Le contenu de notre assiette est déterminant sur la façon dont on traite les animaux. La restauration scolaire joue un rôle prépondérant sur nos habitudes alimentaires : elle devrait être basée sur un modèle responsable, formateur des génération futures.
Un modèle alimentaire néfaste pour les animaux…
Le modèle alimentaire français est aujourd’hui basé sur une grande part de produits d’origine animale (63% de l’apport en protéines, plaçant la France dans le peloton de tête aux côtés des USA et de l’Espagne). (1)
Il est impossible de produire une telle quantité de viande, lait ou oeufs sans entasser les animaux dans des hangars aveugles, les doter de corps difformes à force de sélections génétiques, les adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs comportements. Il est impossible de manger autant de poissons et autres produits de la mer sans vider les océans de leurs habitants par des techniques de pêche industrielle, de plus en plus cruelles pour les poissons ou de les confiner dans des bassins d’aquaculture surpeuplés.
… imposé dans la restauration collective scolaire
Ce modèle alimentaire, néfaste par ailleurs pour l’environnement, la santé publique et le partage des ressources avec d’autres régions du monde vient d’être imposé dans les cantines scolaires par un décret et un arrêté mis en application dès le 3 octobre 2011 (2). En effet, au lieu d’indiquer les apports nécessaires en divers types de nutriments et d’indiquer les divers moyens de les satisfaire, l’arrêté fixe des normes en termes de produits. Il impose notamment des seuils minimum de viande de bœuf, veau et agneau, de poisson et de produits laitiers, ces derniers étant obligatoires dans chaque menu. L’article 1 de l’arrêté indique que chaque menu doit comprendre un plat principal, dont il est précisé en annexe qu’il s’agit du plat protidique « plat principal à base de viandes, poissons, œufs, abats ou fromages. ». C’est ainsi que sous couvert de santé publique, ces textes excluent les alternatives végétales.
Violation de la liberté de conscience
Les enfants des familles végétariennes par respect de la vie animale, ou des familles demandeuses de repas non carnés en collectivité par conviction religieuse devront se contenter de repas carencés à l’école, en laissant la viande sur le bord de l’assiette (3). En effet, les cantines qui proposent quotidiennement un choix de menus, dont un végétarien, sont désormais dans l’illégalité : c’est le cas des cantines de Marseille, Strasbourg et Lyon par exemple.
Une démarche malhonnête programmée de longue date
« Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation avec pour objectif prioritaire de défendre le secteur agricole […] ce programme […] vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs […]. » AFP, 21 janvier 2010. (4)
Le ministère de l’Agriculture prouve une fois de plus son dévouement aux intérêts des filières de l’élevage et de la pêche, au mépris des questions humanitaires, animales, environnementales, de santé publique et de liberté de conscience.
Allons nous laisser faire ?
On sait d’ors et déjà que des normes similaires vont être édictées pour les établissements hospitaliers, les prisons, les maisons de retraite et le portage de repas à domicile.
La restauration collective publique doit être exemplaire d’une alimentation responsable et solidaire, ce décret et cet arrêté vont résolument dans la mauvaise direction.
Les alternatives ?
Hors des frontières françaises, l’alimentation végétarienne ou végétalienne, est, la plupart du temps, reconnue saine par le corps médical (5). Des conseils sont disponibles pour équilibrer ses repas et ne pas négliger certains nutriments. On vous informera volontiers des combinaisons céréales / légumineuses pour obtenir les protéines, on vous conseillera sur les différentes sources de calcium et on vous indiquera où trouver la vitamine B12. Dans ces pays, les alternatives végétariennes sont facilement disponibles dans les restaurants et les supermarchés et chacun peut ainsi diminuer à son rythme sa consommation de produits d’origine animale.
La ville de Gand en Belgique a décidé de freiner globalement sa consommation de produits d’origine animale. La restauration scolaire, municipale mais aussi les restaurants vivent au rythme du jeudi veggie : la proportion de produits d’origine animale est réduite, les alternatives à la viande et au poisson n’étant pas limitées au fromage et aux oeufs. On constate un déploiement d’alternatives végétariennes qui mettent l’eau à la bouche. En France, quelques mairies ont pris des initiatives positives. C’est le cas de la mairie du 2e arrondissement à Paris qui a opté dans sa restauration scolaire pour le mardi végétarien. L’Association végétarienne de France et L214 souhaitent que ces engagements se multiplient et mènent la campagne « Lundi, c’est végé ! » dans ce sens. (6)
REFERENCES
(1) http://www.viande.info/comparaison-internationale
(2) http://www.l214.com/restauration-collective-scolaire
(3) L’article 9.1. de la Convention européenne des droits de l’homme indique que le droit fondamental à la liberté de conscience inclut la liberté de manifester sa conviction par les pratiques individuellement ou collectivement, en public ou en privé.
(5) Voir par exemple la position de l’association américaine de diététique qui regroupe 70000 professionnels de santé http://www.alimentation-responsable.com/position-ADA-2009
Par ailleurs, les biais du Programme National Nutrition Santé ont été mis en lumière par l’Initiative citoyenne pour les droits des végétariens : http://www.icdv.info/index.php?post/2011/08/21/Les-biais-du-PNNS
Non à la viande obligatoire dans les cantines !
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