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Le trouble jeu de la Chine

L’échec de Copenhague est davantage dû à l’attitude de la Chine qu’à celle des Etats-Unis, selon un témoin des derniers moments des négociations. Car si la Chine prend très au sérieux le problème du réchauffement climatique, elle ne veut pas s’embarasser d’accords internationaux. Comment les écologistes occidentaux peuvent-ils encourager la lutte contre le réchauffement climatique, face à une superpuissance non démocratique, dans un pays où le mouvement écologiste est encore embryonnaire ?

Il n’est pas un jour que la Chine ne s’illustre dans les médias. Mais il est un point sur lequel les journaux ont été relativement peu diserts jusqu’à présent : celui du rôle de la Chine dans la dernière phase des négociations sur le climat à Copenhague. Or, sur ce sujet, Mark Lynas, écologiste et journaliste britannique bien connu, vient de publier un article édifiant. Le titre en annonce d’emblée la teneur « Comment je sais que la Chine à ruiné l’accord de Copenhague ? Parce que j’étais dans la salle ».

Dans cet article, donc, il raconte comment le régime Chinois a sciemment saboté les discussions, humilié Barack Obama et ensuite fait porter le chapeau aux pays occidentaux – et laisser penser qu’ils auraient, encore une fois, abandonné les pays émergents.

Mark Lynas raconte comment le dernier soir des négociations, vendredi 18, Wen Jinbao a refusé de venir discuter avec Ban Ki-Moon, Barack Obama, Gordon Brown et les autres chefs d’Etats, comment il a envoyé un de ses sous-fifres négocier à sa place. Et comment celui-ci, qui prenait ses ordres par téléphone, a exigé et obtenu que soit supprimé plusieurs chiffres clés, dont la réduction des émissions de 80% pour 2050 acceptée par les pays occidentaux.

Bien entendu, il faudrait croiser le point de vue de Mark Lynas avec celui d’autres personnes présentes dans la salle. Il n’y en avait que quelques dizaines, dont de nombreux chefs d’Etats ; il sera donc difficile d’obtenir d’autres témoignages. Mais l’absence d’autres informations renforce en fait l’importance de ce texte et les travaux passés de l’écologiste britannique attestent de son sérieux.

Pourquoi la Chine a « non seulement rejeté des objectifs pour elle-même, mais aussi refusé que d’autres pays en prennent ? », demande Mark Lynas. Il cite un expert, selon lequel « La Chine affaiblit les accords sur le climat maintenant pour ne pas avoir à faire face à des contraintes plus fortes dans les années à venir », années qui vont confirmer son rôle de premier pollueur mondial.

Au delà de l’intérêt presque historique de ce témoignage, c’est la conclusion de son texte qui est importante : « Ce siècle est rapidement en train de devenir celui de la Chine, pourtant, elle a montré qu’une gouvernance internationale en matière d’environnement est non seulement pas sa priorité mais aussi perçue comme un obstacle à la liberté d’action de la nouvelle superpuissance. »

La Chine est loin d’être inactive sur le terrain de la lutte contre le réchauffement climatique. Elle multiplie les initiatives dans le domaine des énergies renouvelables et installe un nombre considérable d’éoliennes, produit des panneaux solaires en quantités, etc.

Mais la question pour les militants écologistes occidentaux est celle des implications que peut avoir ce refus du multilatéralisme. Si la Chine bloque tout accord international, considéré comme une ingérence dans ses affaires intérieures, les écologistes doivent-ils malgré tout continuer à défendre de tels projets auprès de leurs gouvernements respectifs ? Comment aborder un problème éminemment international face à une superpuissance non démocratique, dans un pays où le mouvement écologiste est encore embryonnaire ?

Faut-il se déplacer vers des mesures économiques, comme la controversée taxe au frontières sur les produits trop riches en CO2 ? Quel autre moyen trouver pour travailler avec les Chinois ?

La question avait déjà été posée quand l’Amérique de George W. Bush refusait le multilatéralisme, mais il semblait que cette position ne devait durer, au plus, que les 8 ans de son mandat. L’attitude actuelle de la Chambre américaine montre que ce ne sera peut-être pas si simple.

C’est une question cruciale parce que plusieurs des grandes réussites du mouvement écologiste sont les accords internationaux qui ont été conclu sur une trentaine d’années : Ramsar en 1971, Montréal en 1987, Rio en 1988, Stockholm en 2001, etc. Est-ce la fin d’une époque ?

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