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Chasse : « Monsieur le président, baissez les armes »

Allain Bougrain-Dubourg chasse oiseaux cadeaux

Le président de la LPO Allain Bougrain-Dubourg et un militant montrent des pièges à oiseaux. à Audon en France lors d'une action pour dénoncer le braconnage en 2015. © AFP PHOTO / GAIZKA IROZ

Nous republions une tribune d’Allain Bougrain Dubourg, le président de la Ligue de Protection des Oiseaux, qui dénonce les mesures prises en faveur de la chasse au détriment de la préservation de la biodiversité.

La détermination est une qualité, l’obstination un défaut. A force de s’obstiner à vouloir faire des cadeaux aux chasseurs, le président Macron va finir par y laisser des plumes.

Tout commence en décembre 2017, à Chambord, lorsque, la nuit venue, le président de la République s’engage, devant un parterre de cadavres de sangliers, à satisfaire les désirs du monde cynégétique. A l’occasion de son anniversaire, il se montre généreux. Les chasses présidentielles, abolies par Jacques Chirac en 1995, vont renaître de leurs cendres. On décide même que la première se déroulera lors d’une invitation au gouvernement italien, à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci.

L’esprit éclairé qui a imaginé une telle célébration a omis un détail : le brave Léonard était végétarien et figure parmi les ardents défenseurs de la condition animale. On lui prête cette prémonition : « Ce qui est aujourd’hui considéré comme un crime pour l’homme le sera demain pour l’animal. » Pas sûr que lui rendre hommage cinq siècles plus tard par une invitation à tuer soit du meilleur goût.

Côté finance, c’est un rabais de moitié du prix du permis qui est accordé à ceux qui veulent chasser en tous lieux (les plus riches) : le tarif tombe de 400 euros à 200 euros, soit un manque à gagner d’environ 20 millions d’euros pour la biodiversité… que les citoyens devront combler en payant leur facture d’eau puisque les agences du même nom sont mises à contribution.

Capturer, assommer, étrangler

Sur le maintien des chasses traditionnelles, qui consistent à capturer à la glu des oiseaux, à en assommer d’autres avec des pierres, à en étrangler certains avec des lacets, et autres traitements d’une époque révolue, il n’est pas question de tourner la page en ce début de XXIe siècle. Le ministère de la transition écologique se charge de défendre ces pratiques devant le Conseil d’Etat en décembre 2018 avec, il faut l’avouer, un certain malaise d’avoir à effectuer les basses besognes.

L’heure des étrennes étant venue, il est désormais prévu de prolonger la chasse aux oies jusqu’à la fin février. Contrevenant lucidement aux règles biologiques qui imposent de cesser le feu lorsque la période de reproduction est engagée, le président Macron a garanti aux chasseurs qu’ils pourraient s’exonérer de cette mesure de raison. Bien que, par dix fois, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a obtenu que cette tentative de prolongation soit retoquée par le Conseil d’Etat, le président de la République s’estime au-dessus de la Cour suprême et des directives européennes.

Pour justifier le fait du prince, il fait référence à une « prolifération » d’oies dans les pays du nord de l’Europe. Qui aurait demandé à la France de tuer des oies sur son territoire pour soulager les Néerlandais ? Personne… Comble de subterfuge, les oies des Pays-Bas sont sédentaires, comme le confirme le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Chasser les palmipèdes en France n’aurait, en conséquence, aucun effet sur les populations néerlandaises !

Naturellement, la LPO agira, une nouvelle fois, en référé devant le Conseil d’Etat si le projet est maintenu. En attendant, dans un grand élan de démocratie participative, le ministère de la transition écologique et solidaire a lancé une consultation publique pour savoir si le prolongement de la chasse aux oies était opportun. Il convient évidemment d’y répondre, mais que fera du résultat François de Rugy, le ministre de la transition écologique ?

Les belles promesses du candidat

Lors d’une précédente consultation sur les chasses traditionnelles, en juillet 2018, les avis condamnant ces pratiques ont été à plus de 95 % défavorables à ces pratiques. Que fit le ministère ? Il les a maintenues, conformément à la volonté du chef de l’Etat. Ce choix rappelle l’épisode de la démission de Nicolas Hulot. Convié à admettre le principe des chasses traditionnelles, au soir du 27 août 2018, Nicolas Hulot m’avait confié en sortant de l’Elysée : « Soit je souscris au plan chasse qui m’est imposé, mais je ne peux m’y résoudre, soit je démissionne. J’en déciderai demain. » On connaît la suite.

