Passoires énergétiques, il faut maintenant passer de la parole aux actes

La rénovation thermique  des passoires énergétiques est une urgence sociale, environnementale et économique. Le Président Emmanuel Macron et le gouvernement ont intégré cet objectif parmi les priorités du quinquennat, mais n’ont, à ce stade, proposé aucune solution concrète afin d’assurer sa mise en oeuvre. Le temps des promesses est révolu : ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont des investissements et des outils pour réaliser les travaux nécessaires à la rénovation des 7,4 millions de logements passoires d’ici 2025.

7,4 millions de passoires énergétiques en France

Il existe actuellement 7,4 millions de « passoires énergétiques » parmi les résidences principales du
parc privé français, c’est-à-dire des logements particulièrement énergivores ayant une étiquette
énergie F ou G. En plus de leur impact sur l’environnement, ces passoires énergétiques dégradent
la situation financière et sociale des ménages qui les occupent, parmi lesquels 2,6 millions de ménages
modestes. Ces derniers représentent ainsi près de la moitié des 5,8 millions de ménages en
situation de précarité énergétique selon les indicateurs de l’Observatoire national de la précarité
énergétique. L’amélioration de la performance énergétique des logements est une solution
concrète pour faire baisser la facture énergétique des ménages et de la société française dans son
ensemble de manière durable, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre du secteur
résidentiel, actuellement responsable de 11 % des émissions totales de la France

Passons de la parole aux actes

Début juillet 2017, lors de la présentation du Plan Climat, Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, affirmait haut et fort sa volonté de « faire disparaître les passoires thermiques en dix ans grâce à un plan d’investissements de quatre milliards d’euros ». « Des mesures à la fois incitatives et coercitives seront prises pour que les propriétaires rénovent les logements ‘passoires’ mis en location », promettait-il alors.

Premières déceptions

Trois mois plus tard, dans nos esprits, le doute a remplacé la satisfaction initiale de voir le gouvernement placer parmi ses priorités du quinquennat la rénovation des logements-passoires, objectif porté par notre Initiative depuis sa création. Les différentes mesures présentées courant septembre revoient les objectifs initiaux à la baisse et n’offrent pas les moyens suffisants pour assurer le démarrage effectif des travaux. Le Plan logement n’a pas permis de dégager des propositions concrètes en faveur de la rénovation énergétique des passoires. Le projet de Loi de finances 2018 et le Grand Plan d’Investissements (GPI) sont en dessous des investissements annoncés. Et la feuille de route gouvernementale pour la rénovation énergétique que nous attendons depuis fin juillet tarde à venir.

Ces annonces mettent en lumière un problème de pilotage au sein du gouvernement pour mener à bien cette mission-phare qui nécessite pourtant d’agir de façon rapide, efficace et juste. Selon les membres de l’initiative Rénovons, ces incohérences caractérisent les premiers mois du quinquennat et remettent déjà en cause la promesse de campagne d’Emmanuel Macron de rénover la moitié des passoires énergétiques des propriétaires les plus modestes dès 2022. Les leviers à actionner sont pourtant connus !

500 000 rénovations par an

selon la loi de transition énergétique Actuellement, 288 000 « rénovations performantes » de logements privés ont lieu chaque année, selon l’Ademe. Parmi elles, 54 000 seulement concernent des passoires énergétiques, soit des logements de classe F ou G dans l’échelle du diagnostic de performance énergétique. La loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015) fixait un cap à 500 000 rénovations par an à partir de 2017, dont la moitié pour les ménages modestes. Nous en sommes donc loin.

L’Initiative Rénovons qui a réalisé début 2017 une étude précise des multiples bénéfices économiques, sanitaires et environnementaux d’un plan de rénovation ambitieux, a établi une feuille de route qui présente les efforts concrets à fournir pour accélérer ce rythme et prendre les décisions qui s’imposent.

