Delhi se réveille dans la pollution après les pétards de Diwali


Un épais nuage de pollution recouvre New Dehli le 8 novembre 2018, parès la fête de Diwali marquée par des tirs de millions de pétards © AFP Money SHARMA

La pollution atmosphérique atteignait jeudi l’un de ses pics de la saison dans la capitale indienne New Delhi, au lendemain de la grande fête des lumières hindoue de Diwali et ses traditionnels millions de pétards.

Une brume toxique enveloppait au lever du jour les monuments emblématiques de la ville, comme la Porte de l’Inde ou le Fort Rouge, et voilait la visibilité. Certains des habitants se rendant au travail portaient un masque sur le visage pour se protéger.

À 08H00 locales (02H30 GMT), l’ambassade américaine à New Delhi affichait une concentration de particules fines (PM2,5) supérieure à 1.000 microgrammes par mètre cube d’air. L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 en moyenne journalière.

Un nuage de pollution recouvre New Delhi le 8 novembre 2018 après l’utilisation massive de pétards pour la fête de Diwali
© AFP Dominique FAGET

« Pour quelques moments de réjouissances, les gens sont prêts à mettre la planète en danger. C’est dingue », déplorait Pranav Yadav, un étudiant de 19 ans qui allait prendre son métro jeudi matin, un masque devant la bouche.

« J’attendais des gens qu’ils se préoccupent un peu (de la pollution) mais à ce rythme tous les enfants de Delhi vont attraper des maladies respiratoires », a-t-il ajouté.

Si la pollution atmosphérique est un sujet de plus en plus discuté dans les médias en Inde ces dernières années, ce fléau rencontre souvent le déni ou la résignation dans la société indienne. Les immenses besoins de croissance de cette nation de 1,25 milliard d’habitants se payent souvent au prix de la détérioration de son environnement.

Pour tenter de limiter la dégradation de la qualité de l’air pour Diwali, la Cour suprême indienne n’avait autorisé la vente à Delhi que de pétards considérés comme « propres ». Elle avait par ailleurs limité l’usage de pétards à une fenêtre entre 20h et 22h mercredi soir.

Mais ces restrictions semblent avoir eu peu d’effet. Les explosions de pétards, bien que semblant moins répandues que les années précédentes, ont duré jusqu’à tard dans la nuit et épaissi l’air déjà vicié de la mégapole de 20 millions d’habitants.

– Ferveur religieuse –

La police de Delhi a indiqué avoir reçu des signalements de violations de l’interdiction de pétards. Elle a ouvert des enquêtes sur le sujet.

« Les commissariats de police locaux ont enregistré plusieurs plaintes, nous essayons de collecter toutes les informations », a déclaré à l’AFP Anil Mittal, porte-parole des forces de l’ordre.

Un épais nuage de pollution recouvre New Dehli le 8 novembre 2018, parès la fête de Diwali marquée par des tirs de millions de pétards
© AFP Money SHARMA

Pour Sunil Dahiya de Greepeace India, la ferveur religieuse de Diwali a une fois de plus outrepassé le danger que pose la pollution à la santé publique. Les gens « pensent aussi que la pollution est élevée toute l’année donc un jour de festivités ne va pas faire une grande différence », a-t-il estimé.

En 2015, la contamination atmosphérique, terrestre et aquatique était présumée responsable de 2,5 millions de décès en Inde, plus lourd bilan humain de la planète, d’après une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet.

La structure fédérale de la démocratie indienne fait que la pollution de l’air, qui a de nombreuses sources, est d’autant plus difficile à combattre. Chaque entité renvoie à une autre la responsabilité.

À cette époque de l’année, le froid et l’absence de vent plaquent les polluants au sol et transforment Delhi en « chambre à gaz », selon une expression qui revient souvent dans la bouche des responsables de la ville.

Les particules en suspension présentes dans ce « smog » accentuent les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons. Les plus petites d’entre elles (PM2,5), d’un diamètre égal au trentième de celui d’un cheveu humain, parviennent à s’infiltrer dans l’organisme et le sang, à travers les poumons.

La pollution de l’air est particulièrement dévastatrice pour les enfants, selon une récente étude de l’OMS. Chaque année, environ 600.000 mineurs de moins de quinze ans en meurent dans le monde.

Un commentaire

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    • Hervé

    …on s’aperçoit en 2018 que les pays en voie de développement en Asie on franchi les limites acceptables de la planète et s’en foutent royalement, car les pays riches continuent à leur acheter
    des produits que des usines fabriquent à des rythmes inhumains, proches de ceux de nos mineurs du Nord au début du siècle dernier, mais à une échelle 1000 fois + grave pour la nature au point d’empoisonner l’air qui est vital pour la vie des habitants…on marche sur la tête de continuer à les soutenir économiquement sans leur imposer nos normes actuelles de respect de l’environnement et tous les grands engagements pris à Paris ont volé en éclat dans une indifférence incroyable !!!

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