FAO : L’agriculture doit changer pour nourrir le monde

Les agriculteurs du monde doivent se convertir sans tarder à des systèmes agricoles plus durables et plus productifs si l’on veut nourrir la population croissante de la planète et relever le défi du changement climatique, a déclaré un responsable de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aux participants du IVème Congrès mondial sur l’agriculture de conservation (New Delhi, 4-7 février 2009).

L’agriculture de conservation est un pilier de ce changement, a dit Shivaji Pandey, le directeur de la Division de la production végétale et de la protection des plantes de la FAO. « Le monde n’a d’autre choix que d’intensifier la production agricole durable afin de satisfaire la demande croissante d’aliments pour les hommes et les animaux, réduire la pauvreté et protéger les ressources naturelles. L’agriculture de conservation est un volet essentiel de cette intensification« , a-t-il ajouté.

L’agriculture de conservation vise des systèmes agricoles durables et rentables. Répudiant les opérations comme le labour mécanique, elle repose sur trois principes fondamentaux: le travail minimal du sol, les associations et les rotations culturales et la couverture permanente du sol. Cela permet d’optimiser la santé et la productivité des terres. Introduite il y a 25 ans environ, elle est désormais pratiquée sur 100 millions d’hectares dans le monde entier.

Les méthodes traditionnelles de culture intensive ont, dans de nombreux cas, contribué aux dommages occasionnés à l’environnement, faisant reculer les taux de productivité agricole, alors que le monde a besoin de doubler sa production vivrière pour nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050, affirme M. Pandey.

« Dans maintes régions du monde, au nom de l’intensification, les agriculteurs ont pratiqué à outrance le labour, la fertilisation, l’irrigation et l’application de pesticides« , rappelle-t-il. « Ce faisant, nous avons perturbé tous les aspects du sol, de l’eau, des terres, de la biodiversité et des services que fournit un écosystème en bonne santé. Cela a eu pour conséquence la réduction progressive du taux de croissance des rendements. »

Si les tendances actuelles se poursuivent, le taux de croissance de la productivité agricole devrait tomber à 1,5% d’ici à 2030, puis à 0,9% de 2030 à 2050, contre une croissance de 2,3% par an enregistrée depuis 1961.

Dans les pays en développement, la croissance des rendements de blé a chuté d’environ 5% en 1980 à 2% en 2005. Pour le riz, elle est passée de 3,2% à 1,2% pour le riz, et de 3,1% à 1% pour le maïs au cours de la même période.

L’agriculture de conservation pourrait non seulement aider à relever les rendements mais aussi à fournir divers avantages importants pour l’environnement, poursuit M. Pandey. Outre le rétablissement de la santé des sols, elle abaisse également la consommation énergétique dans l’agriculture, réduisant l’empreinte d’un secteur qui représente actuellement quelque 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Elle pourrait atténuer davantage les effets du changement climatique en aidant à piéger le carbone dans le sol et économiser 1 200 km³ d’eau par an d’ici à 2030, car des sols sains préservent mieux l’humidité et ont par conséquent moins besoin d’irrigation.

Ce n’est qu’avec l’intensification durable de la production agricole que l’on peut accomplir de véritables progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement concernant la réduction de la faim et de la pauvreté et la sauvegarde de l’environnement, affirme l’expert de la FAO. Et d’ajouter: « Or, nous allons actuellement dans la mauvaise direction.« 

Il a exhorté les gouvernements, les bailleurs de fonds et autres parties prenantes à fournir un soutien stratégique et financier pour garantir une adoption rapide et à plus vaste échelle de l’agriculture de conservation. Il faut accélérer la formation, la recherche participative et le renforcement des associations d’agriculteurs tout en diffusant le nouveau matériel nécessaire à l’agriculture de conservation et, au besoin, en le fabriquant sur place.

Ecrire un commentaire

Les forêts françaises, "laboratoires" pour des crédits carbone exigeants

Lire l'article