• A ce jour, il n’existe pas de plan d’action national et complet, piloté à haut niveau gouvernemental, qui vise à réformer l’écosystème de la rénovation énergétique. S’il y a bien une attention marquée à la précarité énergétique, rien ne dit dans les documents gouvernementaux comment parvenir à durablement endiguer le phénomène.
• Aucune annonce n’a été faite sur une réforme de l’offre de travaux en vue d’améliorer la performance des chantiers et restaurer la confiance des clients, des ménages, afin de leur permettre de prendre le risque d’investir plus sereinement.
• Les évolutions des aides font l’objet d’annonces fluctuantes, ce qui n’est pas de nature à rassurer les parties prenantes. Certaines annonces présidentielles, comme le fonds d’investissement de 4 milliards d’euros ou l’audit gratuit pour les ménages modestes, sont non suivi d’effets ou trop partiellement.
• Les actions de renforcement de “l’amont de la filière” par des dispositifs couvrant la totalité du territoire et permettant de mieux repérer les ménages en précarité énergétique et leur proposer la solution la plus adaptée à leur situation, ne sont mentionnées dans aucun document disponible.

Les propriétaires modestes, mais aussi les locataires tributaires de leur bailleur, sont dans l’attente d’un plan d’accompagnement clair et fiable, et d’outils financiers adaptés, pour les aider à rénover leur logement. Une feuille de route gouvernementale pour la rénovation énergétique, encore à paraître, doit impérativement fixer un cap stratégique et présenter un projet complet qu’il faudra porter collectivement.

Par Rénovons !
Rénovons ! est une initiative composée d’acteurs divers rassemblés pour faire de la fin des passoires énergétiques une priorité nationale afin de résorber structurellement la précarité énergétique : associations et fondations sociales et environnementales, opérateurs, acteurs économique; La Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique-Caritas France, Le CLER-Réseau pour la transition énergétique, Le Réseau Action Climat, SOLIHA-Solidaires pour l’Habitat, le Groupe Effy, la Fondation Schneider Electric et Schneider Electric sont à l’origine de l’initiative Rénovons !

3 commentaires

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  • Nous sommes sur la mauvaise voie

    Balendard Lutin thermique et aussi citoyen français a expliqué au travers de BATIACTU ce qui selon lui devrait être entrepris
    pour allez dans le sens de l’atténuation climatique et non de son aggravation.

    Ceci à l’occasion des JO 2024 à Paris

    http://www.batiactu.com/edito/renovation-tour-montparnasse-nouvelle-aom-gagne-concours-50461.php

  • Balendard porte-parole du CSLT va acheter le livre de Benjamin Griveaux porte-parole du gouvernement
    « Salauds de pauvres »

    Si Benjamin Griveaux a un doute sur ce qu’il faut faire pour solutionner le problème des passoires thermiques il lui propose de lire le sien :
    « La chaleur renouvelable et la rivière »

    • Soni Burnette

    Avec les Ayatolas et autres petits cheffaillons des services d’urbanismes des Mairies et des bâtiments de France y a de grande chance que cela prend 500 ans en dossiers administratifs pour aboutir. ils ne savent même pas plus ce que service publique veut dire et ne veulent même plus vous recevoir pour étudier un dossier ou avec un peux de chance si vous avez un rdv il ne se positionneront jamais et ensuite vous refuse vos PC et autres DP……..
    La plupart du temps les gros travaux d’isolation les plus performants sont impossible (par l’extérieur) des panneaux solaire oui ils faut juste qu’il soient invisible, une fenêtre triple vitrage oui par contre il la faut à l’identique de la fenêtre du 17eme siècle d’un monument qui se trouve a 1km !!!!!
    Bref que du blabla
    Ils auront l’air bien avec des belles passoires aux normes de l’urbanisme quand nous seront tous crevés a cause du réchauffement climatique. Les belles facades ca sauvera pas notre planète

Patrick Criqui, directeur de recherche au CNRS à propos des enjeux de la COP29 : « réduire les émissions de gaz à effet de serre est moins coûteux dans les pays du Sud que dans les pays du Nord »

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