Les progrès de l’industrie pharmaceutique nous le font parfois oublier, mais près de 80 % de la population mondiale utilise les plantes pour se soigner. La plus grande partie d’entre elles sont issues des forêts.
La pratique est ancienne : l’homme de Néanderthal, il y a plus de 30 000 ans, utilisait déjà des plantes médicinales. Durant le Moyen-Âge, les moines cultivaient des plantes médicinales et les sorcières, réputées pour connaître les secrets de la nature et des plantes, soignaient avec des élixirs et des décoctions. Aujourd’hui, c’est une pratique enracinée dans la culture – la médecine traditionnelle chinoise, par exemple – ou le seul traitement accessible, faute de moyen ou d’accès à des centres de soins.
Mais les deux approches ne sont pas si séparées qu’on le croit parfois : près de 50% des molécules thérapeutiques modernes proviennent de végétaux ou de champignons, même si elles ont été synthétisées en éprouvette ou modifiées. Et pour trouver de nouveaux traitements médicaux, l’industrie ne compte pas seulement sur ses laboratoires, mais aussi sur l’exploration et le recensement du patrimoine naturel de la forêt. En effet, avec seulement 5 000 sur quelque 250 000 espèces de plantes supérieures étudiées pour leurs vertus thérapeutiques, il y a potentiellement des trésors qui se cachent en forêt.
Comment faire pour les trouver ? Les scientifiques se tournent de plus vers ce qu’on appelle l’ethnopharmacologie. Cette science de terrain consiste à recueillir des connaissances vernaculaires en travaillant étroitement avec les populations qui utilisent des plantes, des animaux et des minéraux à des fins thérapeutiques, curatives ou préventives.
Les Amérindiens, par exemple, ont déjà légué au monde des recettes comme la quinine contre le paludisme, le curare, un anesthésiant ou l’ipéca contre les intoxications… Partager –de façon équitable- les connaissances de ces « savants primitifs » multiplierait les chances d’identification de nouveaux principes actifs par les scientifiques.
Extrait du livre « Des forêts et des hommes » rédigé par la rédaction de GoodPlanet à l’occasion de l’année internationale des forêts et disponible aux éditions de la Martinière.
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