Les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football ont débuté ce week-end. L’occasion de faire le point sur l’impact environnemental d’un telle compétition sportive. Entretien avec Nathalie Durand, directrice générale de l’Observatoire Sport et Développement Durable.
Quel est l’impact environnemental d’un tel événement ?
Les événements sportifs internationaux sont de plus en plus grandioses et leurs impacts environnementaux sont donc susceptibles d’être toujours plus importants. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’évaluation monte à 2,75 millions de tonnes d’émissions de CO2, contre 1,18 million pour les Jeux Olympiques de Pékin l’an dernier. Par ailleurs, il y aura des répercussions en termes de déchets, de consommation d’eau, et des conséquences sociales. Le pays risque d’être transformé en parc d’attraction géant, oubliant les populations locales.
Les organisateurs ont-il pris des mesures pour faire une Coupe du monde respectueuse des populations et de l’environnement ?
Ces questions viennent progressivement sur le devant de la scène. La FIFA, le comité organisateur d’Afrique du Sud, et la ville de Cape Town, se sont unis pour le programme « GreenGoal 2010 » (1) afin de réduire les déchets, promouvoir le tourisme vert, développer des transports propres, installer des équipements urbains économes en énergie, planter des arbres dans les villes d’accueil… Par ailleurs, les stades ont été construits dans ce souci avec, par exemple à Durban, une meilleure efficacité énergétique et l’aménagement d’un réservoir pour la récupération de l’eau de pluie et le recyclage de l’eau d’arrosage. Mais cet effort doit être partagé : être supporter ne se réduit pas à admirer des performances. Le sport porte des valeurs de solidarité et d’éthique. Tous, organisateurs, sportifs, public, doivent rester en cohérence avec cet esprit.
C’est donc un carton vert ?
Non, car les actions ne sont pas encore assez massives et il manque une stratégie globale. Quelques exemples : les milliers d’emplois créés sont provisoires et payés avec des salaires misérables. Les vendeurs ambulants sont exclus des abords des stades, les billets restent trop chers pour la plupart des Sud-Africains et le contraste entre les stades dernier cri et les habitations voisines dépourvues d’eau et d’électricité est saisissant.
De plus, selon Raquel Rolnik, une experte onusienne des Droits de l’homme, au moins 20 000 personnes auraient été délogées au Cap à cause de la Coupe du monde. On peut s’interroger aussi sur l’utilisation à long terme des nouveaux équipements et leur coût pour les populations locales.
En revanche, l’impact médiatique d’un tel événement peut servir à faire avancer certaines causes. Près de 35 milliards de téléspectateurs sont attendus, soit cinq milliards de plus qu’en 1998. Les Nations Unies ont souhaité profiter de la Coupe du monde pour lancer la campagne « Un but : l’éducation pour tous ».
(1) Soutenu et financé par le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) et le Fond pour l’Environnement Mondial (FEM).
Propos recueillis par Caroline Hocquard.
Cette interview est extraite du numéro 14 de Néoplanète.
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jyelka
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