S’il existait un palmarès des chefs d’œuvres du vivant, nul doute que les récifs coralliens y figureraient. Véritables joyaux des mers, ces écosystèmes affichent une biodiversité sidérante, avec plus de 93 000 espèces décrites, soit 33% des espèces marines pour seulement 0,02% de la surface des océans ; des espèces qui présentent une variété de formes et de couleurs inégalée sur terre.
Les coraux sont cependant des organismes d’une grande fragilité. Produit d’une association complexe entre des algues unicellulaires et des colonies de petits animaux fixés (les polypes), ils sont vulnérables aux changements les plus ténus de leur environnement. Or les populations humaines côtières sont de plus en plus nombreuses, et leurs rejets (domestiques, agricoles, industriels…) vers la mer augmentent rapidement. De plus l’océan se réchauffe et s’acidifie sous l’effet de nos émissions de CO2, ce qui menace leur croissance. Enfin les récifs coralliens –en bonne partie situés dans des pays en développement- sont l’objet d’une pression de pêche croissante, souvent menée par des moyens illégaux et destructeurs, notamment le cyanure et les explosifs. Des pratiques qui n’ont rien de marginal : elles affecteraient 80% des coraux, avec plus de 1000 tonnes de cyanure utilisées dans les seules Philippines !
Résultat : 27% des récifs ont d’ores et déjà disparu, 30% supplémentaires sont menacés. Pourtant, les récifs coralliens rendent des services très concrets à l’humanité. Leur potentiel nutritif est énorme : on estime que 1 km² de corail bien géré peut produire 150 tonnes de poisson par an. Ils représentent un attrait touristique considérable : la Grande barrière de corail australienne génère à elle seule 1 milliard de dollars de revenu par an. Enfin, ces récifs protègent les littoraux des dégâts coûteux des tempêtes et des ouragans.
Tout cela justifie largement des mesures de protection, parmi lesquelles construire, très vite, des stations d’épuration, adapter l’agriculture côtière et réglementer la pêche et le tourisme… Freiner le réchauffement climatique est aussi une priorité : les scientifiques constatent que les coraux, adaptés à des conditions tropicales très stables, sont très sensibles aux changements de température.
En savoir plus : Réseau international d’action pour les récifs coralliens (ICRAN)
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