L’écart entre les ambitions, les intentions, les paroles, les objectifs et les actes se révèle de plus en plus flagrant sur le changement climatique. Bien qu’empêcher le réchauffement climatique d’excéder les 2 degrés Celsius d’augmentation fasse consensus et soit au centre des négociation climatiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentent. Si rien n’est fait, le monde risque de se réchauffer d’au moins 3 degrés Celsius. « Les émissions mondiales sont à la hausse alors que les engagements nationaux pour lutter contre le changement climatique sont insuffisants« , rappelle le Programme des Nations Unies pour l’Environnement à quelques jours du début des prochaines négociations climatique. Nous republions ici l’intégralité du communiqué de l’ONU Environnement. qui appelle à plus d’efforts en supprimant notamment les subventions aux énergies fossiles.
- Il est encore possible de maintenir le réchauffement planétaire en-deçà des 2°C, mais la faisabilité technique pour réduire l’écart entre les besoins et les perspectives et atteindre un scénario à 1,5°C est en train de se réduire.
- Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté en 2017, après avoir été stables pendant trois ans.
- Si l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions n’est pas comblé avant 2030, il est extrêmement improbable que l’objectif de maintien de la hausse des températures en-deçà de 2°C puisse encore être atteint.
Paris, 27 Novembre 2018 – Les émissions mondiales sont à la hausse alors que les engagements nationaux pour lutter contre le changement climatique sont insuffisants. Néanmoins, le dynamisme du secteur privé et le potentiel inexploité de l’innovation et du financement vert offrent des pistes pour combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Ces résultats, ainsi qu’un examen approfondi de l’action climatique et des derniers relevés des émissions mondiales, ont été présentés par les auteurs du Rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions lors de l’événement de lancement du rapport organisé au Palais Brongniart, à Paris.
Chaque année, le rapport phare d’ONU Environnement présente une évaluation définitive de ce que l’on appelle « l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions », c’est-à-dire l’écart entre les niveaux d’émissions prévus pour 2030 et les niveaux correspondants à l’objectif de maintien de la hausse des températures à 2 ou 1,5°C.
Les conclusions révélées aujourd’hui constituent le dernier bilan des efforts d’atténuation nationaux et des ambitions présentées par les pays dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), qui constituent le fondement de l’Accord de Paris.
Les preuves exposées à l’occasion du lancement du rapport, quelques jours seulement avant le début de la 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP24), confirment que les émissions mondiales ont atteint des niveaux historiques de 53,5 Gt éq-CO2, sans aucun signe de pic, à savoir le moment où les émissions n’augmentent plus et commencent à diminuer. Les auteurs ont estimé que seuls 57 pays (représentant 60% des émissions mondiales) atteindraient un pic de leurs émissions d’ici 2030.
Cette analyse, ainsi qu’un examen des progrès accomplis par les engagements nationaux pris au titre de l’Accord de Paris montrent clairement que le rythme actuel des mesures nationales est insuffisant pour atteindre les objectifs de Paris. En raison de l’augmentation des émissions et du retard qu’accuse la prise de mesures appropriées, l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions est plus important que jamais dans le rapport 2018. Si l’on traduit cela en action climatique, les auteurs en arrivent à la conclusion que les pays doivent multiplier leur ambition de limiter le réchauffement climatique par 3 afin d’atteindre le scénario à 2°C et par 5 pour atteindre le scénario à 1,5°C.
« Si le rapport du GIEC était l’alarme incendie du monde, ce rapport constituerait l’enquête sur l’incendie criminel », déclare la Directrice exécutive d’ONU Environnement par intérim, Joyce Msuya. « Les preuves scientifiques sont claires : bien que nous ayons été témoins d’une action climatique ambitieuse, les gouvernements doivent agir plus rapidement et avec un plus grand sentiment d’urgence. Nous alimentons le feu alors que les moyens de l’éteindre sont à notre portée. »
Selon les conclusions du rapport, si les tendances actuelles se poursuivent, elles entraîneront un réchauffement de la planète d’environ 3°C d’ici la fin du siècle. L’augmentation des températures sera ensuite continue.
Bien que les auteurs du rapport soulignent qu’il est encore possible de réduire l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions et de maintenir le réchauffement de la planète en-deçà des 2°C, l’évaluation émet un avertissement clair : le type de mesures drastiques et à grande échelle dont nous avons un besoin urgent n’a pas encore été observé.
Dans le but de combler ce vide, le rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions offre un nouvel aperçu du scénario dans lequel l’action climatique serait significative. Grâce à une nouvelle analyse des émissions mondiales dans le contexte de la politique budgétaire, au rythme actuel des innovations et avec un examen exhaustif des actions climatiques menées par le secteur privé et sur le plan infranational, les auteurs proposent une feuille de route pour la mise en œuvre du type d’action transformative requis pour optimiser le potentiel dans chacun de ces secteurs.
