Les cercles vicieux portent un nom particulier en sciences : « rétroaction positive ». Cela signifie qu’une fois qu’un phénomène enclenché, il va accroître ou accélérer son propre développement. Dans le cas du réchauffement climatique, au moins trois effets de ce type ont été identifiés. Le premier est la fonte de l’Arctique. En effet, la glace est la surface qui réfléchit le plus les rayons du solaires. A l’inverse l’eau est celle qui l’absorbe le plus. Quand la banquise fond, une zone qui auparavant renvoyait la chaleur du soleil dans l’espace se met à la stocker de plus en plus. Plus elle fond, plus elle se réchauffe et donc plus la surface de banquise restante va fondre. Cela explique en partie que le réchauffement constaté dans la zone est environ deux fois plus intense qu’en moyenne sur le globe (+2 ou 3 °C) sur un siècle.
Un autre effet de ce genre concerne le permafrost, ou pergélisol, ce sol gelé du grand nord. Quand il fond, il libère du méthane, un gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2. Ce qui accélère l’effet de serre et donc le réchauffement. Cet effet pourrait encore s’accélérer si le méthane piégé par les glaces au fond des océans venait à être libéré lui aussi.
Un troisième exemple concerne le comportement des forêts et des océans. Normalement, ils stockent chaque année des quantités immenses de CO2 (des milliards de tonnes), dans les sols, dans les arbres qui poussent, dans l’eau où ils se dissolvent ou sont captés par les microorganismes marins. On les appelle pour cette raison des puits de carbone. Avec le réchauffement, leur fonctionnement est perturbé. Ils pourraient absorber beaucoup moins de gaz à effet de serre, voire en libérer, ce qui serait évidemment catastrophique.
Les mécanismes précis de ces trois points sont encore sujets à débat, mais une chose est sûre : au-delà d’un certain seuil, la situation s’emballe. C’est pourquoi les chercheurs se sont fixé comme objectif de limiter le réchauffement en deçà d’une certaine limite. Celle-ci est calculée en termes de quantité de CO2 dans l’atmosphère : 400 parties par millions. On était à 280 avant l’ère industrielle, à 370 en 2000 et on pourrait dépasser 450 dès 2020. Plusieurs associations ont fait de ce seuil (ou même d’un seuil à 350 ppm) un objectif à ne pas dépasser (ou à retrouver), et l’enjeu de campagnes internationales.
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