Symboles du changement climatique, les neiges du Kilimandjaro sont aussi l’enjeu d’un houleux débat. En effet, celles qu’Ernest Hemingway disait éternelles disparaissent : elles ont perdu 80 % de leur surface en un siècle. Il s’agit toutefois d’un phénomène complexe, et d’un mauvais exemple pour illustrer le changement climatique.
En effet, le coupable ne serait pas celui qu’on croit : ce n’est pas la hausse de la température globale qui semble causer le phénomène. Tout d’abord parce que le glacier est situé à haute altitude et donc que la température ne monte que très rarement au-dessus de zéro, voire de -3°C. Ensuite, parce que la fonte du glacier a commencé bien avant les années 1950, à partir desquelles se fait sentir l’augmentation de la température.
La baisse des précipitations semble plutôt le facteur déterminant. En effet, l’évolution des glaciers dépend du bilan entre accumulation de glace, grâce aux précipitations sous forme de neige, et sa disparition, par fonte ou par sublimation. Or, depuis la fin du XIXe siècle, l’Afrique de l’Est a vu son climat se modifier. L’air s’assèche à cause de la diminution des vents chargés d’humidité en provenance de l’Océan indien. Là se trouverait la raison de la disparition des glaces.
Pour autant, l’homme n’est pas innocent. Premièrement, parce que le réchauffement accroît cette modification locale des vents ; ensuite parce que la déforestation dans la région aggrave encore ce dessèchement. En effet, les forêts humidifient l’air, et celles en contrebas du glacier ont été détruites en grande partie pour libérer des espaces agricoles. Depuis 1976, la rosée a ainsi diminué d’environ 25 %.
Ce contre-exemple ne doit pas éclipser la réalité du changement climatique. Si au Kilimandjaro, le réchauffement climatique global n’est pas la cause de la fonte des glaces, il en est l’origine principale pour la quasi-totalité des glaciers de la planète. Durant la dernière décennie, ceux-ci ont perdu globalement 300 milliards de tonnes par an.
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