En attendant l’épilogue de cette affaire, on peut s’étonner que le président de la République, prompt à satisfaire les chasseurs, qu’il a officiellement rencontrés trois fois, ait refusé d’accueillir le collectif des principales associations nationales de protection de la nature. De même, que sont devenues les belles promesses du candidat qui s’était engagé à sortir de la liste des espèces d’oiseaux chassables celles qui étaient les plus affectées ?

Sur les soixante-quatre espèces d’oiseaux chassables en France (contre une moyenne d’une vingtaine dans le reste de l’Europe), vingt d’entre elles figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Non seulement la France s’accommode de cette situation en clamant, par ailleurs, que la sauvegarde de la biodiversité est une priorité, mais elle a refusé la proposition de Bruxelles d’accorder un moratoire à la tourterelle des bois qui a perdu 80 % de ses populations…

Si je ne peux concevoir que l’on retire la vie par simple divertissement, je sais que certains chasseurs attachent plus d’importance à la préservation de la biodiversité qu’à leur gibecière. C’est à eux que je m’adresse, afin qu’ils se désolidarisent d’une déviance cynégétique pathétique qui génère souffrance, médiocrité et dégradation du vivant. La chasse du XXIe siècle doit couper les racines d’une obsession à vouloir tuer toujours plus. Monsieur le président de la République, ne soyez pas l’instrument de l’immobilisme. Baissez les armes !

Allain Bougrain Dubourg (Président de la Ligue pour la protection des oiseaux)

5 commentaires

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    • LEFOULON

    Pourquoi Monsieur Bougrain Dubourg, président de la ligue de protection sélective des oiseaux, des chats harets, des loups importés illégalement et des ours slovènes oublie t’il de préciser que les chasseurs français peuvent aller chasser les oies sauvages et les bernaches contre rétribution financière aux mois de février, mars, avril, mai, juin, juillet… bref toute l’année, à moins bien sur que ce sinistre individu prétende qu’aucune oie survolant notre pays ne passent après au dessus des Pays-Bas, avec lui tout est possible. Je vous conseille de visiter le site chasseenhollande.com pour comprendre la colère des sauvaginiers français. Rappelons que la population européenne d’oies cendrées est passée de 60 000 individus dans les années 1960 à près de 2 millions d’individus lors des derniers comptages. On comprend mieux pourquoi les ONGs dites de protection de l’environnement sont contre les radars ornithologiques, vous vous rendez compte si les chasseurs démontrent que les estimations des ornithologues sont volontairement sous estimées depuis des décennies?

      • Jannick POUPARD

      Un tout grand merci à Mr Alain Bougrain-Dubourg pour ce très bon article sur les agissements immondes des tueurs d’animaux, dont une grande partie sont des espèces protégées, et pour la dénonciation des actes IRRECEVABLES mis en place par le président Emmanuel Macron vis a vis des tueries d’animaux sauvages organisées en France.

      Quant à votre commentaire concernant le dernier comptage d’oies sauvages en Europe, Mr Lefoulon,
      je vous rappelle simplement le nombre d’habitants HUMAINS en Europe en 2019,
      qui est de 743 millions de têtes !

      Selon vous, cher Monsieur, laquelle des deux espèces, celle des oies cendrées et celle des humains, a le plus besoin d’une diminution DRASTIQUE de sa population et ce, de façon particulièrement URGENTE ?

      Il est primordial de reconnaître, enfin, le droit de vie à toutes les espèces d’animaux, en les protégeant ainsi que leur environnement, en bannissant la barbarie qu’est la chasse (pièges, glu sur les branches, fusils et autres moyens d’assouvir un divertissement cruel et sadique).

      • Poulbot

      Monsieur LEFOULON,
      Vous êtes un triste sire qui – si je ne constatais pas que d’autres personnes puissent avoir la même opinion que moi à votre égard – me ferait désespérer de l’être humain. Pour déverser de tels flots d’ignobles bêtises, passez votre chemin et allez vous adresser aux imbéciles qui n’ont qu’une envie : tuer toit ce qui vit sur Terre.

    • Nath

    Jannick, vous m’ôtez les mots de la bouche. La seule espèce invasive est bien humaine. Merci de le rappeler pour les arriérés pervers du moyen-âge

    • Michel CERF

    mr Lefoulon le sinistre individu c’est vous !