Les Etats-Unis expédient leur plomb illegal vers le Mexique

Le renforcement de la législation américaine sur la pollution au plomb a entraîné des exportations massives de batteries vers le Mexique où la réglementation relative à leur recyclage, moins contraignante, expose la population à des risques sanitaires importants. Un échantillon de terre prélevé dans une école située à quelques kilomètres d’une usine de recyclage présentait ainsi un taux de plomb cinq fois supérieur à la limite autorisée aux Etats-Unis, rapporte le New York Times. Or les enfants sont particulièrement sensibles au plomb, qui peut provoquer chez eux des problèmes neurologiques allant des troubles du comportement à des retards de développement, tandis que chez les adultes, et notamment les femmes, il peut causer d’importantes lésions cérébrales, des troubles rénaux et des problèmes pendant la grossesse.

Pour les industriels américains et les organismes de collecte, il est souvent moins coûteux d’expédier ces batteries que l’on trouve notamment dans les téléphones portables ou les véhicules chez le voisin mexicain. 20 millions auraient ainsi traversé la frontière cette année, rapporte le journal, parfois même clandestinement : d’après un récent rapport du gouvernement mexicain, sur 20 usines de recyclage contrôlées, 19 n’avaient pas d’autorisation d’importer des batteries et plusieurs camions chargés de batteries ont été arrêtés à la frontière.

Face à cette situation, le Mexique a fait du renforcement du commerce des batteries une priorité mais manque encore de moyens humains et financiers. Certains industriels américains ont quant à eux conscience du problème. « Nous envoyons des déchets dangereux chez un voisin sous-équipé pour les traiter et parce que nous le faisons en toute légalité, nous faisons comme si de rien n’était », déplore Robert Finn, directeur d’une usine de recyclage basée à Dallas et qui refuse d’exporter ses marchandises au Mexique. « Si nous exportons nos déchets, nous devrions le faire uniquement vers des pays où les normes sont aussi strictes que les nôtres, souligne pour sa part Perry Gottesfeld, directeur de Occupational Knowledge International, un groupe qui lutte pour la réduction de l’exposition des populations au plomb. Or le Mexique ne fait pas partie de ceux-là. » C’est justement ce que prévoit la Convention de Bâle, mais les Etats-Unis ne l’ont pas ratifié.

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