Menacées d’extinction, les anguilles qui viennent vivre une dizaine d’années dans les eaux européennes ont perdu 90% de leurs effectifs au cours des deux dernières décennies. Le programme européen de recherche, lancé en 2010 pour au moins 5 ans avec la participation d’EDF ou encore de l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, dresse la liste des causes de ce déclin massif : des modifications hydroclimatiques, les constructions hydroélectriques, la pêche des anguilles adultes et des civelles, les polluants, le remodelage des cours d’eau et la diminution des zones humides.
Si des menaces ont été identifiées, il reste à déterminer leur importance respective précise France 3 Alsace. Depuis deux ans, 200 à 300 anguilles ont été équipées d’émetteurs et lâchées dans le Rhin, où des stations de détection ont été installées entre Kembs et Strasbourg. Ces dernières permettent de suivre les anguilles et d’évaluer l’impact des aménagements hydroélectriques sur leur taux de mortalité. L’enjeu est aussi, pour mieux les protéger, de mieux connaître le comportement des anguilles, leur développement et leur migration marine vers l’est des Bermudes où elles se reproduisent en mer des Sargasses.
Le 19 novembre 2012, le Service Communautaire d’information sur la Recherche et le Développement (CORDIS) soulignait la spécificité des anguilles et la nécessité de les protéger des systèmes de refroidissement des centrales électriques ou encore des turbines hydroélectriques. Les anguilles, par différence avec les saumons ou les truites, ne modifient pas leur comportement en fonction de signaux hydrodynamiques, comme l’accélération du courant, spécifiques aux constructions qui les mettent en danger. « Les anguilles sont légèrement différentes et moins sensibles aux indices hydrodynamiques que d’autres espèces de poisson, et des approches alternatives sont nécessaires pour elles », confirme le Dr Paul Kemp, du Centre international pour la recherche écohydraulique (ICER) de l’université de Southampton (Angleterre).
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