Les mangroves ont longtemps semblé sans valeur et sans utilité aux yeux des hommes. Occupant les côtes vaseuses des régions tropicales, souvent infestées de moustiques, avec la particularité d’être inondée et inondable par la mer et les eaux continentales. Elles n’ont pas bonne réputation. Elles sont constituées d’une ou plusieurs espèces d’arbres appelées palétuviers. Ces derniers disposent de racines en échasses qui leur servent d’arcs-boutants.
C’est pourtant un écosystème de transition aussi productif que biologiquement riche. Nombre d’espèces de poissons, de mollusques, et de crustacés y débutent leur existence avant de rejoindre le large. En fixant les sédiments charriés par les fleuves et les courants marins, les mangroves protègent les côtes de l’érosion marine et des assauts des tempêtes, des cyclones ou des tsunamis, mais aussi les récifs coralliens qui ont besoin d’eaux d’une grande transparence.
Avec les zones humides, les mangroves sont le milieu qui a le plus régressé au cours du XXe siècle. Entre 1980 et 2005, selon la FAO, 20 % des mangroves ont été détruites, ne représentant plus que 15,2 millions d’hectares. Traditionnellement exploitées pour le bois, ces forêts ont subi plus récemment de vastes défrichements liés au développement des élevages de crevettes en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. L’extension de l’agriculture, les aménagements portuaires et balnéaires, et plus généralement l’urbanisation des côtes sont autant de causes de régression.
Des chercheurs ont pu attribuer une valeur économique et sociale aux mangroves. Par exemple, un hectare de mangrove dans le golfe de Californie rapporterait quelque 37 500 dollars par an, essentiellement sous forme de prises de poissons et de crabes, des espèces commerciales dont le cycle de vie est lié à la présence des palétuviers. Face aux changements climatiques et à l’élévation du niveau général des mers, les mangroves atténueraient les effets les plus dramatiques de ce phénomène tout en stockant efficacement le carbone.
La prise de conscience de la valeur écologique mais aussi économique et sociale de ces forêts a sans doute ralenti le rythme de destruction dans certains pays. Au Bangladesh, la superficie des mangroves est même en augmentation. Mais c’est encore l’exception.
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