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Quel bilan pour MSC, le premier label de pêche durable?

Plus de 10 ans après sa création, le label MSC (Marine Stewardship Council) a rendu publique l’évaluation de l’impact environnemental de son programme de certification. La demande accrue de traçabilité de la part des consommateurs a favorisé l’expansion rapide du label et aujourd’hui 6% des captures mondiales sont certifiées MSC. 135 pêcheries sont déjà labélisées et 135 sont en cours d’évaluation. Ainsi, en 2009, près d’un demi milliards de produits vendus dans le monde étaient certifiés MSC. Aujourd’hui, c’est plus de 12000 références qui arborent ce label dans 80 pays. Des nombreuses espèces comme le thon, le merlu, le saumon, le colin et la crevette font l’objet de certification. En France, 560 produits et 4 pêcheries sont certifiés : la sardine de Bretagne, le lieu noir d’Euronor, le lieu noir de la compagnie des pêches de Saint-Malo et la scapèche de homard de Normandie et de Jersey.

C’est en 1999 qu’en réponse au problème de l’épuisement des ressources halieutiques, le WWF et Unilever créent la certification MSC. Le premier label MSC est attribué en mars 2000. Ce programme de certification garanti au consommateur que les produits labélisés sont issus de pêcheries durables en accord avec les exigences de la FAO (Food and Agriculture Organization). Pour intégrer le label MSC, les entreprises doivent souscrire à 3 grands principes évalués par des experts indépendants. En premier lieu, les campagnes de pêche doivent être conduites de manière à ne pas entrainer de surpêche ou d’épuisement des stocks. Ensuite, la structure, la productivité et la diversité des écosystèmes doivent être maintenus. Et enfin, la pêcherie doit s’engager à mettre en place une gestion durable en accord avec les lois locales, nationales et internationales. Entre la pré-étude et l’apposition du label, le processus de certification dure entre 12 et 18 mois. Chaque pêcherie est re-certifiée tous les 5 ans afin de garantir la pérennité des engagements pris lors de la certification initiale.

L’étude sur l’impact de la certification a été commandée auprès d’un cabinet indépendant de consultants experts en science marine, Poseidon Ltd et Meridian Ltd. Cette étude analyse l’évolution de plusieurs indicateurs environnementaux en leurs attribuant un score de 0 à 100 (l’état du stock, la reconstitution du stock, les espèces des captures accessoires, les espèces en danger, menacées ou protégées, la qualité des écosystèmes). Selon le cabinet, entre la pré-évaluation et la certification finale, 74% des indicateurs sont restés stables et 18% se sont améliorés. De plus, après 5 ans de certification, 90% des indicateurs mesurés sont supérieurs à la note de 80/100 alors qu’à l’étape de pré-évaluation ce chiffre variait entre 50 et 70% des pêcheries.

Pour autant, le label MSC est contesté. L’année dernière, Richard Page de Greenpeace mettait sérieusement en doute la crédibilité du label MSC dans The Guardian. « Le MSC s’est précipité pour accepter les demandes de centaines de pêcheries dans le monde dans le but d’augmenter la taille de son réseau. Parmi elles, plusieurs sont considérées par les scientifiques comme non durables. Ils devraient vraiment être plus attentifs lorsqu’ils s’engagent avec des pêcheries », confirme Chris Pincetich, biologiste marin du Turtle Island Restoration Network. La labellisation MSC de la pêche à la légine australe est ainsi parmi les actions les plus controversées de la MSC. Richard Page estime que les connaissances scientifiques sur ce poisson sont insuffisantes pour estimer si cette pêche est durable ou pas. A ces critiques, MSC reconnait que « pour une partie des cas, les tests de durabilité ne sont pas suffisamment élevés » et ajoute qu’ « au-delà des controverses il y a des preuves de réels bénéfices sur l’environnement ».

Bien que l’instauration de ce label représente un changement majeur dans l’attitude des consommateurs et dans la prise de conscience des acteurs de la filière pêche, il reste encore peu connu du grand public. En effet, seuls « 4% de la population française affirmait connaître le logo MSC et savait ce qu’il représentait », selon Edouard Le Bart, responsable de MSC France.

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