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Faire progresser l’interdiction des essais nucléaires

Le Parlement indonésien vient d’adopter une mesure historique qui met notre planète un peu plus à l’abri de la menace des armes nucléaires. La décision prise par l’Indonésie de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) revêt une importance qui ne peut être sous-estimée. Elle représente en outre une occasion en or pour les huit pays qui doivent encore ratifier le Traité, permettant ainsi son entrée en vigueur.

Pendant les cinq décennies qui ont suivi la Seconde guerre mondiale, un essai nucléaire secouait et irradiait notre planète tous les neuf jours en moyenne. Cette époque prit fin en 1996, lorsque le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires fut adopté par l’Assemblée générale des Nations unies. Mais pour que le TICEN entre en vigueur, il faut que les 44 pays de l’annexe 2, qui maîtrisent la technologie nucléaire, le ratifient. D’ici là, le spectre des essais nucléaires continuera à nous hanter.

Il est urgent que le TICEN entre en vigueur dès que possible, dans le monde entier. Une interdiction complète de toute explosion nucléaire limitera la modernisation des arsenaux nucléaires existants et la mise au point de nouvelles armes, réduisant d’autant les capacités actuelles et potentielles des États dotés de l’arme nucléaire. Le TICEN encourage à la fois la non-prolifération et le désarmement nucléaires, une évolution indispensable à la sécurité nationale, régionale et mondiale.

Nous nous félicitons du fait que tous les pays maîtrisant le nucléaire, d’Europe, d’Amérique latine et d’autres régions du monde aient ratifié le TICEN. Après la ratification par l’Indonésie, seuls huit pays doivent encore s’y résoudre : la Chine, l’Égypte, l’Inde, l’Iran, Israël, le Pakistan, la Corée du Nord et les Etats-Unis. Ces pays ont la responsabilité de transformer en réalité l’interdiction des essais nucléaires. Nous les invitons fermement à réexaminer le TICEN, cet instrument essentiel à la paix et à la sécurité et qui nous rapproche d’un monde délivré de la menace des armes nucléaires.

Malgré le fait qu’il ne soit pas encore entré en vigueur, le TICEN a déjà eu un effet considérable. Depuis son adoption, les essais nucléaires ont pour ainsi dire cessé et tous les 182 pays signataires se sont abstenus d’effectuer des explosions expérimentales d’arme nucléaire. Les trois pays qui n’ont pas signé le TICEN et qui ont procédé à des explosions nucléaires – l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord – se sont exposés à des sanctions des Nations unies et à la condamnation unanime du Conseil de sécurité de l’Onu.

Un élément clé de la viabilité d’un traité sur le contrôle des armements est la manière dont son application peut être vérifiée. À cet égard, la communauté internationale dispose d’un instrument très efficace. La Commission préparatoire de l’Organisation du TICEN travaille à peaufiner un régime de vérification qui a déjà fait ses preuves pour la détection d’essais nucléaires souterrains, même modestes.

Outre son mandat de vérification, le système de surveillance international du TICEN contribue à limiter les conséquences des catastrophes naturelles. Lors de la tragique catastrophe au Japon en mars dernier, les données du système de surveillance ont permis aux autorités locales d’avertir à temps les populations. L’Organisation du TICEN poursuit son aide en suivant la dissémination de la radioactivité émise par la centrale nucléaire de Fukushima.

Le Mexique et la Suède sont depuis longtemps de fervents partisans du TICEN. Au cours des deux prochaines années, nos deux pays vont suivre conjointement le processus destiné à garantir l’entrée en vigueur du TICEN. Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour faire progresser cet objectif. Nous nous engageons notamment à :

• inviter les chefs de gouvernement des États n’ayant pas encore ratifié le TICEN à agir sans tarder et à prendre des mesures concrètes dans ce sens ;

encourager les organisations de la société civile – ONG, médias, universités, et organisations de jeunes – de ces pays à exercer des pressions sur les législateurs en vue de la ratification du TICEN ;

• se servir des réunions et conférences nationales, régionales et internationales pour promouvoir le TICEN, à tous les niveaux de décision ;

• compléter le régime de vérification du TICEN, qui doit être soutenu par tous les États comme instrument puissant de dissuasion pour tous les pays qui seraient tentés de procéder à des essais nucléaires.

Il est grand temps de mettre fin à cette aventure destructrice et de clore une fois pour toute le chapitre des essais nucléaires. Nous appelons les législateurs des huit pays n’ayant pas encore ratifié le TICEN à progresser sur cette question. L’Indonésie a donné l’exemple. À vous de l’émuler.

Faire progresser l’interdiction des essais nucléaires

par Carl Bildt est ministre des Affaires étrangères de la Suède et Patricia Espinosa Cantellano est ministre des Affaires étrangères du Mexique.

Copyright: Project Syndicate, 2011.

www.project-syndicate.org

Traduit de l’anglais par Julia Gallin

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