A 500 mètres sous terre pour préparer l’éventuel enfouissement des déchets radioactifs dans l’est de la France

Bure

Du personnel travaille au creusement d'une galerie à Bure © GoodPlanet/Julien Leprovost

Perdus sur un plateau venteux situé entre la Haute-Marne et la Meuse, seuls quelques bâtiments épars révèlent l’emplacement du laboratoire de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Aussi connu sous le nom de laboratoire de Bure, ce site devra, à terme et sous certaines conditions, accueillir un site de stockage des déchets radioactifs de haute activité et à durée de vie longue : Cigéo (centre industriel de stockage géologique). Sa construction n’a pas encore été autorisée. Seul le laboratoire a été creusé, il se trouve en pleine campagne. Cette année, le laboratoire de Bure fête ses 15 ans, l’occasion de revenir sur le projet d’enfouissement des déchets radioactifs en France.

Seul le labo de Bure a été construit, il vise à démontrer la faisabilité de l’enfouissement des déchets radioactifs. Le personnel de l’Andra insiste bien là-dessus : « aucun déchet radioactif n’est entreposé dans le laboratoire de Bure », et pour cause, ce n’est pas sa finalité .

« Ici, nous faisons de la géologie pratique avec un objectif précis », résume Fréderic Plas directeur Recherche et Développement à l’Andra qui rappelle que le labo doit fonctionner jusqu’en 2030. D’ici là, il sert avant tout à tester la manière de procéder afin d’enterrer des déchets radioactifs, donc dangereux pour les êtres vivants, sans que ceux-ci ne représentent une menace pour les générations futures.

Un colis vide de déchets radioactifs © GoodPlanet/Julien Leprovost
Un colis vide de déchets radioactifs descendu dans le laboratoire de Bure pour des expérimentations  © GoodPlanet/Julien Leprovost

« Le laboratoire permet de voir comment la roche réagira durant la phase d’exploitation de Cigéo, c’est-à-dire quand le site recevra les colis de déchets radioactifs à stocker », explique-t-il. D’autres pays comme la Suède, la Finlande ou les Etats-Unis ont lancé des projets similaires, mais la technologie reste encore à préciser, à expérimenter, à évaluer et à développer, précise Fréderic Plas qui insiste sur l’aspect création d’un processus sécurisé : « le labo nous sert à concevoir le stockage et à imaginer et inventer des scénarios technologiques ».

A 500 mètres de profondeur

Bure
L’ascenseur d’accès au laboratoire. de Bure © GoodPlanet/Julien Leprovost

Après une formation de sécurité, il faut s’équiper d’un casque avec lampe frontale et de chaussures de sécurité pour emprunter un petit ascenseur rouge. La descente vers le labo dure 5 minutes. Marc Antoine Martin chargé de la communication explique que « le puits et l’ascenseur ne font pas plus de 5 mètres de diamètre pour rassurer les riverains et leur garantir que le site du laboratoire ne servira pas à y entreposer des déchets radioactifs, ces derniers sont trop volumineux pour entrer. »

Une fois en bas, c’est plus de 1,5 km de galeries qui ont été creusées. Moins d’une cinquantaine de personnes y travaillent en permanence : certains creusent des galeries, d’autres effectuent des expériences et des relevés scientifiques. Ils expérimentent des techniques de forage, ils contrôlent la température et les réactions de la roche.

Fréderic Plas résume : « le principe de stockage que nous envisageons fonctionne sur le modèle des poupées russes avec un ensemble de barrières pour empêcher ou limiter la migration des radioélements : par exemple pour les déchets de haute activité, du verre, puis de l’acier pour le colis et enfin l’argile qui enferme le colis sous terre dans le site de stockage ». Le laboratoire a lui aussi vocation à être rebouché à terme,.

