« La difficulté n’est pas de faire des enfants, mais de les nourrir», écrit le révérend Malthus. Celui qui se fait connaître en 1798 avec son Essai sur le principe de population, met en garde le monde sur le risque encouru par la surpopulation. D’après lui, la population s’accroît plus rapidement que la production de nourriture et cela aboutit nécessairement à des famines, à des épidémies, à des conflits et à des migrations qui réguleront, in fine, la population.
Comme ce sont les plus pauvres qui font le plus d’enfants et qui souffrent le plus des famines et de leurs conséquences, Malthus suggère de limiter l’assistance aux démunis car celle-ci les encourage à se reproduire. Elle précipite et aggrave les catastrophes et les troubles qui accablent les pauvres, et donc, au final, dessert son objectif charitable.
Si la vision pessimiste et misanthrope de Malthus suscite immédiatement des critiques, elle séduit également de nombreuses personnalités de tous les horizons politiques (dont le biologiste Charles Darwin). Elle donne naissance à divers courants qui perdurent jusqu’à aujourd’hui, regroupés sous le terme de malthusianisme, puis de néomalthusianisme, et qui n’ont souvent en commun que de prôner le contrôle des naissances -certains au travers du planning familial, d’autres en encourageant l’eugénisme (y compris aux USA, qui pratiquèrent la stérilisation forcée au début du XXe siècle).
Parmi les objections formulées aux idées de Malthus, la plus importante est certainement que les progrès technologiques ont permis, à l’inverse de ce qu’il affirmait, une augmentation de la production agricole et des richesses supérieure à celle de la population. Toutefois, les récentes crises alimentaires et les préoccupations écologistes redonnent à Malthus une actualité. D’une certaine manière, il a anticipé la question de la finitude des ressources par rapport aux besoins d’une croissance illimitée.
Reste que pour certains, les textes de Malthus ou de ses disciples dévoilent une aversion pour les pauvres et les indigents et marquent donc un mépris social bien éloigné de l’humanisme dont il se pare.
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