L’incertitude des scientifiques leur a souvent été reprochée : ils nous feraient peur avec des données incertaines, des hypothèses non vérifiées. Mais dans certains cas, leur prudence a amené au contraire une sous-estimation du danger : c’est le cas pour la fonte des glaces du Groenland.
Jusque récemment encore, les spécialistes n’envisageaient pas de bouleversements dans un avenir proche. En 2001, dans leur rapport, les chercheurs du GIEC notaient que le bilan global de la fonte au Groenland n’était pas significativement différent de zéro. Mais en 2007, ils évaluaient sa fonte entre 50 et 100 milliards de tonnes sur la décennie 1993-2003, avec même une augmentation les années suivantes. Depuis, chaque nouvelle étude rend compte d’une accélération de la fusion de la glace et des masses entre 200 et 300 milliards de tonnes par an.
De multiples facteurs expliquent cette accélération. Le principal semble être que la fonte, même légère et normale pendant l’été, crée des courants d’eaux qui plongent dans les profondeurs de la calotte glaciaire jusqu’à atteindre le substrat rocheux de la plus grandes île du monde. Entre glace et surface rocheuse, l’eau joue alors un rôle de lubrifiant et fait glisser les glaces vers la mer. Il en existe d’autres : avec la fonte, certaines zones s’amincissent ; les glaces plus légères ou plus fragiles glissent encore plus vite vers la mer. Par ailleurs, l’industrie occidentale génère de fines poussières qui se déposent sur les neiges immaculées du Groenland. Moins blanches, elles sont moins réfléchissantes et absorbent plus de chaleur solaire.
Si l’inlandsis du Groenland fond complètement, cela provoquera une montée des eaux océaniques de près de 7 mètres ce qui signifie entre autres la submersion quasi totale de nations comme les Maldives ou le Bengladesh, de villes comme New York ou Shanghaï, et le déplacement de 130 millions de personnes. Ce n’est pas pour tout de suite : au rythme actuel, il faudra environ 10 000 ans pour que les glaces du Groenland disparaissent complètement. Mais, encore une fois, le problème est que le phénomène s’accélère.
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