En Amérique latine, la mobilité urbaine est un sujet problématique. Le continent affiche un taux record d’urbanisation, 80% de la population du continent vit en ville. Les villes sont si grandes qu’il est presque impossible de se rendre à pied au travail, à l’école ou encore au supermarché. La circulation automobile dans les grandes villes est intense et la multiplication des déplacements produit de nombreuses nuisances, congestion routière, consommation d’énergie et d’espaces, pollution atmosphérique, bruit, accidents et surtout inégalités sociales.
En Colombie, comme ailleurs sur le continent, les villes souvent débordées par les forts taux de croissance démographique et de migration urbaine et ont laissé libre voie aux transporteurs privés. Non régulés, ces transporteurs appliquent leurs propres règles et leurs propres tarifs au détriment des usagers les plus pauvres qui doivent, pour la plupart, se tourner vers la bicyclette et la moto. Les transports en commun sur le continent sont devenus en quelques décennies chers et de mauvaise qualité, certains usagers allant jusqu’à dépenser un quart de leur salaire pour se déplacer.
Des initiatives existent pour enrayer ce problème. Ainsi la ville de Bogota a inauguré en 2000 le Transmilenio, premier système de bus à haute fréquence sur voies propres du continent. Plusieurs centaines de kilomètres de voies pour un transport plus efficace, à prix fixes et moins élevés. Les usagers ont désormais le choix d’utiliser un système semi-public moins cher, régulé, efficace, capable de transporter 50,000 personnes par heure et de traverser la ville en une heure et demie. Un projet qui aura permis aux autorités de reprendre la main sur un système devenu anarchique.
Une première en Amérique latine qui fait office d’exemple pour le reste du continent. Mais la solution a ses limites. Le Transmilenio est en effet victime de son propre succès, souvent bondé, totalement impersonnel pour un service qui n’est pas aussi flexible que celui proposé par les transporteurs privés et qui applique des tarifs plus élevés aux heures de pointe. Les usagers sont rapidement dissuadés, préférant la solution plus personnalisée proposée par les transporteurs privés. Le Transmilenio, tout à fait adapté aux déplacements en périphérie, l’est beaucoup moins aux petites rues du centre ville et défigure l’espace publique – où doivent pouvoir circuler librement piétons, cyclistes et voitures. Une solution est avancée pour compléter ce système est le tramway. Une solution soutenue par le Maire de Bogota, Gustavo Petro, mais qui n’est pas du gout de tous. Les opposants au conseil municipal étant favorable aux transporteurs privés.
A Bogota, comment ailleurs en Amérique Latine, pour ceux qui ont la chance de pouvoir choisir, le transport privé reste souvent une valeur sure. Pour les autres, l’idée de mobilité urbaine efficace reste souvent illusoire.
Roxanne Crossley, envoyée spéciale à Bogota.
Le sommet « Villes et changement climatique » s’est tenu à Bogota, du 19 au 21 novembre 2012. Il était co-organisé par l’Agence Française de Développement et a réuni des maires et experts du monde entier pour échanger sur les défis liés à la croissance démographique et à ses impacts sociaux et environnementaux.
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