Le réchauffement va-t-il aggraver l’insécurité alimentaire mondiale ? S’il est une activité qui dépend du climat, c’est bien l’agriculture. Celle-ci sera modifiée dans les années à venir. Difficile, toutefois, de dresser un tableau global tant les situations sont variées.
Dans un premier temps, une augmentation modeste de la température (entre 1 et 2°C) va améliorer la productivité aux latitudes moyennes et élevées –les rendements du blé pourraient augmenter de 30 % en Europe. La limite septentrionale des activités culturales se déplacera vers le nord de quelques centaines de kilomètres. Toutefois, sécheresses ou inondations vont se multiplier et menaceront les cultures, voire créeront des crises alimentaires.
Avec une augmentation plus importante des températures (entre +2 et +3°C), les effets néfastes prendront de l’ampleur et la perte de terres arables liée à la désertification s’aggravera pour neutraliser, au niveau de la planète, les avantages ressentis ailleurs.
A partir de +3 °C, des effets secondaires majeurs apparaîtront. Les besoins en eau augmenteront pour l’irrigation de 5 à 20 % selon les endroits. Les pays en développement –souvent situés aux basses latitudes et en particulier l’Afrique– devront importer davantage de nourriture. Les prix des produits agricoles augmenteront en proportion. Au total, entre 40 et 170 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim, pour l’essentiel en Afrique. En parallèle, l’augmentation de la concentration de CO2, qui aura sans doute dépassé les 500 ppm, présentera un effet positif : elle active la photosynthèse et donc augmente la production agricole. Mais le bilan restera négatif.
Comme toujours, ce seront les populations les plus fragiles qui souffriront le plus. Mais dans tous les cas, l’ampleur des transformations dépendra des réactions des hommes. Les politiques agricoles, la modification de pratiques culturales, le développement socioéconomique compteront en effet davantage que le changement climatique lui-même.
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