Les mangroves disparaissent quatre fois plus vite que les forêts terrestres. Elles sont ainsi un des milieux qui a le plus régressé au cours du XXe siècle : les surfaces qu’elles couvrent ont diminué de 18,8 millions d’hectares en 1980 à 15,2 en 2005, soit une diminution de près de 20 % en un quart de siècle, d’après l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).
Traditionnellement exploitées pour leur bois réputé imputrescible et résistant aux insectes, les forêts de mangroves sont victimes de leur particularité : celle d’être des forêts côtières, à l’interface entre la terre et la mer. Elles occupent des zones densément peuplées et convoitées pour de multiples raisons. En quelques décennies, des exploitations agricoles, des habitations, des fermes aquacoles, des infrastructures portuaires ou encore des complexes touristiques sont ainsi venus remplacer l’un des écosystèmes les plus riches de la planète.
Dans les pays tropicaux, l’élevage de crevettes est une activité particulièrement destructrice des mangroves, un fait souvent méconnu. En Asie du Sud-Est, en Amérique latine ou encore en Afrique de l’Est, les racines des palétuviers sont arrachées au bulldozer sur plusieurs hectares et remplacées par des fermes aquacoles. Celles-ci seront souvent abandonnées après 3 à 5 ans d’exploitation et déplacées quelques kilomètres plus loin pour éviter que les crevettes ne développent des maladies. Il ne restera alors que des terres dévastées et polluées par les produits chimiques répandus dans les bassins pour assurer un rendement maximum.
Aujourd’hui pourtant, le rythme de la déforestation des mangroves a légèrement diminué. Les hommes commencent à prendre conscience de leur importance, les protègent ou les replantent. Au Sénégal, par exemple, 36 millions de jeunes pousses de palétuviers ont été plantées pour restaurer la mangrove. La preuve que des solutions existent, même si l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique reste une menace permanente.
Extrait du livre « Des forêts et des hommes » rédigé par la rédaction de GoodPlanet à l’occasion de l’année internationale des forêts et disponible aux éditions de la Martinière.
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