Dans le cadre d’une expérimentation innovante, les bus de Grenoble sont autorisés à rouler sur la bande d’arrêt d’urgence pendant les embouteillages et peuvent ainsi dépasser par la droite les voitures bloquées dans les bouchons quotidiens de l’autoroute l’A48. Alors que près de 100 000 voitures passent chaque jour sur celle-ci, le PC qui la gère autorise les bus à emprunter la bande d’arrêt d’urgence si la vitesse de circulation passe en-dessous de 30 km/h. La bande d’arrêt d’urgence devient alors sur 4 kilomètres une VSP, l’abbréviation de voie spécialisée partagée. Et à partir de ce moment-là, les bus peuvent l’emprunter à 50 km/h.
Mise en place depuis septembre 2007, cette mesure concerne chaque matin une quarantaine de bus qui transportent plusieurs centaines de passagers vers le centre de Grenoble. Et après plusieurs années de succès, cette première expérience va peut-être servir de base à des modifications du code de la route et des aménagements routiers autour des grandes villes. Ainsi, 4,5 kilomètres de VSP supplémentaires vont être mis en service dès le 15 décembre 2013 à Grenoble. Par ailleurs, le ministre des transports Frédéric Cuvillier a commandité en novembre un rapport sur la possibilité de développer ce type d’infrastructures dans d’autres villes et de lancer d’autres expérimentations.
« Nous sommes partis du constat que la bande d’arrêt d’urgence ne sert que 0,1 % du temps et qu’il était possible de l’aménager pour qu’elle puisse, sous certaines conditions, laisser passer les transports collectifs », explique le directeur adjoint des mobilités au conseil général de l’Isère Hervé Monnet. Il a fallu mettre en place un aménagement conséquent : panneaux lumineux d’information, caméra tous les 250 mètres et une formation spécifique des chauffeurs de bus. Le tout pour un montant de 6 millions d’euros pour la première tranche de 4 km.
« Grâce à ce système, les usagers gagnent en moyenne 5 à 6 minutes. Et la régularité et la fiabilité des lignes de bus qui entrent dans la ville sont assurées. Le bilan est donc extrêmement positif. Il n’y a eu aucun accident, certaines lignes de bus ont vu leur fréquentation plus que doubler », se réjouit Hervé Monnet. De plus, « cette mesure est moins chère que d’autres solutions et complète bien l’offre de transports. Nous œuvrons auprès des services de l’Etat pour que cette expérimentation devienne une réalité du point de vue du code de la route. »
Julien Leprovost
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