Economie verte, croissance verte et emplois verts font partie du langage depuis le Sommet de Rio de 1992 sur le développement durable. Au cours de cet entretien, Simon Upton, directeur de la Direction de l’environnement de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), dresse le bilan de 20 ans de développement durable dans la manière d’aborder l’économie.
Qu’est ce que le Sommet de la Terre de Rio en 1992 a changé ?
Ce sommet a fait prendre conscience au public que l’économie, l’environnement et le développement étaient interdépendants. Cela a changé les termes du débat. Mais, malheureusement, pas la direction empruntée par l’économie.
Qu’est ce que la croissance verte ?
La croissance verte est un terme que nous avons développé à l’OCDE pour décrire une forme de croissance que l’on peut qualifier d’« écologique » et qui vise au bien- être. Et cela commence en faisant le meilleur usage des ressources naturelles et en les valorisant. Si vous voulez de la croissance, tout en restant vert, il faut rendre la pollution chère, beaucoup plus chère qu’elle ne l’est actuellement afin d’encourager une utilisation plus efficace des ressources. Cela va de pair avec le développement de nouvelles technologies.
Où en sont les grands pays émergents (Brésil, Russie, Chine, Inde) ?
En raison de l’échelle de ces économies et de leur croissance, je ne serais pas étonné qu’elles deviennent les leaders qui nous fourniront les solutions technologiques à venir. De grands pays comme la Chine et l’Inde ont un avantage, car ils sont encore en train de construire leur infrastructure, et qu’à leur échelle, il est possible d’introduire de nouvelles solutions à des niveaux et à une ampleur jamais testés auparavant. La Chine est suffisamment grande pour devenir leader dans n’importe quel domaine. Elle vend déjà des panneaux solaires et des éoliennes au reste du monde.
Combien de personnes dans le monde travaillent dans des emplois verts ?
Il existe un vrai problème pour définir ce qu’est un emploi vert. Si l’économie « verdit », un travailleur dans une aciérie ou une cimenterie qui a su réduire drastiquement son empreinte sera-t-il moins vert qu’un autre qui travaille dans les éoliennes ? Nous avons besoin que tous les emplois deviennent plus verts. L’argument économique permet-il de mieux prendre en compte l’environnement ? « Ce que vous ne pouvez pas mesurer, vous ne pouvez pas le gérer. » Or, il manque encore des outils de mesure, des indicateurs simples et précis – comme l’efficacité énergétique – pour que tous les pays puissent se concentrer aisément sur ces objectifs.
Peut-on mesurer des progrès ?
La capacité à gérer s’est améliorée, mais nous n’avons pas encore réellement pris les décisions les plus difficiles, c’est-à-dire mettre un prix sur l’eau, sur la pollution. Aux États-Unis, depuis sa création, le Clean Air Act (loi contre la pollution de l’air) a permis d’économiser 2 000 milliards de dollars dans les dépenses de santé. Mettre un chiffre sur les choses permet à certaines personnes de réaliser leur importance. L’un des leviers d’action consiste à modifier les subventions : dans le monde, près de 500 milliards de dollars vont aux énergies fossiles alors que les énergies renouvelables ne sont aidées qu’au dixième de ce montant.
Propos recueillis par Julien Leprovost
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