En avril 2005, le Programme Alimentaire Mondial, conjointement avec le gouvernement chinois, a annoncé qu’il mettait fin à son aide alimentaire en faveur de la Chine à la fin de l’année. Dans un pays où, il y a 10 ans, des centaines de millions de personnes souffraient chroniquement de la faim, cela représente un tournant majeur. Si la Chine est largement parvenue à éradiquer la faim, c’est grâce à l’impressionnant recul de la pauvreté accompagnant les réformes économiques mises en œuvre depuis 1978, lesquelles ont multiplié par huit le PIB, et grâce au bond de 50% accompli par la production céréalière entre 1977 et 1986. (1)
Cependant, tandis que la faim disparaît en Chine, elle gagne du terrain en Afrique sub-saharienne et dans certaines régions du sous-continent indien. De ce fait, le nombre de personnes souffrant de la faim est remonté de 820 millions, seuil le plus bas de l’Histoire, à 852 millions en 2002. (2)
Si la production mondiale de céréales a triplé depuis 1950, c’est d’une part grâce à l’adoption rapide par les pays en développement des semences à haut rendement fabriquées par le Japon et du maïs hybride venu des États-Unis; d’autre part, parce que les zones irriguées ont été multipliées par trois et que le volume d’engrais utilisé a été multiplié par neuf. Du fait de cette augmentation des zones irriguées et du volume d’engrais dans la plupart des régions du monde, les rendements agricoles ne dépendent plus de la fertilité ni de l’humidité des sols. (3)
Pourtant, les agriculteurs du monde entier sont aujourd’hui confrontés à une hausse considérable de la demande, puisque l’on s’attend à ce que la population mondiale augmente de 70 millions par an, puisque 5 milliards de personnes espèrent pouvoir consommer plus de produits issus de l’élevage et enfin parce que des millions de conducteurs risquent de se tourner vers les agro-carburants pour compenser les restrictions dans l’utilisation du carburant fossile. Du côté des ressources, ils doivent faire face à l’amenuisement des réserves d’eau propre à l’irrigation, à la hausse des températures, à la perte de terres arables au profit d’autres usages, à l’augmentation du prix du carburant et à l’épuisement des ressources technologiques susceptibles d’augmenter les rendements. Pour ceux qui aiment relever des défis, c’est le moment de se lancer dans l’agriculture ou l’agronomie. (4)
NOTES
1. “Une dernière cargaison d’aide alimentaire met fin à 25 ans de présence du PAM en chine,” Asian Economic News, 8 avril 2005; ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), Production, Approvisionnement & Distribution, base de données électronique: www.fas.usda.gov/psd, mise à jour le 13 juillet 2005.
2. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), L’état de l’Insécurité alimentaire dans le monde (Rome: 2004), p. 6.
3. Thomas R. Sinclair, “Limites du rendement agricole,” conférence au congrès de la National Academy en 1999, « Plantes et Populations: avons-nous le temps? » Irvine, CA, 5–6 décembre 1998; Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAOSTAT base de données statistiques, à apps.fao.org, données sur l’utilisation des engrais, mises à jour le 4 avril 2005.
4. Nations unies, Perspectives de la population mondiale : Révision de 2004, (New York: 2005).
Feeding 7 billion well
Lester R. BROWN
Plan B 2.0: Rescuing a Planet Under Stress and a Civilization in Trouble, chapter 9, (NY: W.W. Norton & Co., 2006).
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