Qu’il s’agisse des villes, des autorités des provinces, des états et des régions, des entreprises, des investisseurs, des établissements d’enseignement supérieur et des organisations de la société civile, les acteurs non étatiques s’engagent de façon croissante dans des actions climatiques audacieuses. De plus en plus, ces institutions sont reconnues comme des éléments clés pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des émissions. Bien que les estimations du potentiel de réduction des émissions varient considérablement, certaines évoquent 19 gigatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (Gt éq-CO) avant 2030, une réduction suffisante pour atteindre le scénario des 2 ° C.
Le potentiel est encore plus important s’il est accompagné par une politique fiscale soigneusement conçue.
« Quand les gouvernements adoptent des mesures fiscales pour subventionner des solutions à faibles émissions et taxer les combustibles fossiles, ils peuvent stimuler les investissements appropriés dans le secteur de l’énergie et réduire considérablement leurs émissions de carbone », déclare Jian Liu, Directeur scientifique de l’ONU Environnement. « Heureusement, le potentiel d’utilisation de la politique fiscale en tant qu’incitation est de plus en plus pris en compte : 51 initiatives de tarification du carbone sont en oeuvre ou en cours de planification, couvrant environ 15% des émissions mondiales. Si toutes les subventions aux combustibles fossiles étaient supprimées, les émissions mondiales de carbone pourraient être réduites de plus de 10% d’ici 2030. Il est également essentiel de fixer un prix du carbone adéquat. À un coût de 70 USD par tonne de CO2, il est possible, dans certains pays, d’atteindre des réductions d’émissions de 40%. »
Ces trajectoires peuvent encore être améliorées si les décideurs adoptent des solutions innovantes. Les auteurs ont présenté cinq principes clés à prendre en compte pour accélérer l’innovation à faible émission de carbone. Comme par exemple l’acceptation des risques dans l’exploitation commerciale, l’alignement économique global, les approches ciblées sur des missions spécifiques et une perspective à long terme pour accroître l’intérêt de la finance.
Le neuvième rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions a été préparé par une équipe internationale de scientifiques de renom qui a évalué toutes les informations disponibles, y compris les informations publiées dans le contexte du rapport spécial du GIEC, ainsi que d’autres études scientifiques récentes.
ONU Environnement
4 commentaires
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jean Grossmann
Une mise en oeuvre généralisée de la « Solar Water Economy de l’enthalpie » échangeant sur l’eau dans les métropoles serait précisément avec un COP de 6 une action en faveur du climat sensiblement multipliée par 3. Ceci si l’on avance dans un premier temps avec des systèmes hybrides incorporant le chauffage de l’habitat et la voiture électrique rechargeable. Reste l’industrie qui pourrait probablement s’en sortir en raison de son niveau technologique avec la 2ème « Solar Water Economy », celle de l’hydrogène.
Quant à savoir si cela nous permettrait d’atteindre l’objectif de 2°C ……cela commence lentement à rentrer dans la façon de penser d’homo sapiens
Claude Renaud
Il est clair, que diviser par 3 nos émissions de gaz à effet de serre dès demain, est impossible.
Mais se donner jusqu’à 2030 pour le faire, n’est pas raisonnable.
Compte tenu du peu d’enthousiasme des gouvernements et des populations pour s’y atteler,
il y a peu de chance que nous y arrivions.
On va écrire encore longtemps « IL Y A URGENCE » en fermant les yeux sur les millions de gens
dans le monde, qui souffre déjà du réchauffement climatique, en particulier à cause des sécheresses
qui s’installent un peu partout.
Et pendant ce temps-là, nous continuons de forer pour extraire du pétrole, forages subventionnés
encore par les banques. 300 millions de barils/jour. Une paille !
Des gens fortunés qui voyages en jets privés.
Les usines automobiles qui continuent de fabriquer des grosses cylindrées, jusqu’à 5 ou 600 CV.
Les courses de Formule 1, toujours encouragées par les médias.
Le Dakar, que des millions de personnes vont applaudir.
Et les Cies aériennes low cost, qui font leur beurre avec un kérosène détaxé.
Vous avez dit URGENCE ???
Claude Renaud
Pardon pour l’erreur. Il faut lire : 100 millions de barils/jour.
jean Grossmann
OUI Mr Renaud le cri d’alarme du secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unis sur le changement climatique adressé à ses « amis de la planète terre » à New York le 10 septembre 2018 est clair:
« Nous savons ce qui se passe sur notre planète. Nous savons ce que nous devons faire.
Et nous savons même comment le faire ».
Mais malheureusement ……nous ne faisons presque rien malgré l’urgence.
Quoiqu’il en soit lorsqu’il explique que « nous savons même comment le faire », mon moral remonte un peu. J’ai donc fait une beauté à mon site sur l’énergie européenne http://www.infoenergie.eu pour expliquer à nouveau ce qu’il faudrait faire selon moi mais au fond de moi-même je commence à me décourager et à me demander si ma place n’est pas près des gilets jaunes
Balendard décembre 2018