cela peut vouloir dire travailler 16 heures par jour, six à sept jours par semaine. Par ailleurs, les entreprises, en quête de profit, cherchent à réduire leurs coûts, ce qui implique que les salaires restent inhumainement bas.

Le tableau n’est pas entièrement noir. Un certain nombre de marques se sont dotées d’un code de conduite ou sont membres de l’organisation Ethical Trade Initiative (ETI). Celle-ci a son propre code et son but est de faire changer les pratiques commerciales des entreprises. En tant que consommateurs, notre rôle est de faire savoir aux entreprises que nous sommes concernés par ces questions, de choisir celles qui prennent les droits des travailleurs au sérieux, et de boycotter celles qui ne le font pas. Au moment d’acheter, on peut choisir les marques qui ont des codes de conduite ou qui sont membres de l’ETI.

Selon le dernier rapport d’Ethical Consumer sur les marques de vêtements, les meilleurs codes de conduite sont ceux de Monsoon, H&M et Matalan. Parmi les fabricants ou magasins de vêtements membres de l’ETI, on trouve Debenhams, Gap, Levi Strauss, Marks & Spencer, Monsoon, New Look, Next, et Pentland Group (Speedo, Kickers, Ted Baker, Ellesse, Berghaus). Mais on peut faire encore mieux en choisissant l’une des petites sociétés en nombre grandissant qui assurent une production équitable. Ces sociétés se fournissent soit au Royaume-Uni, soit savent exactement d’où viennent leurs articles et sont satisfaites des conditions de travail et de salaire des employés. Parfois, elles offrent également une prime à la communauté locale ou reversent une partie de leurs bénéfices à une œuvre de charité. Vous trouverez une liste des entreprises qui proposent de l’habillement équitable et/ou biologique sur notre annuaire en ligne : www.resurgence.org/clothingdirectory.

Questions d’environnement

Le marché de l’alimentation biologique est depuis quelques années en expansion, car les consommateurs font plus attention à ce qu’ils ingèrent. Les mêmes questions se posent quant à la production du coton. La culture du coton représente plus de 10 % de la consommation mondiale de pesticides, un quart de la consommation d’insecticides, plus que n’importe quelle autre culture. Si l’utilisation de pesticides n’a pas forcément d’effet sur l’acheteur du produit fini, elle met clairement en danger la santé et la sécurité des cultivateurs et des ouvriers. Quelque 20 000 personnes meurent chaque année d’empoisonnement dû aux pesticides agricoles. Ces substances toxiques menacent également l’environnement, détruisant la faune, appauvrissant les sols et empoisonnant les circuits d’eau.

Dans le cas des OGM, on s’est également concentré sur l’alimentation, mais là encore, le coton est en première ligne. Les trois quarts de la production de coton aux États-unis proviennent de la culture d’OGM. Pourtant c’est une seule et même société qui vend 90 % des graines OGM. Ces graines sont maintenant utilisées en Inde et en Chine, alors même que cela revient plus cher et que les conséquences à long terme de ces cultures restent inconnues. Malheureusement, à ce jour, aucune des plus grosses entreprises de l’habillement ne s’est engagée à ne pas utiliser de coton génétiquement modifié. La seule manière de s’assurer que l’on n’en achète pas, c’est de faire le choix du coton biologique quand vous le pouvez. Le chanvre est également une bonne option.

Fibres Synthétiques

Les fibres industrielles laissent, elles aussi, une empreinte néfaste sur l’environnement. Le polyester par exemple, est une fibre pétrochimique, dont la production consomme beaucoup d’eau et d’énergie et qui n’est pas biodégradable.

On peut cependant en fabriquer à partir de bouteilles plastiques recyclées ou de déchets post-industriels. Par contre, le PVC, tout chic qu’il soit, est un cauchemar écologique à tous égards, ne serait-ce que par son mode de production et d’élimination.

Ethical Consumer est un bimensuel destiné à aider les consommateurs dans leurs choix éthiques. L’abonnement coûte 21 livres par an et peut se faire sur le site : www.ethicalconsumer.org.

Vous trouverez une liste d’entreprises spécialisées dans l’habillement équitable et/ou biologique sur le site : www.resurgence.org/clothingdirectory.

Ruth Rosselson, Conscience Clothing,

Resurgence, Issue 230, July 2005

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