Pouvoir revenir en arrière

Le parlement examinera le dossier et se prononcera dans les prochaines années sur l’ouverture et la création du site. Si cette étape est passée avec succès, les travaux pour creuser les premières galeries débuteront vers 2020 et le site rentrera en phase d’exploitation vers 2030. Durant une centaine d’années Cigéo sera ouvert pour y enfouir les déchets radioactifs français de haute activité et à vie longue. La surface occupée en souterrain couvrira 15km2 et les deux installations de surface (réception des colis et aplomb du stockage) occuperont chacune quelques centaines d’hectares. Les galeries du Cigéo et celle du labo sont indépendantes et ne se croiseront pas.

Les galeries du laboratoire de Bure © GoodPlanet/Julien Leprovost
Les galeries du laboratoire de Bure © GoodPlanet/Julien Leprovost

De fait le site restera ouvert une centaine d’année pour recevoir les colis de déchets radioactifs avant d’être rebouché et scellé. En 2015, la France comptait plus de 1 460 000 m3 de déchets radioactifs. Le Cigéo en accueillera une partie : les déchets dits hautement radioactifs et à vie longue, soit 70 000 m3 de déchets dits de moyenne activité à vie longue et 10 000 m3 de déchets dits de haute activité.

 Julien Leprovost

Plus loin sur le sujet :
– La Finlande autorise le stockage longue durée de ses déchets radioactifs sous terre

– Bure, les opposants au municpales

– La bande-annonce d’Into Eternity, documentaire sur le sujet tournée en Finlande

13 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Rien qu’avec le nom qu’il a « Cigeo », chacun peut déjà pensé que ce projet, d’au moins 35 milliards d’euros, soit le prix de la construction de 3 EPR, excusez du peu, est mort-né, Cigeo pour ci-git, Cigeo
    Mais ce n’est pas qu’un mauvais jeu de mot révélateur, la réalité profonde, c’est que les présupposés géologiques autant qu’humains sur lesquels se sont appuyés les concepteurs du projet, ne tiennent et surtout ne tiendront pas la route.
    La profondeur avant tout est bien trop insuffisante, et même ridicule, pour prétendre pouvoir garantir la sécurité sur la durée d’hyper dangerosité, soit plusieurs dizaines de millions d’années qu’un tel stockage nécessiterait, d’autant que ces déchets sont instables physiquement et vont se transmuter en d’autres éléments chimiques, dont certains gazeux, le radon notamment, mais toujours radio-actifs et qui finiront forcément par pouvoir gagner la surface.
    C’est donc là un projet-alibi assez pitoyable, qui, en plus d’être hors de prix, ne garantit strictement aucune sécurité d’autant qu’il faut rajouter, au facteur d’incertitude géologique, le facteur humain, qui, d’une manière ou d’une autre, insatiable curiosité humaine aidant, poussera forcément à déterrer, un jour ou l’autre, ces étranges colis…
    En ce domaine incertain et complexe de l’enfouissement des déchets radio-actifs à vie longue, le concept d’enfouissement, depuis les origines du projet, mais surtout ailleurs dans le monde, a bien évolué et Cigeo fait déjà figure d’ancêtre très imparfait, voir même d’exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire.
    Deux améliorations de l’idée se sont fait jour, mais en France évidemment, désinformation systématique du criminel lobby des nucléocrateux aidant, peu de monde en est seulement informé.
    La première, et la réalisation se trouve en Suède, c’est de creuser, depuis la côte, des tunnels sous la mer pour y enfouir les déchets afin d’augmenter la difficulté physique d’y accéder pour les futurs et très lointaines générations, tout en assurant que ces déchets ne seront sous les pieds de personne.
    La seconde c’est d’enfouir ces déchets, dans des puits à 5000 mètres, soit dix fois le profondeur de Cigéo, par des techniques de forages pétroliers.
    Mais l’idéal serait de pouvoir un jour pas trop lointain, et les technologies spatiales ayant progressé fortement en coûts dégressifs, comme en sécurité, les envoyer dans l’espace, sur des orbites autour du soleil, modifiées par des réactions de gravitation couramment employées aujourd’hui pour envoyer des sondes vers des planètes lointaines à meilleur coût et qui ne seraient plus avec la Terre sur le trajet de l’orbite. On en est encore loin, mais ce serait l’idéal.
    Enfin, la physique fondamentale ayant progressé, on peut envisager de raccourcir en les accélérant, les durées de transmutation de ces déchets radio-actifs, afin de les rendre bien plus rapidement, inoffensifs. Des réalisations pratiques ont déjà été proposées, en ré-exposant ces déchets à des flux intenses de neutrons dans des réacteurs nucléaires, mais on produirait ainsi, en l’état actuel très insuffisant de nos connaissances, plus de déchets qu’on en neutraliserait.
    L’idéal aurait été tout simplement, mais il est bien trop tard maintenant, de ne jamais avoir produit ces déchets et donc de ne jamais avoir ouvert aussi grand, la boite de Pandore du nucléaire, en passant à l’électronucléaire, qui impliquait des volumes bien plus importants, se chiffrant en dizaines de milliers de tonnes, que la simple recherche fondamentale et indispensable, n’en nécessitait.
    Le problème des déchets radio-actifs de l’industrie de l’électronucléaire est aujourd’hui très grave, hors de prix et insolvable, au moins de l’aggravons pas en continuant à produire ces déchets par milliers de tonnes, c’st-à-dire renonçons à employer la fission nucléaire pour produire de l’électricité, d’autres technologies, les renouvelables, produisent le courant aujourd’hui pour moins cher et sans ces monstrueux et mortels inconvénients.

