À chaque fois que je suis amenée à voyager sur les rives du fleuve Yangtsé, je me souviens de cet été 1998 et des trois mois durant lesquels le fleuve, en crue, a balayé 13 millions de maisons et provoqué 26 milliards de dollars de dégâts.
Ces inondations nous ont montré à quel point la nature peut être destructrice en l’absence de forêts. Et pourtant, depuis des dizaines d’années, nous sommes engagés dans un développement économique qui se fait à coups d’exploitation non durable de notre environnement et de ce qu’il recèle de plus précieux : les forêts.
Mais le gouvernement chinois est conscient du préjudice qu’elles subissent et s’efforce de trouver une solution. Après les inondations, en 1998, il a lancé le Projet de protection des forêts naturelles (State Natural Forest Protection Project, SNFPP), une campagne d’ampleur nationale destinée à porter un coup d’arrêt à la déforestation et à la surexploitation forestière afin de rétablir la bonne santé de nos forêts.
En 2000, ces mesures concernaient les forêts naturelles situées en amont de tous les grands fleuves chinois, y compris le Yangtsé. Dix ans après son lancement, le SNFPP avait rétabli les fonctions nourricières de nos forêts et aujourd’hui, plus de la moitié de celles-ci sont protégées.
Nous avons certes payé le prix fort, mais nous avons appris que les forêts nous apportent un soutien dans notre mode de vie moderne. Sans elles, la nature peut être dévastatrice. Avec elles, la nature nous protège et rend nos écosystèmes plus riches.
Les forêts nous rendent un nombre incroyable de services dans notre vie de tous les jours. J’ai pu constater de mes propres yeux la beauté et la force d’une forêt en pleine santé qui nous fournit l’eau que nous buvons et nous protège pendant la saison des pluies contre les glissements de terrain et les inondations.
Lorsqu’une forêt est saine, la vie sauvage renaît en elle. Il y a dix ans, il fallait avoir de la chance pour apercevoir un animal sauvage dans la forêt des Trois-Gorges située dans la province centrale du Hubei. Aujourd’hui, les villageois sont fiers de parler aux visiteurs des singes et autres oiseaux qu’ils ont pu y voir.
Même si ce qui s’est passé en 1998 ne pourra jamais être effacé, je sais que tous ensemble, nous pouvons faire en sorte que cela ne se reproduise plus en protégeant nos forêts.
J’ai été si émerveillée par les services écosystémiques que nous rendent les forêts que j’ai décidé l’année dernière de lancer mon propre mouvement en Chine : il s’intitule le « projet AMOUR » (LOVE project) et à travers lui, je souhaite agir en faveur de l’urbanisme vert, de l’économie verte et, plus généralement, d’une vie verte.
En tant qu’Ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations unies pour l’Environnement, j’espère que chacun va prendre ses responsabilités, aimer nos magnifiques forêts et les protéger.
Nous devons tous prendre conscience du fait que tous ces services dont nous avons bénéficié sans compter sont limités. Les forêts ont besoin de notre protection et de nos soins si nous voulons qu’elles puissent profiter aux générations futures.
Les forêts chinoises, garantes d’une prospérité durable
par Li Bingbing
Extrait du livre « Des forêts et des hommes » rédigé par la rédaction de GoodPlanet à l’occasion de l’année internationale des forêts et disponible aux éditions de la Martinière.
Ecrire un commentaire