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Un état de catastrophe pas si naturelle que ça

catastrophes naturelles

Restaurant inondé entre Lux et Saint Loup de Varennes, Saône-et-Loire, France (46°44’ N - 4°53’ E). © Yann Arthus-Bertrand

 France Nature Environnement réagit après la crue de la Seine et les inondations qui ont touché la France début 2018. L’association plaide pour la prévention plutôt que de toujours considérer ces catastrophes comme seulement naturelles grâce à  une remise en cause de l’urbanisation, un verdissement des villes et une meilleure information des populations aux risques. Nous republions ici leur appel.

Un état de catastrophe pas si naturelle que ça

Le gouvernement vient de décréter l’état de catastrophe naturelle pour 275 communes suite aux récentes inondations. Une situation qui se répète d’année en année, sans qu’aucune leçon n’en soit tirée. France Nature Environnement rappelle que ces dégâts pourraient pourtant être en grande partie évités, à condition de revoir notre politique d’aménagement du territoire pour permettre à la nature de jouer son rôle de régulateur.

Des phénomènes naturels aux dégâts dus à notre gestion du territoire

L’inondation est la première cause de déclaration d’état de catastrophe naturelle en France : près de la moitié des communes françaises sont concernées par ce risque. Si la pluie et les crues sont des phénomènes naturels, le fait qu’ils génèrent de telles inondations et de tels dégâts est dû pour l’essentiel à notre façon d’aménager le territoire.

L’imperméabilisation des sols, la construction sur de nouvelles zones à risques, l’édification systématique de digues, la destruction de zones naturelles et agricoles qui permettent de réguler les inondations… ne sont plus acceptables. Il est urgent de modifier notre mode d’aménagement du territoire et de s’appuyer sur des solutions fondées sur la nature pour éviter d’en arriver à de telles catastrophes :  il est nécessaire que tous les territoires à risque inondation soient couverts par un plan de prévention des risques, annexé sans délai au plan local d’urbanisme et opposé avec rigueur aux permis de construire.

Des sols urbains et agricoles qui n’infiltrent plus l’eau

L’infiltration de l’eau de pluie dans le sol est essentielle pour réguler les risques d’inondations. Or, les sols sont imperméabilisés en ville mais également sur les terres agricoles : résultat, 90% de l’eau ruisselle et 10% seulement s’infiltre dans les sols. Parmi les causes, l’agriculture conventionnelle appauvrit les sols, les assèche sans aucune prise en compte des impacts et conduit à leur imperméabilisation. De leur côté, béton et bitume continuent de coloniser les espaces agricoles et forestiers, empêchant les eaux pluviales d’être retenues par les obstacles naturels (talus, haies, fossés, …) et absorbées par les sols.

L’Etat et les collectivités doivent agir : les arrêtés de catastrophe naturelle ne peuvent pas être la seule réaction face à de tels événements. Pour Christian Garnier, responsable des questions urbaines à France Nature Environnement, « il est urgent de remettre de la nature en ville, de rétablir les talus, brise-vents, prairies et boisements en milieu rural et de réinventer une véritable ingénierie écologique et paysagère des territoires ».

Apprendre des inondations passées en conservant une mémoire du risque

Il existe de multiples outils en matière de prévention des inondations, de l’échelle communale à l’échelle nationale. La prise en compte de la culture du risque inondation dans ces outils est un levier essentiel de la prévention des risques d’inondations. Pour Philippe Lagauterie, du réseau Eau et Milieux Aquatiques de France Nature Environnement, « Il faut aider les populations à mieux connaitre le phénomène de crue pour le prévenir et s’adapter. Les assurances ont le tort d’aider, voire d’encourager, la remise en l’état à l’identique. Dans certains endroits, il vaudrait mieux abandonner les constructions et permettre aux riverains de se reloger et laisser les terrains gagnés pour l’expansion de crue. »

Ainsi, France Nature Environnement propose que lorsqu’une commune est concernée pour la seconde fois par un état de catastrophe naturelle, les discussions portent sur la reconstruction du bâti dans une zone qui ne soit pas à risque, et non sur une reconstruction à l’identique.

Un état de catastrophe pas si naturelle que ça
France Nature Environnement
Février 2018

6 commentaires

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    • joel BERTHELEMY

    Effectivement on a muré certains fleuves l eau prend de la vitesse comme sur un autoroute et fait des dégâts dans les zones naturelles. Les communes impactées doivent elles payer le prix fort pour la tranquillité des habitats urbains?

    • Claude Courty

    La gestion de ce risque est probablement parmi ceux qui illustrent le mieux la stupidité avec laquelle l’homme méconnaît la mesure dans laquelle il contribue à la première cause de ses malheur, qu’est sa propre prolifération.
    D’une part l’augmentation de ses besoins de toutes sortes, y compris infrastructurels, tels qu’ils en résultent, n’est-elle pas le premier facteur de cette aggravation constante ?
    D’autre part n’est-il pas évident qu’une eau excédentaire ne peut que déborder de ses réservoirs pour reprendre son cours lorsqu’ils sont pleins ?

    • LAMBEAUX Daniel

    L’ historique des données météo nationales, sommation des précipitations, intégrale des températures et des vents depuis l’ ère industrielle, et l’accès à la base de données CATNAT doit être public et gratuit.

  • Il va falloir réagir rapidement avec

    Les bétons poreux qui permettraient dans les zones urbanisées de favoriser les écoulements vers les nappes libres souterraines afin d’éviter le ruissellement de surface et ses conséquences.

    Une action consistant dans l’établissement d’une carte de France plus détaillée que celle créée à l’occasion du tracé des bassins versants. Ceci afin de délimiter les zones inondables afin d’y interdire toute construction de logements et les réserver à d’autres usages
    http://www.rivieres.info/patri/grands-bassins-versants.pdf

    Une prise de conscience que la rivière est aussi une formidable source d’énergie thermique
    voir http://www.infoenergie.eu

      • Michel CERF

      l’idée est bonne mais ces eaux sont polluées et irons en polluer d’autres .

    • DESCLAUD DESCLAUD

    Dans les CLE (Commission Locale de l’Eau) des SAGE (Schéma d’Aménagement et Gestion de l’Eau), le collège des élus est réglementairement majoritaire. Les réglement des SAGE s’impose aussi aux administrations … Avec la loi GEMAPI (Gestion de l’Eau des Milieux Aquatiques et de la Prévention des Inondations) la responsabilité va aux EPIC (pour simplifier). Ce sont les mêmes qui ont désormais à gérer les PLUi (plan locaux d’Urbanisme intercommunaux). Or ce sont aussi les maires et ces élus (des EPIC) qui par exemple demande « l’assouplissement » (la laxisation) de la loi littoral !?
    Qui à La Faute-sur-Mer à construit le plus en zone inondable et submersible !? N’est-ce pas un Maire ??! 29 morts dans cette commune sur 47 au total (Xynthia) ? En final, relaxé …
    Patrice.