Le voile de pollution qui s’est récemment étendu sur Paris et la partie Nord de la France a replacé pendant quelques jours les questions environnementales au cœur de la campagne municipale. Et en particulier la question des déplacements. Interview de Marc Teyssier d’Orfeuil, délégué général du « Club des voitures écologiques », qui propose aux candidats une charte de la mobilité durable et les incite à s’engager en faveur des voitures écologiques.
Le pic de pollution des dernières semaines a replacé la mobilité écologique au cœur de la campagne municipale, surtout à Paris…
Nous n’allons pas nous réjouir de ce pic de pollution. Cela dit, l’alerte a été suffisamment importante pour déclencher une prise de conscience générale, susciter un large débat public et montrer la nécessité de mesures décisives, quelle que soient les prochaines équipes qui seront élues.
Que pensez-vous des propositions des différents candidats à la mairie de Paris pour diminuer la pollution ?
Chaque candidat choisit un axe pour être plus lisible à quelques jours d’une élection, mais toutes les solutions sont bonnes à prendre : il faudrait les additionner toutes. Ne faut-il que de l’électrique ? Cela ne suffira pas. Faut-il supprimer tous les véhicules diésel ? Cela semble difficile. En revanche, il est possible d’interdire des camions et de mettre en place des espaces logistiques urbains de délestage pour les livraisons en centre ville. Il faudrait aussi que la ville achète plus de véhicules écologiques qu’elle ne le fait : elle doit être exemplaire sur ce sujet. Pour ce qui est d’interdire les bus de touristes à Paris, ce n’est pas une bonne idée. Paris vit de son économie touristique et il serait dommage de supprimer ces visites par bus à deux étages, qui ont lieu dans le monde entier et font le plaisir des touristes. Il faudrait plutôt trouver des solutions pour changer le type de carburant de ces bus, pour qu’ils roulent au GPL ou au GNV. Je ne suis pas pour un véhicule unique : je suis persuadé que seul le mix énergétique permettra d’avoir le plus grand nombre de personnes roulant avec des véhicules écologiques.
Vous avez envoyé aux candidats dans les villes de plus de 20 000 habitants une charte de 9 mesures sur les voitures écologiques. Combien de candidats ont signé cette charte?
Parmi les 200 candidats à qui nous avons écrit, plus de 50 candidats ont signé la charte. A Paris, trois candidats se sont engagés sur au minimum 7 des 9 mesures : Anne Hidalgo (PS), Christophe Najdovski (EELV) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP). Les candidats engagés sont de toutes tendances politiques : je peux citer Michel Havard (UMP) à Lyon, Vincent Feltesse (PS) à Bordeaux, Pascale Chiron (EELV) à Nantes, Roland Ries (PS) à Strasbourg… Par la suite notre mission sera de communiquer sur l’exemplarité des villes engagées, de créer un réseau des villes exemplaires et d’encourager un maximum d’élus à prendre ce type d’initiatives.
En signant votre charte, de nombreux candidats s’engagent à mettre en place des outils de « discrimination positive » en faveur des voitures écologiques. Qu’est-ce que vous entendez par là ?
La discrimination positive consiste à trouver des éléments pour favoriser les voitures écologiques à partir des leviers d’action des collectivités : la voirie, les parkings payants en surface et les parkings souterrains. Les véhicules écologiques pourraient ainsi bénéficier d’une tarification plus avantageuse sur les places de parkings, qu’ils soient délégués à des entreprises privées ou en régie. Nous proposons la mise en place d’un « disque vert », qui confère une heure trente de gratuité pour les véhicules écologiques (GPL, GNV, électriques, hybrides, flexfuel E85, microcitadines de moins de 3 mètres, véhicules utilisés en autopartage). Quant aux places vertes de stationnement, elles concernent les plus petites villes qui n’ont pas de stationnement payant. Elles pourraient réserver sur leurs parkings deux ou trois places aux véhicules écologiques.
Quelles autres mesures proposez-vous dans cette charte ?
Aujourd’hui, environ 7000 bornes de recharge électriques sont installées en France, dont 4000 bornes Bolloré. Ces bornes sont de plus en plus nombreuses, mais leur nombre n’augmente pas assez vite. L’une des mesures concerne donc le développement de ces infrastructures de charge. Il est également nécessaire de mieux finaliser l’offre pour que tous les types de véhicules électriques puissent se recharger sur toutes les bornes. Les communes, les départements ainsi que l’Etat ont tous un rôle à jouer. Certains départements ont déjà réalisé des appels d’offre de 100 à 300 bornes. Si tous les départements s’investissent, cela amènera une couverture de 10000 à 30000 bornes.
Les élus ne s’en rendent pas compte, mais ils ont un rôle très important à jouer en agissant sur le stationnement. Le stationnement coûte cher et une économie de 3 euros par jour c’est une économie de 1000 euros par an. Nous faisons une autre proposition : imposer ou encourager les véhicules électriques en autopartage dans les immeubles neufs. Ce qui est mis en place en voirie pourrait très bien fonctionner dans un environnement plus restreint et je suis persuadé que les habitants seraient ravis d’avoir des véhicules en autopartage dans le cadre de la copropriété.
Cela dit, en Ile-de-France, 3000 voitures électriques sont disponibles en autopartage (Autolib’). Or, 10 millions de personnes circulent chaque jour…Il faut donc encourager les véhicules tout électriques mais aussi les véhicules hybrides, les véhicules roulant au GPL, GNV…
Si un candidat qui a signé votre charte est élu, que ferez-vous pour vérifier la bonne application des mesures ?
Nous irons tous les voir, et nous ne les lâcherons pas : c’est la règle du jeu. Nous les contacterons au lendemain de leur élection pour leur rappeler leurs engagements. Mais nous les accompagnerons également dans leur mise en place.
Propos recueillis par Hélène GÉLOT
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sihadjmohand
j’ai une proposition pour réduire la pollution atmosphérique dans les villes.
veuillez m’orienter vers un organisme qui pourrait m’aider à réaliser le projet ou à trouver un partenaire.