Cette semaine, la firme Coca-Cola a affirmé vouloir être neutre pour l’usage de l’eau lors d’une conférence à San Francisco. La neutralité en eau consiste à « replacer chaque goutte d’eau utilisée pour la production » dans la nature. Fred Pearce s’interroge sur ces déclarations dans le Guardian du 4 novembre. L’expression « neutralité en eau » n’est pas définie, elle peut dissimuler une forme de greenwashing, c’est-à-dire une tentative pour Coca-Cola de reverdir son image. Elle rappelle la « neutralité carbone » qui consiste à compenser ses émissions de carbone de façon volontaire ; « neutralité » est un terme qui plaît au grand public tout en permettant de poursuivre une activité, sans trop modifier ses pratiques.
Coca-Cola utilise chaque année 300 milliards de litres d’eau. Même si l’entreprise est parvenue à réduire à 2.47 litres le volume d’eau nécessaire pour produire un litre de Coca, le volume total d’eau employée augmente depuis 2005. Fred Pearce se montre donc sceptique à l’égard des déclarations de la multinationale : plutôt que de viser la neutralité, il serait plus judicieux de commencer par diminuer l’usage de l’eau. Toutefois, si l’entreprise veut compenser ses prélèvements d’eau, on ne sait pas encore si elle le fera sur les sites où sont faits ces derniers. Coca-Cola peut bien se déclarer « neutre en eau ». Mais où est l’utilité si l’entreprise puise de l’eau dans des régions arides puis « compense » cette ponction dans une zone humide ? En Inde, l’eau prise par une usine dans une nappe phréatique ne reviendra pas à la population qui en a été privée si la remise en circulation d’eau s’effectue dans une autre région. À terme, Fred Pearce avertit qu’un mauvais usage de ce concept serait dommageable, à la fois pour les réserves en eau du monde, et pour l’image de marque de Coca-Cola.
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