Le cacao évoque plaisirs, douceur et convivialité, mais il est marqué par des enjeux sociaux et environnementaux importants. Près de 40 millions de personnes dépendent de la filière du Cacao dans le monde (la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent à eux seuls 60 % de la production mondiale). La pauvreté, des techniques agricoles archaïques et le travail des enfants sont largement répandus.
Des 4 millions de tonnes de fèves produites chaque année, 95% l’est par des petits producteurs possédant moins de 5 hectares de terres chacun. Ces producteurs vivent pour la plupart en dessous du seuil de pauvreté – 1 dollars par jours. Pour Edward Millard de l’ONG Rainforest Alliance, « personne n’est gagnant si les producteurs de cacao restent si pauvres, leurs enfants abandonnent les fermes pour aller à la ville, les sols sont épuisés et les arbres si vieux qu’ils ne peuvent donner de récoltes décentes ».
Au rang des problèmes auxquels la filière doit faire face figurent également le vieillissement du verger et des cacaoculteurs, la faible rentabilité des exploitations due à la dégradation des sols, l’inefficacité des organisations des producteurs et la concurrence d’autres cultures. Les producteurs n’ont pas toujours le choix ou la bonne information, participent souvent à leur insu à la destruction de l’environnement : pollution de l’eau, déforestation, pollution…
Or, le cacao, comme le café, peut être cultivé à l’ombre des arbres. Ces arbres d’ombrages permettent de conserver l’habitat de plantes et d’espèces animales menacées d’extinctions, de maintenir des corridors écologiques, de protéger les pollinisateurs et les prédateurs naturels des parasites du cacao, de fertiliser les sols, de répondre aux problématiques de changement climatique en séquestrant du carbone et d’assurer aux producteurs des revenus secondaires. Cette technique dite d’agroforesterie augmenterait les rendements d’au moins 25%, par ailleurs, et le mètre cube de bois peut par la suite se revendre entre 500 et 100 euro, une fortune par famille. Souvent négligé par le passé, pour des techniques plus rentables à court terme, alliant déforestation et réduction de la fertilité des sols, ce système d’agroforesterie est de nouveau adopté par certains producteurs certifiés. L’enjeu n’est pas mince : le cacao est cultivé sur plus de huit millions d’hectares de terres tropicales riches en biodiversité.
Sur les contreforts de l’Amazonie en Amérique du Sud, un programme d’aide aux familles de migrants cultivant la coca a été mis en place par « Pur Projet ». Visant à conserver la biodiversité inédite de cet écosystème et à limiter la déforestation dans la région, Pur Projet a mis en place avec les populations locales de migrants une coopérative de cacao en leur apprenant les techniques durables de production des fèves. Grâce aux techniques d’agroforesterie utilisant les arbres d’ombrages, l’ONG offre un revenu durable pour les populations locales tout en préservant les ressources autrefois disséminées par la culture de la coca. Pour Jean-Marie Deshoux de Pur Projet, « ce projet, un parmi d’autres, lutte contre une culture illégales, contre des problèmes sanitaires et environnementaux pour ces populations tout en protégeant des hotspots de biodiversité mondiale en séquestrant du carbone et en nourrissant des familles ».
Pour Rainforest Alliance, les plantations certifiées ont une productivité 70% plus importante que les plantations non certifiées. Outre les bénéfices environnementaux de la certification, celle-ci permettrait également une protection des ouvriers et garantirait ainsi un renouvellement des acteurs de terrains de la filière cacao (51% des enfants des planteurs de fermes certifiées seraient susceptibles d’accéder à l’éducation et à un certain niveau scolaire contre 13% pour les fermes non certifiées).
L’objectif de la filière cacao est d’atteindre 30% de productions certifiées d’ici 2020 (11% le sont actuellement). Pour Edward Millard, « la certification n’est qu’un moyen, mais elle permet d’avancer dans un souci de développement durable ».
Roxanne Crossley
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Louise Ben Mami
Culture du cacao
Je suis stupéfaite qu’il y ait toujours des solutions possibles, mais qu’on n’en parle que lorsque la situation est à un point de non-retour. Toujours trop tard, pourquoi ? Les cultivateurs reçoivent 1 dollar par jour, c’est la honte, alors que les grands chocolatiers sont riches comme Crésus ! On les maintient volontairement sous le seuil de la pauvreté. On marche sur la tête comme pour beaucoup de choses de nos jours et surtout le mécanisme de l’Occident.