Au cours des dix dernières années, l’Investissement socialement responsable (ISR) est devenu l’un des éléments majeurs des marchés financiers américains.
Au cours des dix dernières années, l’Investissement socialement responsable (ISR) est devenu l’un des éléments majeurs des marchés financiers américains.
– Les fonds communs de placement social ou environnemental ont connu une croissance considérable, tant pour la quantité que pour la diversité des produits et des placements proposés.
– Les principaux planificateurs financiers tiennent de plus en plus compte des facteurs sociaux et environnementaux pour leurs investissements.
– Un nombre croissant d’investisseurs institutionnels sont également à la tête des entreprises qu’ils ont en portefeuille. Par ailleurs, depuis dix ans, les actionnaires ont été de plus en plus soutenus dans leurs décisions, toujours plus nombreuses, concernant les questions sociales, environ¬nementales ou de gouvernance. La défense des actionnaires, instaurée par dialogue direct ou indirect avec les entreprises, a induit des évolutions tangibles dans les politiques et les pratiques d’entreprise.
– Les actifs des investissements de communauté sont en pleine croissance, ce qui permet de dynamiser l’économie des communautés à faibles revenus et le développement industriel, facilitant de même la participation des investisseurs dans ce secteur en expansion.
– La mondialisation de l’investissement socialement et écologiquement responsable progresse dans différents secteurs du monde entier, des plus grands marchés de l’ISR (au Canada, en Europe, en Australie ou au Japon) jusqu’aux marchés émergents les plus sophistiqués (en Amérique Latine, en Afrique du Sud et dans la région Asie-Pacifique).
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Fondée sur des valeurs et des principes moraux, la sélection des entreprises est devenue une stratégie de base dans l’investissement social. Aujourd’hui, cette sélection joue toujours un rôle crucial dans l’ISR, mais de nouveaux problèmes apparaissent et les stratégies d’ISR doivent évoluer. Les investisseurs sociaux choisissent désormais les entreprises qui présentent certains avantages. Cette pratique est fondée sur l’identification des entreprises qui répondent à des normes minimales de bonne conduite, voire qui affichent les meilleures performances de leur secteur. La sélection positive se fonde sur le principe que les investisseurs cherchent activement à soutenir les entreprises dont les pratiques sociales et environnementales sont cohérentes avec une bonne citoyenneté d’entreprise. Motivés par le désir de mettre en place et d’améliorer des normes de performances sociales et environnementales d’entreprise, les investisseurs sociaux ont recours à des techniques telles que la sélection positive, afin d’identifier les entreprises qui présentent des avantages compétitifs, dont la plupart ne sont pas tangibles, par rapport aux autres acteurs de leur secteur. Ce type de sélection permet également une surveillance attentive des performances d’une entreprise qui a été choisie pour figurer dans un portefeuille.
Les critères utilisés par les investisseurs pour sélectionner les entreprises – qu’ils soient positifs ou négatifs – évoluent avec le temps. Il est évident que la fin de l’apartheid en Afrique du Sud a mis un terme au désinvestissement des entreprises dans cette région.
D’autres questions, comme les droits de l’Homme ou les régimes de répression, ont conduit les investisseurs socialement engagés à surveiller de près les entreprises qui ont pris des risques sociaux, politiques et marketing à cause de leurs opérations internationales. Par exemple, certains investisseurs ont décidé d’écarter les entreprises qui travaillent avec la Birmanie, le Soudan ou d’autres régions où les droits de l’Homme et des travailleurs ne sont pas respectés, ou encore dans les pays frappés par les conflits, les guerres civiles, le terrorisme ou les pandémies. Les inquiétudes des investisseurs quant aux changements climatiques ont élargi leurs critères environnementaux afin d’inclure le respect des normes de protection de l’environnement par les entreprises.
Les analystes de l’investissement social posent désormais un certain nombre de questions de routine aux entreprises dont ils s’occupent : comment rendent-elles publics leurs performances et leur impact environnemental et social ? Utilisent-elles des normes de référence pour leur rapport ? Adhèrent-elles à des codes de conduite concernant par exemple les droits de l’Homme, la chaîne d’appro¬visionnement, les organismes génétiquement modifiés (OGM) ou d’autre biotechnologies ?
Aux États-Unis comme ailleurs, les droits de l’Homme, l’égalité des chances, les relations professionnelles, la protection de l’environnement, la protection du consommateur et les conséquences communautaires sont des questions pertinentes pour les investisseurs socialement engagés, qui attendent de leurs entreprises à la fois un retour sur investissement et de bonnes performances sociales et environnementales.
Si la gouvernance est souvent intégrée aux analyses financières traditionnelles, elle est également devenue critère de sélection pour les ISR, notamment après plusieurs scandales d’entreprises ayant de mauvaises politiques et pratiques de gouvernance.
En effet, l’idée, fondée sur des recherches empiriques, que les entreprises adoptant des pratiques éthiques seront plus rentables pour les actionnaires sur le long terme progresse au sein même des chefs d’entreprises, des chercheurs et mêmes des planificateurs financiers principaux.
L’émergence et l’évolution de différents critères de sélection reflètent le rôle de l’investisseur social dans la promotion d’une citoyenneté d’entreprise et d’une responsabilité sociale plus fortes, mais aussi dans la construction, à long terme, de richesses pour les entreprises, leurs actionnaires et les communautés où elles sont implantées.
Stratégies convergentes : propriété active et conséquences sur la communauté
Depuis dix ans, on a pu constater une augmentation considérable du nombre d’investisseurs sociaux qui ont recours à la sélection positive dans le cadre de leur politique d’ISR. À travers ces stratégies de soutien aux actionnaires, d’investissements communautaires et de sélection, les adeptes de l’ISR peuvent tenir les entreprises encore plus responsables pour leurs pratiques environnementales et sociales, mais ils peuvent également encourager le développement durable dans les communautés financièrement oubliées. De nombreux managers et conseillers de portefeuille réservent désormais une part de leur portefeuille aux institutions qui investissent dans les communautés. Quant à ceux qui investissent dans les fonds communs, les fonds de pension ou d’autres types de portefeuille, ils sont de plus en plus nombreux à être actifs dans la défense des actionnaires en prenant des décisions ou en engageant le dialogue afin d’inciter les entreprises à devenir plus responsables sur les questions environnementales, sociales ou de gouvernance.
L’un des objectifs fondamentaux de l’investissement social est de parvenir à d’importants niveaux de responsabilités des entreprises envers leurs actionnaires. Durant des décennies, les investisseurs sociaux demandaient plus de transparence de la part des entreprises en sélectionnant soigneusement leur portefeuille, en prenant des décisions et en engageant le dialogue. Les nombreux scandales de ces dernières années sont à l’origine des réformes pour la transparence et la divulgation des informations d’entreprise. L’attention qui s’est récemment portée sur la crise de confiance envers les entreprises n’est que la confirmation de ces principes et pratiques.
Les questions qui occupent désormais la conscience collective – gouvernance, transparence, responsabilité et diffusion des informations – sont depuis longtemps au cœur des pratiques de l’investissement social.
2005 Report on Socially Responsible Investing Trends in the United States
Social Investment Forum,
janvier 2006.
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