Salle comble pour ce premier side event auquel j’ai assisté lors de cette COP15. Le thème prête à polémique : les agrocarburants. Alors qu’en Europe et dans d’autres pays développés les agrocarburants sont perçus négativement à cause des crises alimentaires et de leur rendement énergétique considérés comme faibles, cette conférence les présentait sous un jour avantageux. Mais, pour le Brésil, ces derniers offrent de nombreuses opportunités pour participer au développement durable et à la lutte contre le changement climatique. Surtout, le Brésil est le plus grand producteur d’énergie à partir de la canne à sucre. Une culture énergétique dont les rendements dépassent ceux du colza et du maïs cultivés en Europe et en Amérique du Nord.
Le Brésil met en avant le rôle des bioénergies en insistant sur la différence d’usage entre pays industrialisés et pays en développement : les biocarburants répondent à des besoins très différents suivant les contextes.
Pour les pays en développement, l’usage des agrocarburants peut servir à fournir une source d’énergie bon marché et renouvelable. Ainsi, au Brésil, plutôt que de servir aux transports, la production d’éthanol à partir de sucre de canne sert à la cogénération d’énergie, c’est-à-dire d’électricité, de chaleur et de carburant. De petites centrales couvrent ainsi actuellement près de 2% des besoins énergétiques brésiliens. Cette utilisation éviterait l’émission de 800 tonnes de CO2 au Brésil.
Unica, une firme qui produit 55% du sucre de canne estime que le Brésil dispose de suffisamment de terres car c’est un grand pays où le climat se montre favorable. Néanmoins, il subsiste un conflit au Brésil sur l’usage des terres qui conduit à la déforestation. Les représentants brésiliens insistent sur la nécessité de préserver les zones exceptionnelles que sont le Pantanal et le Mato Grosso, cependant ils considèrent que le Brésil dispose de 12 millions d’hectares disponibles pour produire des agrocarburants. Même s’ils sont responsables en partie de la déforestation, ces derniers sont de surcroît plus utiles au développement que l’élevage.
Tandis que l’usage des agrocarburants doit favoriser le développement économique dans les pays en développement en fournissant une énergie propre et bon marché qui se renouvelle naturellement, les pays riches quant à eux peuvent s’en servir pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Au sein, d’une politique de transports, ils peuvent compléter les mesures d’efficacité énergétique. La Suède compte dès 2030 faire rouler l’ensemble de ses véhicules de transports publics sans pétrole. Les agrocarburants constituent une part importante de la stratégie suédoise. Les représentants brésiliens ont longuement mis en avant les avantages des véhicules fonctionnant aux agrocarburants par rapport à leurs homologues électriques.
Autant d’éléments qui ont poussé le premier intervenant, un américain, qui nous apprend que l’EPA va prochainement sortir un rapport ré-évaluant l’impact des biocarburants avec la prise en compte de leur cycle de vie. Ainsi, cela permettrait aux USA, en collaboration avec le Brésil, de développer les agrocarburants au nom de l’indépendance énergétique américaine et aussi pour leur faible coût économique et écologique. Peut-on voir dans cette collaboration le développement le commencement d’un nouveau rapport Nord-Sud ?
Par Julien Leprovost
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