Déforestation et pauvreté s’encouragent l’une l’autre dans un cercle vicieux. En Haïti, par exemple, la destruction des forêts a mis en péril l’approvisionnement en eau et la productivité agricole, aggravant la malnutrition et l’extrême pauvreté ainsi que les problèmes de santé ou de mortalité infantile que connaît la population de ce pays.
Mais il faut se méfier de ce type de simplification. Le lien pauvreté et déforestation est ambigu. Dans le monde, quelque 800 millions de personnes vivent dans et en lisière de forêts tropicales dont elles tirent une partie de leurs ressources alimentaires et énergétiques, et donc de leurs revenus. Dans de nombreux pays, si les paysans pauvres coupent des arbres, les atteintes les plus graves viennent des industries extractives, des grandes compagnies forestières ou agricoles qui répondent à une demande en provenance des pays riches.
C’est le cas en Amazonie brésilienne où 80 % des surfaces déboisées le sont par parcelles de 20 hectares ou plus, un déboisement hors de portée d’une famille de paysans pauvres. L’extrême inégalité qui marque la société brésilienne –quelques grands propriétaires qui pratiquent une agriculture et un élevage tournés vers l’exportation et font face à des millions de petites fermes familiales et de paysans sans terre– se retrouve aussi dans le processus de déforestation.
En Indonésie, le gouvernement a attribué de vastes concessions, les grandes sociétés et leurs employés voient leurs revenus augmenter, tandis qu’une partie de la population locale, privée d’accès à la forêt et à ses ressources, sombre dans la pauvreté.
La déforestation semble à beaucoup un processus inéluctable et le développement de l’Europe qui s’est traduit par les destructions de toutes les forêts primaires offre un malheureux précédent.
Les politiques de développement peuvent jouer un rôle sur ce phénomène. Tandis que les projets consistant à construire routes et barrages ont souvent favorisé l’exploitation de forêts, des politiques de réduction de la pauvreté qui mettent en avant la santé, l’éducation et la protection de l’environnement, pourraient, au contraire, ralentir le processus de déforestation.
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