Causes du déclin
Les technologies utilisées pour la pêche deviennent hautement perfectionnées. Les lignes peuvent atteindre 120 km de long, équipées de milliers d’hameçons. Certains chalutiers longs de 170 m contiennent un volume équivalent à 12 avions et les filets dérivant peuvent dépasser les 60 km de long.
Les navires couvrent de longues distances à grande vitesse, depuis les zones côtières jusqu’en haute mer. Ils pêchent à grande profondeur, restent en mer plusieurs mois et préparent leur pêche pour le marché directement à bord. Les fonds marins sont dévastés par de puissants vaisseaux qui tractent des filets lestés de métal pour tenter de capturer le plus de vie benthique possible, affectant chaque année une surface de fond marin égale à deux fois celle des États-Unis continentaux !
Le sonar, les suivis aériens et les plates-formes satellitaires sont utilisés pour localiser les bancs de poisson et les suivre avec plus de précision. L’appareillage de navigation tel que le GPS et le radar permettent aux navires de rechercher en permanence le meilleur lieu de pêche. Le poisson étant rapidement périssable, sa consommation se limitait jadis aux zones côtières. Mais, grâce aux transports modernes et aux techniques de conservation alimentaire, les produits de la mer sont maintenant disponibles tout autour du monde et à n’importe quelle saison.
Libre accès et surcapacité
La surcapacité est liée à la présence d’un trop grand nombre de navires dans certaines zones de pêche. Les stocks de poisson sont généralement considérés comme propriété commune, libre d’exploitation à ceux possédant un navire et l’équipement nécessaire du moment qu’ils se trouvent en dehors des 200 miles nautiques correspondant à la zone d’exclusivité économique d’un pays. Si une quantité de poisson suffisante est capturée pour couvrir les frais d’exploitation, très peu d’incitations économiques sont proposées pour ralentir la pêche une fois le navire construit.
Plus il y a de pêcheurs qui entrent dans le système, plus les efforts sont grands pour capturer une ressource en déclin et les revenus sont amenés à baisser drastiquement. La surcapacité mène à la surpêche et à une dégradation des ressources halieutiques. De telles pratiques non durables, créant un conflit entre les bénéfices à court terme et à long terme, affectent sérieusement la biodiversité et diminuent le potentiel de production alimentaire vitale pour un grand nombre de pays en développement.
Prises accidentelles
Elles se réfèrent à la vie maritime capturée sans être visée. Les prises accidentelles peuvent inclure des espèces à faible valeur marchande, mais aussi un tonnage important d’individus juvéniles ou de taille non réglementaire de grande valeur commerciale. Près de 25 % des poissons tirés de la mer n’atteignent jamais le marché et en moyenne 27 millions de tonnes par an sont rejetées en mer, dont la plupart ne survit pas.
La plupart du temps, les prises accidentelles sont rejetées mortes, car elles ne correspondent pas à la bonne espèce, sont trop petites, de moindre qualité ou dépassent les quotas de pêche. Ces prises ont des conséquences non seulement sur les stocks exploités, mais aussi sur l’ensemble des éléments de l’écosystème marin et de la chaîne trophique. Les filets de chalutage des fonds marins ne font pas de différence et ramassent tout ce qui se présente sur leur chemin, amenant un taux de prise accidentelle élevé. Par exemple, jusqu’à 95 % des prises de chalutage de flétan peuvent être accidentelles, comprenant une large gamme d’espèces menacées ou déjà victimes de surpêche.
Les subventions et l’emploi
Le secteur de la pêche est en proie à de lourdes pertes économiques depuis plus de dix ans. Cependant, les gouvernements nationaux subventionnent largement ce secteur, étant donné qu’il est source majeure d’emplois et de bénéfices pour l’alimentation et les exportations. Ces subventions sont souvent allouées sans considération pour les dommages à long terme subis par les milieux naturels. Atteignant mondialement près de 13 milliards de dollars chaque année, elles permettent aux pêcheurs de rester dans des zones de pêche proches de l’épuisement, même si cela ne leur est plus rentable, portant plus encore préjudice aux ressources marines.
Environ 50 millions de personnes (dont 35 millions de pêcheurs) dépendent mondialement directement ou indirectement de la pêche. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, réduire de moitié la pêche de grande et moyenne ampleurs pourrait éliminer plusieurs centaines de milliers d’emplois. Réduire le secteur de la pêche artisanale entraînerait la perte de plusieurs millions d’emplois.
La surpêche, principale menace pesant sur l’écologie maritime mondiale.
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