    • Damien

    Vive les énergies renouvelables, arrêtons de produire des déchets.

  • Comme sa , une idée , et si on envoyait les déchets radioactif dans les volcans…….?

    • Trop dangereux. Ils seraient « recrachés » dans l’atmosphère à la première irruption…. Et comment mettre industriellement en œuvre un tel stockage sur un site aussi géologiquement instable ?

      La solution la plus sûr, à long terme, reste le stockage profond et définitif.

        • Dany

        Stopper le nucléaire est la solution. Rien d’autre

    • Chaumien

    Si nos théoriciens ne savent pas quoi faire de leurs élucubrations, qu’ils ne refilent pas le bébé à la postérité.Cessons de polluer la nature.

  • Cigéo :
    le plus monstrueux des GPII, grands projets ineptes et imposés
    ce qu’en dit le groupe de réflexion sur les enjeux ETHIQUES
    http://cedra52.fr/documents/divers/groupe%20ethique%2031p.pdf
    >>> Oskar L, pouvez-vous prendre contact svp….

    • Mona

    STOP… DANGER…!!
    Arrêtons ce projet.

    • Marc

    Un projet multiplié par 2 avant même de commencer!!! Quand on voit l’augmentation du prix des EPR après le démarrage des travaux, Cigeo terminera à 60 milliards… Les producteurs de déchets nucléaires connaissent bien cela car ils le vivent au quotidien au travers des autres projet et ils veulent nous faire croire que ca ne coûtera que 20 milliards… Et qui paye à la fin : les contribuables!!!

    • Mona

    Il faudra encore et encore manifester pour que cela n’aboutisse pas.
    Les contribuables sont plus nombreux que ces dirigeants… s’ils sont plus puissants, c’est par les menaces de licenciements et de non-rentabilité de leurs actions en bourse… la plupart des employés étant actionnaires de leurs propres entreprises… Le piège bien orchestré des soit-disant grands-patrons… voyous à qui l’on octroie des primes de toutes sortes pendant que les ouvriers et employés gagnent le smic.
    Combien de temps accepterons-nous ces dérives….?

    • Sébastien Chandonay

    Si seulement l’Homme savait se limiter, le nucléaire ne serait pas nécessaire et la gestion des déchets encore moins.

    • Balendard

    La réponse d’un Lutin thermique à cette débauche
    Voir surtout le chapitre 3
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf

Intrusion de Greenpeace à la centrale nucléaire de Gravelines pour alerter sur le risque de submersion

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