L’agriculture française pourrait réduire ses émission de gaz à effet de serre de 28 millions de tonnes équivalents CO2. L’Institut national de recherche agronomique (INRA) propose 10 mesures pour y parvenir.
Bien qu’elle pèse moins de 2 % du PIB français et 3 % des emplois (beaucoup plus si on intègre la filière agro-alimentaire), l’agriculture compte pour 17,8 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. C’est le 3e contributeur à l’effet de serre après l’industrie et les transports.Pourtant
« La plupart des scénarios de réduction de émission des gaz à effet de serre se concentrent sur le CO2 et ne prennent pas en compte l’agriculture. L’agriculture, ce sont des émissions indirectes : engrais, le stockage du CO2 dans le sol ou encore les énergies renouvelables », explique Virginie Schwarz directrice générale déléguée de l’ADEME .
« Depuis 1990, le secteur est déjà parvenu à réduire ses émissions de 8 à 10 % soit 32 millions de tonnes équivalents CO2 » souligne Eric Giry, du Service de la stratégie agroalimentaire et du développement durable au ministère de l’Agriculture. Mais cette baisse est due en partie au recul des terres agricoles au profit de l’urbanisation. Comment faire pour poursuivre cette diminution, de façon durable ?
L’INRA propose plusieurs pistes et 10 mesures, pour y parvenir tout en produisant quasiment autant, des pistes présentées dans un rapport intitulé « Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? ». Selon cette étude, il faut concentrer les actions sur l’azote, le méthane et le dioxyde de carbone, les 3 principaux gaz issus des activités fermières, ce qui permettrait une baisse de 26,6 à 29,6 millions de tonnes équivalents CO2
De fait, 44% des émissions agricoles proviennent du NO2, ou protoxyde d’azote, qui résulte de l’usage d’engrais azotés dans le sol. L’INRA propose donc de mieux utiliser ce dernier afin de réduire les rejets, et si cela est possible de passer aux fertiliseurs organiques, c’est-à-dire à base de déjections ou de déchets végétaux. Des mesures dans ce sens réduiraient d’ici à 2030 de 6,1 millions de tonnes équivalant CO2 les émissions.
Ensuite, au niveau de l’élevage, remplacer le maïs par du lin ou du colza, soit substituer des glucides par des lipides, permettrait de diminuer le méthane rejeté par que les bovins. D’une durée de vie courte, le méthane constitue puissant gaz à effet de serre. A l’heure actuelle, l’élevage rejette 27 % des gaz à effet de serre agricole soit 29 millions de tonnes équivalents CO2.
Enfin, favoriser le stockage du carbone dans le sol en limitant le labour, en incitant au développement du semis-direct, est une piste envisagée pour atténuer le réchauffement climatique. Si le sol n’est pas labouré, le carbone reste dedans et cela évite aussi à l’agriculteur d’utiliser ses machines Par ailleurs, l’INRA incite au développement de l’agroforesterie afin que les haies et les arbres participent au stockage du carbone dans la biomasse. De même, des mesures d’efficacité énergétiques dans les bâtiments ou encore le recours au méthane comme énergie réduirait l’impact sur le climat des exploitations agricoles.
Ces propositions ont plutôt été bien accueillies par les professionnels du secteur. Mais reste à savoir si elles se traduiront en actes, et dans quelle mesure. Jacques Mathieu, Directeur Général d’Arvalis, l’institu du végétal estime ainsi que : « « le rapport ne pense pas aux freins : Le semis direct existe depuis 50 ans et pourtant il n’est appliqué que sur 1 % des terres ». Pour sa part, Stéphanie Croguennec du ministère de l’Ecologie, estime que « les 2 tiers de ces mesures peuvent être mises en place à court terme avec un accompagnement ». A voir, donc.
Ces mesures ne sont pas seulement bénéfique au climat : elles bénéficient également à la biodiversité, les haies pour les oiseaux par exemple et à la qualité des eaux avec la réduction de l’utilisation des engrais.
Julien Leprovost
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