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La COP21, un marqueur pour les générations futures


Photos by Yann Arthus-Bertrand / Spectral Q

Habemus consensum ! Un accord universel pour le climat est né. C’est un moment de grande émotion. Bravo aux 196 délégations, bravo à la présidence française de la COP21 !

Chaque partie prenante aura un avis sur la qualité de l’accord sur le climat selon ses propres critères : trop peu, trop imprécis, pas assez ceci, il manque cela… Pour moi, l’Accord de Paris existe, il est universel, considérons-le comme une base et appuyons-nous dessus pour avancer : rien ni personne ne nous empêchera jamais d’en dépasser les objectifs !

Pour avoir assisté à plusieurs sommets, et sans pour autant nier leur nécessité, ils avaient généralement été décevants. La COP21 de Paris 2015 a montré un autre visage, celui d’une prise de conscience généralisée, d’un élan positif impulsé dès le premier jour par les chefs d’états et de gouvernements, par une attention soutenue de la société civile, par une dynamique construite depuis les COP de Durban et Lima, et par un engagement sans faille de l’équipe France. Et tout cela malgré les attentats de Paris qui ont précédé la réunion et impliqué l’annulation de la grande marche pour le climat qui devait rassembler des centaines de milliers de personnes de tous horizons.

Le 12 décembre, les dirigeants du monde ont saisi l’occasion de changer le monde et de faire histoire. Leur émotion était palpable, nous avons assisté à un beau moment où les sentiments, toujours en retrait dans leurs fonctions politiques, sont apparus au grand jour. Finalement, ce sont aussi des femmes et des hommes… comme chacun d’entre nous. Et maintenant ?

Les informations sur le lien entre action humaine et climat en ont traditionnellement souligné les impacts négatifs: pollution, déforestation, évènements climatiques extrêmes, montée du niveau des océans. C’est une vision de constat et de réparation. Je considère qu’il est largement temps de se tourner vers la racine du mal, et mettre en lumière la nécessité de s’interroger sur les valeurs fondamentales qui doivent nous guider, la nécessité de remettre en question notre modèle de société de consommation sans limites.

On doit continuer à montrer la variété d’options qui se présentent à chacun pour agir à petite ou grande échelle, on doit continuer à valoriser des solutions économes de ressources, des alternatives qui inspireront de très nombreux acteurs, bien au-delà du cercle des convaincus. Les exemples réussis d’économie de partage et d’économie solidaire foisonnent. Nous devons continuer à progresser dans une voie qui réduit la pression sur les ressources de la planète, tout en répartissant mieux l’effort et les richesses.

Car une partie de la solution viendra de l’Accord de Paris, qui nous montre la voie à partir de 2020. L’autre partie viendra des citoyens, de vous, de moi… au quotidien et dès aujourd’hui. Et l’un n’exonère pas l’autre. Aux dirigeants de mettre en œuvre les politiques indispensables, et aux citoyens de montrer aux Etats qu’ils s’engagent déjà et qu’ils sont prêts à aller plus avant, plus rapidement et de façon différente de ce qui a existé jusqu’alors.

En sus de la conclusion d’un accord historique, la COP21 doit rester un marqueur, une graine d’espoir, de création et de regain de confiance. Croire de nouveau en la société civile et son inventivité pour l’action locale, croire de nouveau en la capacité des gouvernements à engager réellement l’action globale par delà les frontières.

L’Accord de Paris indique au monde entier qu’il y a une volonté de transformation, de ne pas céder au fatalisme, mais d’envisager notre futur avec un mode de vie plus solidaire, plus respectueux des droits de l’Humanité et de la planète.

Nous vivons en effet une époque de changements rapides, cela effraye. La biodiversité se réduit rapidement sous l’action de l’homme et des dérèglements climatiques. Les sociétés évoluent vite, trop vite pour nous. Nous perdons nos repères, l’avenir est difficile à entrevoir pour beaucoup.

