L’agriculture d’aujourd’hui utilise 70% de l’ensemble des prélèvements d’eau douce au niveau mondial, et jusqu’à 95% dans plusieurs pays en développement, afin de satisfaire la demande alimentaire actuelle.
Pour répondre à la demande alimentaire croissante et à l’évolution des habitudes alimentaires au cours des trente prochaines années, la FAO estime que la superficie irriguée effective devra augmenter de 34% dans les pays en développement, et que 14% d’eau supplémentaire devront être prélevés pour les besoins agricoles. Il faut également garder en mémoire que l’agriculture irriguée fournit quelque 40% des disponibilités alimentaires mondiales sur 20% des terres cultivées.
Historiquement, les grands périmètres d’irrigation ont joué un rôle prépondérant en assurant l’approvisionnement alimentaire pour une population en croissance rapide. Ils ont également contribué à atténuer la pauvreté en garantissant la sécurité alimentaire et la protection contre les inondations et les sécheresses, et en multipliant les possibilités d’emploi. Dans de nombreux cas, l’agriculture irriguée a joué un rôle moteur pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Dans les régions arides et semi-arides, où la rareté de l’eau est prédominante, l’eau souterraine a joué un rôle essentiel pour satisfaire à la demande domestique et répondre aux besoins d’irrigation. Dans de nombreuses régions, les eaux souterraines ont été massivement exploitées pendant un certain laps de temps aux fins d’irrigation.
Toutefois, l’exploitation des eaux souterraines qui dépasse le rechargement et le manque de planification adéquate, de tout cadre juridique et de bonne gouvernance, a suscité un nouveau débat sur le caractère durable de l’utilisation intensive des eaux souterraines.
La plupart des pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord souffrent d’une rareté importante de l’eau, de même que des pays comme le Mexique, le Pakistan, l’Afrique du Sud, et de grandes régions de la Chine et de l’Inde.
L’agriculture irriguée, qui représente le gros de la demande en eau dans ces pays, est aussi, en général, le premier secteur touché par le manque d’eau et la raréfaction de la ressource, ce qui se solde par une capacité réduite à maintenir la production alimentaire nécessaire par habitant et à répondre aux besoins en eau des ménages, de l’industrie et de l’environnement.
Ainsi, la raréfaction de l’eau et la concurrence pour en obtenir constituent des obstacles majeurs aux progrès à faire en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté. Dans les régions semi-arides, un nombre croissant de ruraux pauvres en viennent à considérer le droit et l’accès à l’eau, nécessaires à la production alimentaire, au bétail et aux usages domestiques, comme aussi essentiels que l’accès aux soins de santé primaires et à l’éducation. Il convient donc de s’attaquer également aux problèmes liés à un accès équitable à l’eau et aux droits qui s’y attachent.
En règle générale, 30 à 50% seulement de l’eau affectée à l’irrigation sont véritablement utilisés par les cultures. On attend des pratiques optimales de gestion et de technologies plus performantes en matière d’agriculture irriguée ou pluviale (ne concernant pas seulement les pratiques relatives à la gestion de l’eau) qu’elles influent davantage sur la productivité de l’eau. Le domaine du commerce n’a pas encore été pleinement exploré pour ce qui est de l’optimisation de l’utilisation de l’eau. En conséquence, il existe dans ce secteur toute une gamme d’options possibles pour faire face à la rareté de l’eau.
La responsabilité de l’agriculture concernant la raréfaction de l’eau et l’utilisation/la dégradation de certaines eaux de surface ou souterraines parmi les meilleures du monde quant à la qualité, et cela pour des rendements très faibles, n’est plus contestée. Ce qui, en revanche, est souvent négligé, est la gestion rationnelle de l’utilisation de l’eau en agriculture afin de trouver de nouvelles solutions concernant la réaffectation de l’eau. Le débat international est souvent enclin à imputer la pénurie d’eau à l’absence chronique d’approvisionnement en eau et de services d’assainissement (qui consomment une très petite partie des ressources renouvelables), alors que c’est l’eau agricole qui offre le plus de possibilités d’économiser l’eau.
Le fait que l’eau soit, à de nombreux égards, un instrument du développement rural a été mis en avant par la FAO dans ses récentes propositions de réforme, et un Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement a été créé, qui comprend la mise en valeur, le contrôle et la gestion des ressources en eau. En conséquence, il est nécessaire d’élaborer un programme sur l’eau qui soit plus explicite afin de tirer le meilleur parti des compétences existant dans l’Organisation, en mettant spécifiquement à contribution les unités spécialisées dans les domaines des pêches, des forêts, de l’agriculture, de l’environnement et de l’économie. Cela nous donnera un cadre bien plus cohérent pour influer sur les politiques nationales et élaborer des programmes nationaux d’investissement visant à un développement responsable en matière d’eau agricole.
Comité de l’Agriculture de la FAO
Avril 2007
Ecrire un commentaire