Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl entre en fusion et fait exploser la dalle de béton qui le protégeait. Toute la région est contaminée, et dans une moindre mesure, une partie de l’Europe. S’ensuit la plus grande catastrophe nucléaire qu’a connue l’humanité.
Des centaines de milliers d’ouvriers sont appelés pour travailler sur le site et lutter contre la radioactivité, mais sans véritable protection. On les appelle les liquidateurs. Nombreux sont ceux qui en mourront. En Biélorussie, en Russie et en Ukraine, 250 000 personnes sont évacuées. Aujourd’hui encore, une zone d’exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale est complètement désertée ; la ville de Pripyat reste, comme Pompéi, une ville morte et le symbole de cette catastrophe.
L’explosion trouve son origine dans une série de manipulations hasardeuses sur le réacteur, des erreurs de conception, un déficit de compétence des personnels, l’absence d’enceinte de confinement, un contrôle défaillant par l’Etat, etc. Mais quel que soit l’enchaînement des causes qui a mené à la catastrophe, Tchernobyl montre que ce qui n’avait parfois été envisagé que comme une possibilité peut effectivement survenir. Et que ses conséquences peuvent être terribles.
Quel est le bilan de Tchernobyl ?
Vingt-cinq ans après, le bilan de la catastrophe porte toujours à débat. L’Agence internationale de l’énergie atomique et l’Organisation mondiale de la santé, deux organisations qui dépendent des Nations Unies, ont publié des estimations selon lesquelles la catastrophe ne fera au total que 9 000 décès environ. Plus un certain nombre de maladies, comme des cancers de la thyroïde (qui peuvent être soignés dans 99% des cas), des cataractes …
Les associations ont vivement contesté ces chiffres ; certaines proposent des estimations qui dépassent plusieurs centaines de milliers de morts. Selon elles, les travaux de l’AIEA ne prennent pas bien en compte un grand nombre de victimes parmi les 600 000 liquidateurs envoyés pour éteindre le feu et construire le sarcophage.
Une chose est sûre, il est difficile de récolter des données précises. D’autant que le principal pays touché, la Biélorussie (Bélarus) est une dictature dans laquelle le sujet reste très sensible. Un médecin biélorusse, Youri Bandajevsky, spécialiste de la question a même été emprisonné pendant plusieurs années pour avoir critiqué la gestion de la situation par le pouvoir. Il vit désormais en exil en Ukraine.
Le nuage
Non, le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté à la frontière française – même s’il ne s’agissait pas à proprement dit d’un nuage mais plutôt de traînées invisibles. La catastrophe a ainsi montré que les dictatures crypto-communistes ne sont pas les seules à dissimuler la réalité à leur population : ce fut aussi le cas des autorités françaises.
Pour en avoir le cœur net, une biologiste de Montélimar décida de réaliser par elle-même des analyses de radioactivité dans les jours qui suivirent le passage du nuage. Michèle Rivasi fonda ainsi le CRIIRAD qui est devenu le laboratoire indépendant de référence sur le sujet.
Vingt cinq ans plus tard, l’importance des retombées radioactives en France reste débattue. Il est entendu qu’elles ont été sous-évaluées, mais il est difficile d’établir précisément dans quelle mesure. Quant aux aspects sanitaires, la principale conséquence semble être une augmentation du nombre de pathologies de la thyroïde, dans l’Est de la France et en Corse. Toutefois, le nombre de cas reste trop faible pour établir statistiquement une corrélation avec le passage du nuage. Plusieurs procès ont opposé sur ces sujets les associations à l’Etat et ses représentants.
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