Pourtant, ce n’est pas le propre du futur que d’être dangereux. L’Accord de Paris montre que nous sommes capables de bâtir un futur pour tous, de résoudre intelligemment nos problèmes par le dialogue, l’échange et les négociations, si on ne laisse pas de côté l’incontournable solidarité. Je souhaite que chacun se rappelle qu’il fait partie du grand ensemble appelé « Humanité » et que nous ne pourrons aboutir à un monde durable que si nous n’oublions pas les « Autres » dans nos réflexions et nos actions. Le monde de demain sera celui de cette humanité qui partage la même planète, dont un habitant doit toujours avoir à l’esprit que son action aura un effet sur sa vie, mais aussi sur les autres habitants.

L’Accord de Paris est à la fois un aboutissement et un départ. Car il n’efface pas les défis écologiques, sociaux et humains qu’il nous reste encore à relever. C’est pour ça que je les mets au cœur de mon travail avec Human, mon dernier film. À l’humanité de faire preuve d’inventivité et de générosité pour les résoudre. Nous avons un grand pouvoir, et un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Pour ma part, et avec la Fondation GoodPlanet, je poursuivrai mon engagement avec toute ma force, pour une société plus altruiste, consciente des limites de sa planète, et pour ainsi mieux vivre ensemble. L’Accord de Paris et l’esprit de sa genèse seront pour ce faire une référence, une source d’inspiration et d’énergie.

Yann Arthus-Bertrand
Thierry Touchais, directeur général de la fondation GoodPlanet
Texte également publié dans le Huffington Post

4 commentaires

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    • Petitalot

    Messieurs les « décideurs » qu’avez-vous fait lors des 20 COP précédentes ? 20 ans où rien n’a bouger – dans le bon sens pour notre planète. Et encore des bla bla et encore des promesses…
    Et une majeure parti de ces promesses vont théoriquement commencer en 2025, dans 10 ans!!!
    C’est affligeant – pour être poli !

    • Claude Renaud

    Bravo! ils sont tous tombé d’accord pour décider qu’ils ne feront rien. Congratulations et sanglots
    dans la voix. Touchant et pathétique. Et maintenant, on fait quoi? Hé bien! on continue comme
    avant.
    Dans 15 jours, le Dakar va repartir sans état d’âme. Une nouvelle saison de Formule 1 suivra.
    Les Jeux Olympiques de 2024 sont déjà d’actualité. Le Katar attend sa Coupe du monde de foot
    pour 2022. Et, tout au long de l’année, des compétitions internationales de tous ordres qui génèrent
    des migrations de supporters dans un tourbillon incessant. Et tout ça dans la plus grande neutralité
    carbone comme chacun sait. Et, cerise sur le gâteau, le gouvernement qui s’accroche à son
    aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Sans oublier, 4X4 et Jets privés, bien sûr.
    Abnégation, équité, partage, autant de mots inconnus de nos dirigeants. J’ai l’impression d’être le
    seul à aimer mes enfants et petits-enfants et à me battre pour eux.
    Vous y croyez, vous, à l’avenir de l’Humanité?
    Claude

  • Depuis bientôt 17 longues années, je tente de sensibiliser nos (très) chers décideurs sur la pollution plastic des océans Pacifique et Atlantique centraux. Rien ne se fait car, en dehors des eaux territoriales, il n’est pas possible d’engager d’action. Dixit ONU, Commission Europe, France et autres. Il ne s’agirait, pourtant que de l’adjonction de bras oscillants sur des navires existants qui récupèreraient ces molécules en plus d’hydro-carbures. Alors, on peut faire des COP 21, 22, 23 et même 50 ou 200. Rien ne se fera. Et s’ils veulent en faire, qu’ils les fassent en Chine ou patagonie inférieure ou autre Zimbabwé. On en a marre d’être toujours ceux qui invitent à nos (très grands) frais. Combien nous a coûté cette plaisanterie? Avec hôtels de luxe, bonne bouffe avec grands vins? A nous que l’on empêchait d’entrer?

    • Voltz

    Déjà enterrée la cop 21.
    Absence de l’agriculture, et puis …..
    http://www.goodplanet.info/actualite/2015/12/18/gb-nouvelles-licences-dexploration-pour-le-gaz-de-schiste/

En Thaïlande, des systèmes de détection des tsunamis pour éviter que le pire ne se reproduise

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