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Orpaillage illégal en Guyane, il est possible de retrouver l’origine de l’or

orpailage

Manifestation contre l'exploitation illégale de l'or en Guyane © AFP PHOTO / JODY AMIET

A la demande du WWF, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a mis au point un procédé pour retrouver l’origine de l’or. Cette démarche poursuit une campagne du WWF de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane française. Le BRGM a démontré, grâce à des analyses d’échantillons prélevés sur le terrain, qu’il était possible d’identifier la provenance d’un morceau d’or. C’est une avancée dans la lutte contre l’orpaillage illégal qui va permettre aux autorités judiciaires de remonter les filières d’or et aux revendeurs de certifier la provenance de leur matières premières.

Le WWF et le BRGM viennent de rendre public les résultats d’une étude de faisabilité sur la traçabilité de l’or en Guyane. Le fait de connaitre l’origine d’un grain d’or permet de distinguer l’or produit illégalement de celui issu des mines déclarées. Entre 1 à 2 tonnes d’or sont extraites légalement en Guyane contre à 5 à 10 tonnes pour la filière clandestine. En étudiant une trentaine d’échantillons d’or guyanais, le BRGM a pu déterminer leur provenance. C’est une première qui ouvre des voies dans la lutte contre l’or illégal. En Guyane, les mines d’or clandestines entrainent le déboisement, la pollution des cours d’eau au mercure et des problèmes sociaux ainsi que la présence de groupes criminels. Le WWF estime que  24 000 ha de forêts sont impactées par orpaillage.

Laurent Bailly ingénieur géologue au BRGM, qui a participé à l’élaboration de cette méthodologie, explique « il n’existait aucune technique établie pour déterminer l’origine de l’or, nous avons donc repris les techniques que nous utilisons habituellement en caractérisation minéralogique pour retrouver la signature particulière d’un échantillon d’or ». Cette signature chimique ou minéralogique donne une indication sur le lieu d’extraction.

En effet, les scientifiques du BRGM ont constaté que chaque échantillon étudié provenait d’un site qui avait des particularités qu’il était possible d’identifier. Ainsi, avec suffisamment d’échantillons, ils peuvent établir une carte des gisements et de leurs propriétés. Il suffit alors de comparer les caractéristiques d’un morceau d’or à celles des échantillons enregistrées dans une base de données afin de savoir si le minéral provient d’un gisement légal ou non.

« Nous recherchons les autres minéraux inclus dans ces grains d’or, nous étudions la chimie des particules d’or et des autres éléments, ou nous nous recourons à une analyse isotopiques pour rechercher du plomb ou de l’argent pour déterminer la source de l’or, précise le géologue. Nous cherchons à ce que cette méthode ne soit pas trop contraignante ni trop couteuse afin qu’elle soit adoptée par les exploitants de mine et les autorités. »

Le WWF voit deux applications futures à ce procédé : «  Les enquêtes judiciaires en matière d’orpaillage pourraient notamment disposer d’un outil supplémentaire pour déterminer l’origine d’échantillons saisis, tandis que les opérateurs miniers pourraient valoriser leurs bonnes pratiques à l’aide d’une garantie d’origine contrôlée. »

« Il est donc important de connaître l’origine de l’or commercialisé, et notamment de distinguer son origine légale ou illégale, afin de ne pas encourager le phénomène destructeur de l’orpaillage illégal. », estime le WWF qui plaide pour une traçabilité de l’or et le développement d’une certification sur sa provenance. Près de 82 % des bijoutiers ne savent pas d’où provient le minéral qui a servi à fabriquer les bijoux qu’ils vendent.

L’ONG rappelle dans un communiqué que le problème de l’orpaillage n’est pas qu’environnemental « deux filières minières se partagent aujourd’hui l’extraction aurifère : une filière officielle, employant environ 500 personnes pour une production annuelle comprise entre 1 et 2 tonnes, et un secteur illégal produisant environ 10 tonnes par an grâce à une main d’œuvre majoritairement clandestine pouvant compter jusqu’à 10 000 « garimpeiros ». L’orpaillage illégal s’accompagne de déforestation, d’utilisation du mercure, une substance toxique et interdite qui est rejetée dans les cours d’eau de la région et de développement de la criminalité et de la violence.

Julien Leprovost

3 commentaires

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  • Une table ronde a été organisée sur l’orpaillage illégal en Guyane le 17 février dernier à l’Assemblée Nationale (commission du développement durable). Notre collectif citoyen, Hurleurs de Guyane, était représenté et a été auditionné. La question de la traçabilité a été évoquée à plusieurs reprises par des députés. A l’issue de cette table ronde, et pour répondre à notre demande, il a été décidé de mettre en place une mission d’information indépendante inter-commissions. Sachant que l’or natif de Guyane provenant de l’orpaillage illégal est exfiltré vers les pays voisins (Suriname et Brésil), une coopération transfrontalière est primordiale, déjà pour lutter efficacement contre l’orpaillage illégal, mais désormais pour que l’or de Guyane puisse être tracé à l’étranger et restitué. Ceci entrerait dans le périmètre d’action de la future mission d’information inter-commissions, via la Commission des Affaires Etrangères.

    • mona

    Cela évitera tant de morts….

    • FERREYRA

    Voilà une belle mission vitale pour Mme Taubira…..à défaut de s’en être occupé lorsqu’elle était, je crois, députée de la Guyane……
    Cette situation qui dure depuis si longtemps est un vrai crime,
    Imaginons si la même chose se passait en Normandie , il y en aurait du « remue ménage » et des solutions !!!!!